suite15

Retour aux Seychelles.



On sait ce qu'on quitte, on ne sait pas ce qu'on trouve en chemin, vers Batavia.
L'escadre qui cinglait le long de la côte de l'indo-chine, avait beaucoup grossi depuis son départ des Seychelles. Madame Ching avait gardé le Dragon rouge pour voyager aussi loin, Quatre jonques à trois mats lui servaient d'escorte, et devaient contenir le trésor de guerre de son mari. Zhengqi, s'était joint à ce groupe avec dix jonques de plus petit tonnage. Bush avait proposé à Otto de servir de second à Zhengqi, il n'était pas là comme espion de Bush, mais pour sa connaissance des Mascareignes.
L'armada de Bush, était bien rodée pour avoir souvent voyagé ensemble. Les 50 et les 74 naviguaient de conserve. Les plus rapides jouaient les éclaireurs et ouvraient la route, les plus lourds et en général les transports étaient en convoi devant les 74, encadrés d'une garde rapprochée de chiens de chasse.
Si le train n'était pas très soutenu, la vitesse de la flotte étant par définition celle du moins rapide, personne ne se plaignait. Les vents soufflaient dans la bonne direction, on ne craignait plus les cyclones en hiver.
On mit le cap sur Batavia. Bush voulait avoir des nouvelles de son ami Van Stel.
L'arrivée à Batavia, mis la colonie en émoi. Les occasions de se distraire n'étaient pas si nombreuses, surtout après un été calamiteux, ou la malaria avait fait des ravages dans la colonie. Nos amis reconnurent facilement 'La Résolution' à son arrière typiquement Hollandais, et la saluèrent d'une canonnade de bien-venue.

Joachim, arriva avec son canot et des informations concernant les français du Cap. Tout ceux qui le connaissait vinrent aux nouvelles. La bourgeoisie hollandaise, qui ne voyait que rarement des hôtes de passage; proposa des hébergements pour ceux qui souhaitaient rester à terre. Ils ne furent pas très nombreux.
Il y avait quelques jeunes filles célibataires et quelques veuves encore très susceptibles de trouver un mari. Il ne fallait pas laisser passer une si belle occasion. On organisa un bal. Avec un concours d'élégance pour celles qui le souhaitaient.
Il y eut beaucoup d'argent engagé dans les paris.
Les bateaux ramenaient de Chine des soieries et du brocard, des Indes des tulles et des cotonnades. Comme les soirée sont fraiches à cette époque de l'année, même la laine trouva son utilité. La plus recherchée était celle du Cachemir.
On réquisitionna toutes les compétences en couture, même celles des voiliers. S'ils ne faisaient pas de jolis petits points bien serrés, ils n'avaient pas leur pareil pour travailler le cuir.
Du côté des chinois, on fut surpris du nombre de femmes qu'il y avait à bord des jonques de guerre. Mais tout se passait bien. Il faut dire que madame Ching avait instauré un code de conduite. Selon ce code, les violences envers les femmes étaient punies de mort. Evidemment cela calmait les ardeurs sexuelles des plus brutaux.
Elle avait même une troupe d'une vingtaines de danseuses, de musiciennes, de masseuses...etc....etc Qui se chargeraient de l'animation asiatique.
Pour éviter que ce concours de beauté, ne tourne à un duel orient contre occident; on décida de faire deux catégories.
Kimono d'un coté, crinoline de l'autre sans oublier les Saris.
- Lea et Ali se sont mis en grande tenue pour la circonstance
- Serena ressortit sa robe de mariée, elle ne l'avait portée que peu de temps.


- Kali confectionna son Sari elle même.
Une semaine, ne fût pas de trop, pour tout préparer. Certains ne dormirent pas beaucoup.
D'abord ceux qui avait une tenue à terminer, et aussi ceux que la bonne fortune avaient privilégiés.
Les Chinois gagnèrent beaucoup en face. Leur raffinement fit l'admiration des hollandais.
Il y eut même des candidates pour prendre quelques liberté avec le règlement à la plus grande joie des barbares.
- Cette tenue fut juger hors concours (La jeune femme reçu un douzaine de demandes en mariage.)

- La reine de la soirée était remarquable de dignité.
De leur côté les chinois apprécièrent l'étiquette hollandaise. Cela prouve une fois de plus que la xénophobie est fille de l'ignorance.
Comme il n'est de bonne compagnie qui ne se quitte un jour; il fallut bien repartir. La colonie y perdit deux élégantes et la flotte deux brillants officiers. Bush célébra deux mariages, le pasteur aussi, match nul, les paris furent annulés. On se congratula, on rit beaucoup, on pleura aussi un peut, surtout les femmes sans machisme aucun. Les hollandais qui n'oublions pas étaient d'abord une nation de marchands, achetèrent six grosses jonques de transport et des tissus, ils vendirent des épices et des harengs.
Aprés avoir rembarqué tout le monde; Bush décida de remonter vers le nord.
- On ne pouvait pas passer si prés de Ceyland, sans s'y arréter.
Les hollandais n'avaient pas officiellement été chassés de Ceyland. Mais en avaient retiré toutes leurs troupes, depuis la prise de Colombo par l'armée anglaise.
Comme disait Leo, « La meilleure façon de connaître la situation, c'est d'aller jeter un coup d'oeil.
Pour se faire, le Dragon rouge, escorté par la meilleure jonque de Zhengqi, et quelques transports avec équipages chinois, semblaient la meilleure ambassade. Par sécurité Otto avait pris en remorque le Takamaka, pour le cas où il faudrait revenir demander de l'aide au reste de la flotte

