Des origines originales

 


Il faut bien naitre quelque part !

Les jumeaux Leo et Lea Villaret de Joyeuse sont venus au monde, le 14 Juillet 1779 à Brest.

D'une mère d'origine écossaise née Stuart. De son prénom France-Marie ; (France en reconnaissance pour le pays qui avait recueilli sa famille. Marie en souvenir de l'illustre reine écossaise, son ailleule.)

Portrait de France-Marie (dit 'Maman-France')


France-Marie rencontra Thomas Villaret de joyeuse à Pondichéry, elle y habitait, lui ne faisait que passer...Ce fut le coup de foudre réciproque.

« Donc ils se marièrent et eurent très peu de temps pour faire des enfants. »

Lorsqu'elle se trouva enceinte, France-Marie préféra rejoindre la Métropole pour accoucher. Non pas qu'on ne put accoucher à Pondichéry. D'autre femmes s'y étaient aventurées avec succès. Mais parce que 'son Thomas' pensait que rien ne valait le climat de la Bretagne pour un enfant.

Quand Thomas donnait ses ordres, il ne venait à l'idée de personne de le contredire.

Maman-France ne le contredit pas. Et se consola en pensant que la pluie était un bienfait pour les plantes. Pourquoi ne le serait-elle pas pour un bébé, à moitié breton, l'autre moitié venant d'Ecosse, autre pays réputé pour ses records de pluie.

(Chére lectrice, je vous sent étonné par ces précisions météorologiques. Mais vous apprendrez à connaître Maman-France, vous verrez elle à le tempérament bien 'Trempé'.)


Pendant ce temps, Thomas jouait les capitaines à bord de la corvette 'La Dauphine'. Il faisait du cabotage entre l'ile Boubon et Madagascar.
Il essuya deux cyclones qui transformèrent 'La Dauphine' en ponton.
(Premier coup de malchance.)
L'année suivante il était grièvement blessé dans un engagement avec un pirate.
(Deuxième coup de malchance.)

Et c'est au cours de sa convalescence, qu'il fit la connaissance de Pierre André Suffren;
(Troisième coup du sort.)
Le vieil amiral lui confia la corvette 'La Nayade'. Un vieux sabot de 18 canons, qui avait beaucoup de rides. Une vieille nayade en quelque sorte (Mais qui à dit que les nayades étaient toutes jeunes et jolies?)
La mission de Thomas consistait à : 'Aller avertir Thomassin de Perrier, ancré dans la rade de Madras, qu'une escadre Anglaise supérieure en nombre, le cherchait pour l'attaquer;'

Louis Thomas qui n'était pas un poltron; fit cependant remarquer à Suffren que la mission était très dangereuse, et le bâtiment assez médiocre. Pour tout dire 'Une vrai charette'

Suffren: ' Si quelq'un peut tirer parti de cette charette, c'est bien vous Villaret !'
Thomas: pensa en son fort intérieur: ' Décidément, le seigneur Jupiter, sait faire dorer la pilule. Et dans cette charette, est ce que je suis sur le siége du cocher ou dans les brancards?'

Toutes les conditions étaient réunies pour faire de Louis Thomas, un héros posthume.

D'un coté 'La Nayade', son équipage composé de 120 hommes et 18 canons de petits calibres.
De l'autre ; 'Le Sceptre', vaisseau de ligne anglais de 64 canons de gros calibres, 450 anglais armés jusqu'aux dents..

La Nayade n'avait aucune chance..... Villaret dut fuire poussivement. Il alla jusqu'à l'entrée de la baie ou les français pouvaient le voir. Là il tint tête au vaisseau de ligne, en combat rapproché, jusqu'à ce que la 'Nayade' frise la noyade.
Suffren allait perdre «Une charette»........ La France allait gagner un héros.
On pouvait lire dans la presse de l'époque: (Qui déjà cédait facilement à la grandiloquence:)
«Pendant huit heures, une faible corvette de 18 canons résiste à un vaisseau de ligne, et cela à une distance si rapprochée, que le Commodore anglais se fait clairement entendre, en criant à Monsieur Villaret commandant de La Nayade :
«Brave jeune homme, conservez à votre roi un officier qui sait si bien défendre son pavillon». La corvette, entièrement démâtée, avec huit pieds d'eau dans sa cale, ayant perdu les trois quarts de son équipage et près de couler bas..... se rend enfin!
Mais les vaisseaux français, instruits de la présence de l'ennemi, doivent leur salut à ce dévouement héroïque» N.A(C'est beau comme du Victor Hugo, mais ce n'est pas de lui)

Les Anglais, qui sur mer, étaient les meilleurs ennemis des Français; allaient combler Villaret de marques d'estime, car ils sont 'Fair play'. (Surtout quand ils gagnent)
Thomas est échangé peu de temps après, contre une goélette de la Compagnie des Indes pleine de thé chinois.
Ce qui fit dire à Suffren (Qui n'aimait que le café); qu'il ne regrettait rien de cet échange. Que de toute façon un navire marchand plein de thé, l'aurait encombré plus qu'autre chose.
Mais il rajouta à la cargaison une caisse de son meilleur bordeaux à l'attention du commodore. Et une autre pour le carré des officiers, sachant combien les Anglais appréciaient ce vin. (On s'étripait joyeusement en ce temps là, mais sans rancune)
Thomas obtiendra la 'Grand-croix de l'ordre de Saint Louis il avait 35 ans. Avec cette distinction il fut promu au grade de lieutenant de vaisseau. Et reçu le commandement de la frégate 'La Railleuse' ancrée à Brest.(Ca tombait bien, c'est là que l'attendait Maman-France.)