(Chère lectrice, cette région un peu reculée, et souvent méconnue, nécessite quelques précisions historiques: Nous sommes en 1801. 'Le gouverneur de Ceylan Monsieur North et le général en chef des forces anglaises Monsieur Mac-Dowal résidaient à Colombo. La route qui relie Trincomale à Colombo passait par la côte et nécessitait deux jours de voyage, voire trois pour des chariots tirés par des buffles locaux. Une demande faite au Roi de Candy de tracer une route à travers son territoire; aurait raccourci le chemin de moitié. Mais avait reçu un refus catégorique du monarque qui craignait les anglais. On ne pouvait pas lui donner tort, vu ce que lui avaient fait subir les Portugais et les Hollandais'.)
Les forbans misaient sur ces trois jours de délai, pour faire leurs emplettes.
Toutes ces craintes étaient inutiles.
Les soi-disant commerçants chinois furent d'autant mieux reçus, qu'ils avaient du thé à vendre, moins cher qu'à Canton. Pour l'anecdote, Ching Saou pouvait leur faire un prix, puisque les anglais avaient déjà acheté ce thé à Canton; avant qu'il ne soit pillé par les pirates de Ching Hyih. Dans une transaction avec un barbare le commerçant chinois a compris depuis longtemps que l'important c'est que le barbare croit avoir fait une bonne affaire. Alorsque le chinois sait que c'est lui qui a gagné le jack-pot. Ce qui valait pour le thé, était vrai aussi pour les services de porcelaine. Pour les tissus de soie...etc...etc
Toutes ces chinoiseries, durèrent quatre jours pleins. Zhengqi et Otto avaient trouvé dans les équipages des 'Chingulais' qui leur servirent de guide et d'interprètes. Cela leur permis de faire le plein de fruits et légumes, de viande sur pied. Tous les animaux n'étaient pas destinés à finir en brochettes. Bush avait demander d'acheter des buffles reproducteurs pour faire un cadeau à Monsieur Fu-Che. On fit également l'acquisition d'huile essentielle de cannelle, très recherchée par la médecine traditionnelle chinoise et introuvable. Plus chère que l'opium à poids égal.
Le trait de génie de Zhengqi, fut de dénicher le chef de la communauté chinoise de Ceylan. Il lui fit un don conséquent, de quoi nourrir tous les chinois de l'ile pendant deux ans. Il lui remis en dépôt la même somme en avance, pour racheter toute la production de mercure de la mine de cotta. Même si le mercure tuait autant que la syphilis elle même, c'était le seul remède que connaissait les médecins de cette époque. Les armées et les flottes étaient particulièrement touchées par ce 'Mal anglais' ou 'Mal français' selon le drapeau qu'on défendait.
Avec le commerce des perles, et celui des pierres précieuses, les chinois de Ceylan allaient être occupés, jusqu'au retour de Zhengqi dans un an. En guise de cadeau d'au-revoir Il remit au vieux chinois un kilo d'opium, pour sa consommation personnelle (De quoi endormir la conscience du vieil homme pour un an).
De son coté Otto qui cherchait des graines pour Dargenson, avait trouvé un botaniste hollandais, qui s'était constitué un jardin botanique personnel d'une richesse inouïe, ….Lequel n'avait jamais intéressé personne jusqu'à ce jour.
Monsieur Falk était le neveu de l'ancien gouverneur hollandais de Ceyland. Evidemment il connaissait très bien la famille Van Stel. Quand il apprit que son ami le docteur Vanderkemp, résidait aux Seychelles avec Dargenson et Jamshid il se dit que le destin venait de lui faire un clin d'oeil.
- Falk: «Combien de temps me donnez vous, pour faire mes bagages?»
- Otto: Qui avait souvent eut à faire à cette race de doux rêveurs, demanda prudemment «En quoi consiste les bagages?»
- Falk: «Ma garde robe, tient dans une malle cabine.» «Ma collection de graines dans une autre, un peu plus grande.» «Mes boutures disons environ 50 mètres carré de pont.»
- Otto: «C'est bien ce que je craignais, pour les malles c'est d'accord, je vous envoie un chariot.» «Mais pour les boutures c'est impossible.» «Départ demain dès que le vent sera levé, vous avez l'après midi pour faire votre baluchon.» Quand Otto parlait comme ça on croyait entendre Bush.
- Falk: «Vous n'avez même pas 50 mètres carrés de pont disponible? Cette sélection, c'est dix ans de recherche, cela va peut être sauver des millions de gens.»
- Otto: «Je n'y peut rien si on est déjà surchargé.»
- Falk: «Combien coute une jonque avec un pont de 50 mètres carrés.»
- Otto: «Je n'en sais rien, et de toute façon ce serait une trop petite barque pour aller aux Seychelles.»
- Falk: «Si vous ne voulez pas être pendu haut et court par le docteur Vanderkemp à votre arrivée sans les boutures; amenez moi au port.»
- Otto: «Mais bien sur docteur, aucun problème.»
Ils arrivèrent au port pour trouver Zhengqi qui allait prendre la chaloupe. Otto lui expliqua la situation. Il s'attendait à ce que Zhengqi, ramène le botaniste à la raison, au lieu de ça:
- Zhengqi: «Sur quoi porte vos recherches ?»
- Falk: «Sur l'utilisation de l'écorce d'un arbre pour combattre les fièvres des marais, 'Le Quinquina'. Cet arbre déjà connu des incas en Amérique du sud, n'a jamais été acclimaté en Asie»  «La 'Teinture des jésuites', pourrait sauver des milliers de gens par an.»
- Otto: «Si on est attaqué par les pirates, on pourra toujours leur jeter les pots à la tête. Vous n'auriez pas quelques rosiers en plus, avec de grosses épines, ou des cactus,...oui ce serait bien des cactus.»
- Falk: Qui à force de vivre le nez dans ses plantes, avait égaré son sens de l'humour; demanda: «N'auriez vous pas 50 mètres carrés de plus, dans l'entrepont pour ma collection d'orchidées?»
Zhengqi, répondit: «Mais bien sûr» et enchaina très vite, «Restez là je vous envoie du monde.»
Otto se dit qu'il semblait tout à coup se dépêcher d'embarquer dans la chaloupe. Il en fit autant, avant que Falk ne leur demande d'embarquer toute la forêt de l'ile.
Il y eut donc dans ce convoi une jonque, avec deux fois plus de réserves d'eau douce que d'habitude. Un équipage restreint, plus un botaniste, qui parlait aux plantes et Otto pas rancunier. Otto fit charger au dernier moment, une quantité industrielle de bambous de grosseur différente. Quand on lui demanda ce qu'il comptait en faire? Il répondit, «Un système de récupération des eaux de pluies.» En précisant, qu'il n'avait nullement envie de revivre un épisode de l'aventure du 'Bounty'.
Pour ceux qui ne savaient pas de quoi Otto voulait parler.
- Lea: Expliqua, que la cargaison du 'Bounty' était constituer de plants d'arbre à pain, qui nécessitaient un arrosage important. Quand l'eau fut rationnée l'équipage le prit très mal. Mais quand il n'eut plus d'eau et que le capitaine ordonna d'utiliser le rhum, les hommes se mutinèrent. Moralité les marins préfèrent le rhum à l'arbre à pain.»
Voilà le genre d'histoire qui fait rire tout le monde; ceux qui connaissaient la véritable version, et ceux qui ne comprenaient toujours pas, mais riaient pour ne pas passer pour des billes. Cette Lea «Quelle meneuse d'hommes quand même!»
Il n'y a rien à rapporter, sur la traversée jusqu'à Praslin.
En revanche,
- Il fallait voir la tête de françois quand il vit tout ce que la croisiére avait ramené.
- Francois: «Vous auriez du envoyer le Takamaka en avant, que j'ai le temps d'agrandir les entrepôts.»
- Bush: «Avec toute la main d'oeuvre que nous avons à bord et compte tenu qu'une partie seulement de la cargaison sera débarquée ici, le reste peut aller à l'ile de la Réunion, ou à Sainte Marie »  « Tu ne vas pas te faire du soucis? »  « Leo, peux-tu te charger de piloter la jonque de Falk, Jusqu'au chantier de Mahaleo. Emmène également la jonque avec les buffles, ils seront mieux à terre là bas en attendant notre départ pour la Réunion »
- Serena: «Bush, maintenant que nous sommes si près de Sainte Marie, je suis impatiente de retrouver nos enfants.» «verrais-tu un inconvénient à ce que je parte tout de suite?»
- Bush: « Mais pas du tout, prenez le Dragon rouge, Lea et toi, et occupez- vous de préparer notre arrivée» «Otto prend le takamaka, va chercher Hodoule à Frégate» «François vient voir par ici j'ai besoin de ton avis»
- François: «Quelque chose ne va pas ?»
- Bush: « Ne t'inquiète pas, tout va bien» «Dis-moi, ta chambre forte est-elle assez vaste pour recevoir un trésor encombrant? Reste-t-il de la place pour dix mètres cubes? »
- François: « Oh oui j'ai prévu grand dès le début, je savais pas ce que vous voudriez y stocker. Tu as vu la pièce que mon père a fait construire à Mafatte et bien ici il y a trois fois ce volume. Disons deux fois, disponible pour toi. La première salle est déjà équipée de coffres moyens, pour les faibles volumes. » « Qu'est ce que tu comptes ranger pour un volume de dix mètres-cubes.»
- Bush: «Principalement des lingots d'or et des pierres précieuses.»
- François: «Jésus, Marie, Joseph, tu ramènes dix mètres cubes d'or et de pierres.» «Quelle valeur, cela représente-t-il.»
- Bush: «Je comptais sur toi pour me le dire, après tout, c'est toi le banquier ou non?»
- François: « Non le banquier, c'est mon père. Moi je ne suis courtier, demande moi le prix des matières premières, je suis incollable. Je ne suis pas joailler, c'est un métier très différent, et lapidaire encore plus. Je te conseille de laisser ici les lingots, les perles, l'opium si tu en as. Encore que mon père ait plus de demande pour l'opium que moi.» «Il me vient une idée, mon père a un ami, (Mon père a une foule d'amis devrais-je dire) qui est diamantaire, accessoirement hollandais et juif. Il a l'habitude de dire: que tous les juifs hollandais sont un peu diamantaires, a moins que ce ne soit, tous les diamantaires hollandais sont un peu juifs....je ne sais plus.
«Je crois que son seul défaut c'est qu'il vit au Cap.» «Tu dois aller voir mon père, parle lui de Moshe, il saura où le trouver.»
- Bush: «Il est important que je puisse évaluer cette fortune, car il serait temps que la communauté en profite.»
- François: «Tu veux dire que tu vas distribuer leur part aux forbans?»
- Bush: «C'est effectivement mon intention.»
- François: « Ils te l'ont demandé?»
- Bush: «Même pas. Mais, selon la charte qui nous sert de constitution, ils ont droit à leur part. Autant que cet argent serve à construire l'avenir, plutôt qu'il dorme dans une chambre forte.» «Allons en discuté avec Dargenson et les autres. »