Heureux comme Ulysse, a fait un beau voyage,...... et passa auprès des siens le reste de sa permission:

Thomas ne touchera Brest que le 15 juillet 1784 pour une permission d'un mois.

Les jumeaux venaient d'avoir 4 ans. Autant dire que Maman-France avait joué à Pénélope pendant tout ce temps là.

Si Thomas était téméraire à la mer; il manquait d'imagination dans la vie civile; voire de claire-voyance. Il s'était imaginé France-Marie venant l'accueillir au bas du perron avec les jumeaux dans les bras. Le reste de la maisonnée alignée comme à la parade, lorsqu'il montait à bord, les sifflets en moins.
Rien ne se passa comme il l'avait prévu.
La maisonnée était réunie sur le perron certes. Mais beaucoup plus nombreuse que prévue. Pas loin de 20 personnes sans compter les bébés.
Thomas prit France-Marie et la serra sur sa poitrine avec une émotion non dissimulée.(Après quatre ans d'abstinence, cela prouve au moins que Thomas avait du 'self-control')

Dés que son coeur se calma un peu; soucieux de ne pas commettre d'impair, il se pencha vers l'oreille de sa femme pour lui demander à voix basse.

Thomas: «De tous ces bébés lesquels sont à nous.(Le seul fait d'avoir envisager que sa femme ait pu engendrer autant d'enfants en son absence, nous laisse face à un dilemme. Thomas est soi naïf, soi pratique l'humour anglais)»

La question n'avait pas du être suffisamment chuchotée, car elle déclencha l'hilarité générale. France-Marie, qui de part ses origines, optait pour 'l'humour écossais', le rassura entre deux hoquets :

« Aucun, rassure toi!....., mais si tu te retournes, tu pourras admirer ta progéniture.
Ils sont au garde à vous, depuis que tu es arrivé, ce qui n'est pas dans leurs habitudes, crois moi. »

Thomas opéra un demi tour réglementaire et se retrouva face à Leo et Lea.

En grande tenue d'apparat, l'épée de parade au coté, la grosse étoile dorée de l'ordre de saint Louis sur la poitrine; vu de si bas, il devait être impressionnant le papa.
En fait, c'était lui le plus impressionné. Instinctivement il adopta la position qu'il aurait prise, en face à deux chiens inconnus; il s'accroupit et se retrouva à leur hauteur.

Les jumeaux ne connaissaient de leur père, que le portrait du médaillon que France-Marie
avait fait exécuter à Pondichery. Autant dire peu de chose.

Et lorsque Thomas leur demanda

Vous reconnaissez votre papa ?

Dans un balancement très synchronisé ils firent 'NON' avec la tête.

Mais vous savez que je suis votre papa ?

Avec le même ensemble ils acquiescèrent en hochant la tête .

Alors pourquoi ne dites vous rien, vous avez perdu votre langue?

La réponse fut inattendue mais très pertinente

Leo: On n'a pas perdu notre langue!
Lea:Mais on savais pas que tu étais général!

Les deux en coeur:

« On parle l'Anglais avec Maman-France. »
« Le Créole avec Maman-Gâteau »
« Le Breton avec Cambuse. »
« Le Français avec Barre à Bâbord. »

« Qu'est ce que ça parle un général ? »

Et comme Thomas les regardaient avec un air ahuri. C'est Lea qui les yeux pétillants de malice, demanda de sa voix la plus charmeuse..

« Alors t'as perdu ta langue ? »

Ce fut une fois de plus l'hilarité générale, qui vint au secours de Thomas.

Attirant les jumeaux pour les embrasser, il ajouta;

Avec un général vous pouvez parler toutes les langues que vous voulez. un général sur un navire, comprend un peu toutes les langues. Et on l'appel Capitaine. Vous pouvez m'appeler, capitaine ou papa comme vous voudrez.

Thomas ne savez pas qu'il venait d'ouvrir la boite de Pandore. Et qu'à cet âge on est curieux de tout. Donc après des débuts laborieux, la suite fut bruyante et chaleureuse.

«Chère lectrice, si vous êtes encore là, c'est pour connaître la suite de cette histoire. Si vos aspirations étaient tournées vers le grand large, ne perdez pas espoir. Mais les hauts faits et l'héroïsme, sont souvent le fait de gens simples, comme je vais vous le raconter. Ci-joint le seul témoignage que nous ayons des jumeaux à cet âge là»



Maman-France et les jumeaux


Sur cette miniature d'époque, il est difficile de dire qui est Lea et qui est Leo, mais on reconnaît bien Maman-France.
(Comme personne ne l'a jamais vu avec cette robe. On suppose que le peintre a un peu maquillé la vérité. Mais Thomas trouva ce médaillon très à son goût, il l'emmena à bord.(Ce qui explique qu'on ne les revit plus,'le médaillon' pas Thomas.)