Sur ce il y eut une réunion au sommet avec tout le monde, sauf Lea et Serena.

- Bush: « Nous sommes réunis pour envisager la distribution des parts de prises aux actionnaires de la compagnie.» «Dargenson qui fut dès le départ le témoin de toutes nos aventures, ne s'est pas contenter de jouer les historiographes en tenant un journal de bord; il a continué à tenir une comptabilité commencée par Bois d'Ambert. Pour ceux qui ne le saurait pas,c'est l'actuel trésorier de la république à l'ile de France, chargé du rachat des prises des corsaires français. Nous avons une lettre de marque de Jean-Baptiste Queau de Quincy, et lui devons un pourcentage sur nos prises. Même s'il ne nous à rien réclamé pour l'instant, pas plus que les actionnaires, soit dit en passant.» «Je voudrais votre conseil sur la façon de distribuer ce trésor de guerre, sans que cela crée des drames, dans une communauté qui n'en à pas connu jusqu'alors.»

- «Messieurs à vous»
- Dargenson: « Lors de la constitution de la charte, nous y avons inscrit que nous n'étions que les dépositaires des parts. Que chacun pouvait venir réclamer son du, s'il souhaitait mettre son sac à terre. A ce jour très peu l'on fait, notre objectif était de constituer une flotte de commerce et de guerre qui avait besoin de tous les hommes disponibles sur la mer. Les choses sont stabilisées aujourd'hui. Il serait bon d'encourager les initiatives privés de colonisation. Je propose de faire savoir à la communauté que nous sommes prêt à financer tous les projets à hauteur de 50% du capital de départ, pour peu que ce projet nous agrée. Ceux qui préférerons leur indépendance pourrons se passer de notre soutien.»

- Hodoul : «Si je vous suis bien, vous voulez sédentariser des matelots?» «A mon avis peu le souhaite, et de toute façon le premier problème de tous les pionniers, c'est de trouver une femme pour fonder une famille.» «Faites donc l'annonce et réglons les problèmes au coup par coup. Mon concours vous est acquis.»

On ne savait pas ou on allait, mais depuis le départ de Brest, ce n'était pas la première fois.

Globalement les forbans étaient satisfaits de leur sort, assez peu rêvait de poser leur sac à terre. Nombreux son ceux qui voulaient se construire une cabane et aller à la pêche. Pour cela ils avaient largement de quoi avec leur part, mais si en plus, on pouvait leur trouver une femme, ce ne serait que mieux, mais sans plus.
Et il y eut des projets sérieux, d'autres moins.

Un groupe d'une dizaine de matelot et d'un second souhaitait avoir leur propre bateau pour devenir corsaires indépendants. Quand cette idée fut connue de tous, elle fit des émules, et il se constitua une flotille de huit unités à qui Queau de Quincy, donna des lettres de marque et qui partit chasser les négriers.

Une autre association avait trouvé des chinois et des malais qui avaient travaillé dans des fermes perlières, et souhaitaient reproduire le shéma que Otto avait mis en place à Sainte Marie, avec l'élevage de tortues. Ils espéraient élever aussi des coquillages comestibles comme les bénitiers et les lambis, ou d'autres recherchés en bijouterie, ou pour la nacre dont on faisait des boutons.

D'autres souhaitèrent créer un chantier de réparation et d'entretien de bateaux.
Ou encore armer un bateau de commerce pour trafiquer dans le petit transport et l'approvisionnement des iles isolées.

Mais le projet, qui paru le plus fantaisiste, à première vue, est celui d'une équipe qui voulait aller chercher des femmes, qui souhaiteraient devenir les épouses des forbans.
La chose ne devait pas tourner au trafic d'esclave, ou au recrutement du personnel d'un énorme lupanar. Leo proposa de commencer par demander l'aide de Maman-France, ce qui donnerait un gage de sérieux. On envoya donc vers le Cap, le Sloughi et la superbe, Ali ayant manifesté le désir de faire un tour à Zanzibar.

Zhengqi, avait passé un accord avec Madame Ching. Elle lui avait ouvert un crédit confortable pour prendre des participations dans les opérations qu'il jugerait profitables.
Si notre ami Hodoul était un redoutable mercantile, que dire de Zhengqi. Il voyait partout matière à faire des affaires. Il investit donc à hauteur de 33% dans le projet baptisé: «Au bonheur des dames.» (Comme les forbans sont un peu négligents, ils oublièrent de déposer la marque. Ce qui explique qu'un siècle plus tard, le premier grand magasin parisien, puisse être baptisé 'Au bonheur des dames')

Pour en revenir à l'année 1801, une équipe partit, vers l'orient, une autre vers le cap.
Laissons les jonques faire voile vers les Indes orientales et suivons le sillage de Leo et Ali.
Le sloughi s'arrêta à Zanzibar, le temps de faire le plein de clous de girofles, Ali s'attarda pour régler quelques injustices commises en son absence. Il exila le vizir auto proclamé, et nomma à sa place un saint homme; à qui il fournit une garde rapprochée de matelots.
Pour susciter des vocations, Ali offrait à chaque garde du corps, une villa et un boutre.
De plus il leur conservait l'intéressement aux prises. (En somme le beurre et l'argent du beurre)

Avec une pareille proposition, tout l'équipage de La Superbe était volontaire; il s'en fallu de peu, qu'elle soit immobilisée faute de matelots. En final le choix se porta sur vingt des plus anciens du bord, auxquels se joignirent six charpentiers à qui Ali acheta un chantier de réparations navales et de quoi l'agrandir. Depuis que la traite des esclaves était interdite, la seule richesse de l'ile était le clou de girofle. Il faudrait chercher d'autres sources de revenus. Les artisans, très habiles, travaillaient le bois le cuivre et les métaux précieux, Ali passa des commandes en quantité, Qu'il paya d'avance sur ses propres deniers, il souhaitait faire construire une demeure aux Seychelles, et la meubler, pour faire une surprise à Lea.


Pendant ce temps, leo était accoudé au bastingage du sloughi, qui embouquait l'entrée de False Bay dans la lumière du soleil couchant.

Il serait dans les bras de Maman-France pour le repas du soir. Le sloughi aux couleurs du zanzibar, passa en revue les indiamen noir et jaune de la 'Compagnie des Indes Orientales Anglaises'.
Pour ne pas être inquiétés, tout l'équipage portait des turbans et avait retroussé leurs culottes au dessus du genou. L'encadrement était vêtu à l'oriental, selon les gouts de chacun. On retrouvait des influences malaises, indiennes et chinoises, surprenantes pour un puriste; très convaincantes pour les anglais qu'ils croisèrent.

Les échanges de politesse se limitaient à des « Salam alleikoum!» « Alleikoum salam!»
« Good evening!» « Good evening!» et pas plus.

A cette heure là Maman-France, avertie de l'arrivée du sloughi, et grâce à son instinct maternel très développé; avait lancer les opérations depuis un moment. Une servante s'était chargée de porter la nouvelle à ses amis Van Stel, et de les inviter à la petite réception de trente à soixante personnes ou plus. Dans ces cas là, il y avait ceux qui ne faisaient que passer et resteraient quand même. Histoire de prendre des nouvelles, de ceux qui étaient partis depuis trop longtemps. Et qui sait? Peut-être ceux là les avaient-ils rencontrés.

- Maman-France qui pouvait reconnaître son fils, quelque soit son déguisement, lui ouvrit les bras sur ces mots: « La dernière fois que tu es venu, tu étais vêtu comme
un corsaire fr ançais , et tu t'es conduit comme un pirate barbaresque. Cette fois ci tu es vêtu comme un pirate barbaresque, je crains le pire. »

- Leo: « Et une fois de plus tu as raison, ce n'est pas une razzia, mais un enlèvement qui est au programme, et peut-être même plusieurs.» « A commencer par le tien, pour tout dire, nous avons besoin de toi.»  « Et d'un diamantaire nomé Moshe. »

- Maman-France : « Avant d'aller plus loin dans ce sens, comment va ta soeur? »
- Leo: « Mais elle est en parfaite santé; je ne me souviens pas si elle était déjà avec Ali la dernière fois que je suis venu »
- Maman-France : « Ne me dit pas qu'elle est mariée? »
- Leo: « Mais oui, et même très bien; elle a épousé le sultan de Masquat et de Zanzibar, ce qui fait d'elle une sultane. Une reine en quelque sorte.»
- Maman-France : «C'est merveilleux on dirait un conte des mille et une nuits! A -t- elle des enfants?, non ! tu me l'aurais dit, Mais elle à l'intention d'en avoir au moins?»
- Leo: «Comme je dis souvent: la meilleure façon de le savoir, c'est d'aller le lui demander. Si tu sais être convaincante, elle te feras peut-être un héritier.»
- Maman-France : «Et toi, toujours célibataire?»
- Leo: « Pas vraiment, quand j'ai vu Lea épouser un prince, j'ai été tellement jaloux que j'ai chercher, une princesse à épouser. Cela n'a pas été facile. Les princesses ne rêvent pas toute d'épouser un pirate. J'ai fini par en trouver une, plus très jeune, pas très jolie, mais une vrai princesse. Une fille de Tipoh Saïb l'ex roi du Thymore.»
- Maman-France : « Mais elle n'est pas trop vieille au moins, elle pourra te faire des enfants.»
- Leo: « Non, elle a à peu près ton âge, c'est pas trop vieux pour les enfants?»
- Maman-France : « Tu a pris une femme qui a l'âge de ta mère, uniquement parce que Lea est devenue sultane? Je n'arrive pas à le croire »
- Leo: « Et tu as bien raison, elle à 17 ans. Elle est belle comme je n'en avait encore jamais vu d'aussi belle. Toute princesse qu'elle est, je n'ai aucune chance de monter sur le trône du Thymore, les anglais occupent la place. »

Pendant cette discussion toute la maisonnée s'activait pour dresser des buffets, et la communauté francophone commençait à affluer.
Leo alla saluer les parents de Joachim, à qui il donna des nouvelles de leur fils, ainsi qu'une lettre dont il s'était chargé; sans être certain de pouvoir la délivrer. Comme on lui demandait ce qui l'amenait au Cap; Leo dit qu'il faisait du commerce.

- Leo : « Au fait, monsieur Van stel, il ne vous resterait pas quelques barriques de vin à vendre? »
- Van stel : « Mais si encore que les anglais m'aient acheté toute la récolte sur pied.» « Il me reste des années passées, des bouteilles qui vieillissent gentiment, et de vous à moi, il y a eu des années exceptionnelles, que j'ai préféré garder.» « Pour les amis. » « Maintenant si c'est purement du commerce, il vaudrait mieux voir cela avec vos amis Toulonnais. Ils viennent de faire leur première vraie récolte et ont réussi, ma fois un clairet qui vaut le détour;» «A moins que vous soyez riche et que le champagne français et le cognac vous intéresse, alors là j'ai fait une excellente affaire, il y a quelques années.» « Un bateau français que la tempête avait malmenée, chargé de champagne et de cognac en bouteilles, s'est trainé jusqu'à Simon's Bay, pour couler bas devant la plage.» «La cargaison, a pu être récupérée, les bouteilles ne sont pas restées dans l'eau suffisamment longtemps pour abimer les bouchons. Mais assez pour décoller toutes les étiquettes.» « Sans étiquettes la cargaison ne valait pas grand chose, j'ai tout racheté » « J'ai changé les bouchons des bouteilles de champagne. Pour la fine champagne, ce n'était pas nécessaire, elles étaient cachetées à la cire.»
- Leo : « Mais vous avez bien récupéré des étiquettes en déchargeant » « Pourquoi n'en avez vous pas fait imprimer de nouvelles pour les recoller, vous avez tout ce qu'il faut pour cela? »
- Van stel : « Certes, j'y ai pensé, mais le problème c'est qu'il y a trois champagnes différents et deux cognacs, et les bouteilles sont identiques, si le contenu est différent; »
- Leo : « Je comprends que votre réputation de viticulteur vous interdise ce que ma réputation de pirate m'autorise.» « Faites moi une étiquette sur le modèle que vous voudrez, baptisez la cuvée 'Villaret de Joyeuse' millésime 1800 et recollez moi la même étiquette sur toute les bouteilles, pareil pour le cognac, je vous rachète tout le stock » « Puisqu'on en est au commerce, est ce que le clou de girofle intéresse quelqu'un dans la colonie ?»
- Van stel : « Mais bien sur, les prix des épices s'envolent, depuis que la VOC à fait faillite, vous en avez beaucoup? »
- Leo : « Tout un bateau, les calles du Sloughi sont pleines »
- Van stel : « Je prends le tout au court d'hier » « Voilà comment j'aime faire des affaires.»  « Mais les bouteilles ne vont pas prendre autant de place, que le clou de girofles, même avec le vin des Toulonnais; avec quoi avez vous l'intention de compléter la cargaison?
- Leo : « Avec des femmes !»
- Van stel : « Avec des femmes ?» « Vous faites de la traite d'esclave »
- Leo : Eclatant de rire « Non pas tout à fait » « Je suis venu chercher ma mère, pour m'aider dans cette quête. Beaucoup de nos marins souhaiteraient trouver une épouse »
- Maman-France : Qui avait saisi ces dernières phrases « Voilà la véritable raison de ta venue, tu cherches des épouses pour tes pirates »
- Leo : « D'abord ce sont des corsaires et pas des pirates, ensuite ils sont riches. Chacun peut se faire construire une maison, s'acheter un bateau et assurer à une femme un avenir décent.»  « On peut pas en dire autant de tous les marins.»
- Maman-France : « Accepteraient-il des femmes avec un enfant.»
- Leo : « Le fait qu'elle ait déjà un enfant, ne devrait pas présenter de difficulté majeure.» « Surtout si elle acceptent d'en avoir d'autres.»
- Maman-France : «Tu sais que nous sommes arrivés ici avec douze jeunes femmes et leur progéniture, à ce jour cinq se sont mariées avec des Toulonnais.» «Les autres feraient de bonnes épouses. De plus, j'ai continué, ici à accueillir des jeunes femmes en détresse, et ce sont plus de trente filles, presque toutes zoulous, quelques hottentotes, deux hollandaises et cinq anglaises.» «Maintenant elles parlent toutes anglais, en plus de leur langue maternelle.»
- Leo : «Si j'ai bien suivi cela fait trente sept, il en faudrait dix fois plus, mais c'est déjà un bon début.»
- Van stel : « Accepteriez vous des orphelines hollandaises.»
- Leo : «Ce n'est pas comme cela qu'il faut se poser le problème. Ce sont les jeunes femmes qui feront librement leur choix; les marins se déclareront ensuite d'accord ou pas. Ce ne sont pas les plus riches qui passeront les premiers. Si une
jeune femme change d'avis elle pourra soit rester célibataire, soit demander à ce qu'on la ramène d'où elle vient. »
- Van stel : «En ce qui concerne nos orphelines.» «Ici nous n'avons qu'une vingtaine de jeunes filles en âge de se marier et une trentaine trop jeunes, mais que nous accepterions de confier à la garde de Madame Villaret.» «Sans compter que nous pouvons demander à nos pasteurs de faire une annonce, à la fin de leur office. En précisant que les candidates pourront prendre contact avec madame Villaret, cela devrait rassurer la communauté.»

Ce furent encore une quarantaine de femmes, jeunes et moins jeunes, qui se présentèrent. Les chargements et déchargements du Slouggi étaient terminés quand arriva 'La Superbe'. Aucun des deux vaisseaux n'était équipé pour le transport de passagers, les charpentiers, aménagèrent des tentes sur les ponts pour permettre le couchage de tout ce monde.

Maman-France, qui ne se déplace qu'avec son état major, demanda à Leo de faire l'acquisition d'un joli boutre, très logeable et il valait mieux, pour un tel déménagement.
Etaient du voyage, Maman-doudou et Cambuse, Maman-gâteau qui n'avait pas revu son Outa depuis des lustres, tous les meubles et souvenirs de Brest, et un magnifique demi queue de fabrication locale. Sans oublier une malle contenant les produits et les plantes médicinales. Au dernier moment, un Monsieur très élégant, se présenta, il s'appelait Moshe Rosenbaum, il était diamantaire.

- Leo : «Cher Monsieur Rosenbaum, 'La compagnie des Forbans' a besoin de vos talents pour évaluer une grande quantité de diamants. Vos conditions seront les nôtres et nous souhaitons partir aussitôt que possible.»
- Moshe: « Qu'est-ce qui vous fait croire que je sois tenter par votre offre? »
- Leo: « Qu'elle que soit vos projets, ils nécessitent toujours plus ou moins de capitaux. La compagnie des forbans est immensément riche, vous ne trouverez pas un meilleur associé. »
- Moshe: «Je souhaite prospecter cette partie de l'Afrique, je sens qu'elle recéle des gisements de diamants et bien d'autres minerais. J'accepte d'évaluer vos pierres, si vous financez en échange mon expédition.»
- Leo: « Non seulement nous accédons à votre demande, mais je tiens absolument à vous accompagner. »

(Chère lectrice, je vous sent piaffer d'impatience, à l'annonce de cette future ruée vers le diamant. Il vous faudra attendre un peu, car d'autres réjouissances, passent avant dans le programme.)

Le voyage jusqu'à Praslin, se déroula sans incident notable. (Décidément en temps de paix il ne se passe plus rien.)

Dargenson, jamshid et Falk avaient rajouté à leurs activités botaniques, la construction de dortoirs, et d'une cantine.

Depuis le départ de Mahaleo, l'atelier de couture de voile, avait changé de finalité. Les nombreux tissus de soie de Chine, les cotonnades d'Inde, les brocards et les lainages; passaient par les mains des mêmes personnes, mais pour la confection de vêtements.
L'arrivée du contingent de jeunes femmes, donna un nouvel élan à cette activité, car beaucoup d'entre elles avaient appris la couture.
Leo et Ali décidèrent de chercher un emplacement pour la maison de Lea. La Digue semblait toute désignée, pas trop loin de Praslin, et assez isolée pour préserver une certaine intimité.

- La maison de Lea et Ali serait construite au sommet de la colline.

Une fois les passagères installées avec Maman-France à Praslin. Ali et Leo et Bush décidèrent de rallier Sainte Marie. Hodoul avait rejoint son ile de 'Frégate', il allait être papa pour la deuxième fois.

Moshe se mit au travail dès son arrivée, il recruta une équipe pour l'aider à trier les pierres. Il écrivit quelques lettres, que l'on confia à des capitaines qui partirent chercher des lapidaires de ses connaissances. Ce qui explique que six mois après était constituée la 'Société diamantaire Rosenbaum, Forbans, Jamshid et Cie'. Jamshid en était le plus gros actionnaire.

- Mais que deviennent nos botanistes, pendant ce temps là

Falk et Vanderkemp s'étaient très sérieusement attelés à l'amélioration du jardin botanique baptisé: Jardin 'César Gabriel de Choiseul duc de Praslin'.

L'érudition de Dargenson ne faisait pas toujours la place au réalisme. Le bon peuple rectifia l'erreur de lui même. (Il est vrai qu'on aurait pu baptiser l'ile entière du nom de cet ancien gouverneur, on lui avait préféré 'Duc de Praslin' puis dire ensuite simplement, 'Praslin'. Pour le jardin il en fut de même. Pour tout le monde ce fut le 'Le Jardin de César' et on se dépêcha d'oublier pourquoi. Qu'importe de quel César il put s'agir, du moment que c'était un beau jardin, (Et beau il l'était comme le jardin d'un empereur romain...)

(Chère lectrice, depuis que nos héros ne cherchent plus la bagarre, je vous ai peut-être un peu négligée. Il est vrai que l'avenir sentira moins la poudre et plus la romance. Telle que je vous connais cela ne sera pas pour vous déplaire.


Quand nos amis jouent à résoudre l'énigme des messages de la Buse.

Cette petite croisière, uniquement composée de La Superbe, du Sloughi, du Takamaka et de deux transports destinés à l'ile de la Réunion, avait des allures nonchalantes.

Dargenson vous dirait, que la nonchalance, n'est pas critiquable. Par exemple: «  Quand il fait trop chaud, les animaux, recherchent l'ombre et évitent les mouvements violents qui élèveraient la température de leur corps.» « Si la pluie se met à tomber, ils se cherchent un abri en attendant que ça s'arrête. « C'est cela que nous enseigne la nature dans son infinie sagesse. »
Si Lea avait entendu cela; elle aurait dit que les bretons n'étaient pas des adeptes de la sagesse selon Dargenson. Car si dans la région de Brest, tout le monde devait se mettre à l'abri dès qu'il pleut; avec 280 jours de pluie par ans, ils ne devaient pas être très loin sur le chemin qui mène à la sagesse suprême.

Mais sous les tropiques, « D'où peut-on le mieux voir le soleil? » « Depuis l'ombre! » tout le monde vous le dira.
« Et comment profiter le mieux des bienfaits de la chaleur? » « En étant sur le pont d'un voilier, qui glisse au soufle rafraichissant des alizés.» Tous les marins vous le diront.

Pour résumer « Les tropiques, c'est le paradis sur terre,... si on exclue les cyclones qui ravagent la nature plusieurs fois par ans, les insectes qui croient que la terre leur appartient, les fièvres qui déciment les populations, sans oublier les guerres qui massacres ceux qui ont résisté à tout le reste, …..effectivement..... »

Que cette vision pessimiste, ne trouble pas la méditation de nos amis.
Ils étaient à cette heure là, occupés à regarder le coucher du soleil; dans l'espoir de voir le 'rayon vert'.

Pour ceux que cela intéresse, 'Cf Dargenson:' « Le rayon vert même s'il est rare n'est pas une légende. C’est un phénomène atmosphérique qui peut se produire au lever, ou au coucher du soleil. Au moment de son apparition ou de sa disparition, le soleil peut sembler vert à son sommet ou même diffuser un flash vert. Il nécessite que l'horizon soit bien dégagé et qu'il n'y ait pas d'obstacle entre le soleil et l'observateur »

Moralité c'est du pont d'un bateau, qu'on a le plus de chance de l'observer.

Tout le monde est là?.... la chasse au trésor peut commencer.

Il y avait longtemps que nos amis n'avaient pas relâché à Sainte Marie.

Les filles qui les avaient précédés, avaient bien travaillé. Serena tentait d'apprivoiser les jumeaux, Lea d'apprivoiser les chevaux (Qui avaient proliféré à leur guise). Madame Ching n'essaya d'apprivoiser personne. C'est pourquoi elle fut très étonnée quand la femelle maki kata, après avoir partagé avec elle une mangue et une papaye décida qu'elles ne se quitteraient plus. Le Dragon rouge avait trouvé une mascotte, qui fit rapidement la conquête de tout l'équipage, mais ne dormait qu'au pied du lit de madame Ching.

Aimé et René Tsiranana, avaient veillé sur les intérêts de la compagnie des forbans et la communauté malgache était florissante.

Otto qui revenait de sa ferme aux perles, avait de quoi être très satisfait par les premières récoltes. Dans l'équipe des danseuses, il y avait une jeune et ravissante créature qui avait travaillé avec son père à l'élevage des coquillages. Avant d'être achetée par madame Ching. Elle s'intéressa vivement à la récolte d'Otto, lui même s'intéressa vivement à elle. Le marché fut vite réglé, madame Ching gardait les perles, Otto ne gardait que 'Perle de rosée', mais cela suffisait à son bonheur.

Quand Bush et Zhengqi apprirent, cet arrangement, l'un pensa qu'il était important de faire une cérémonie officielle; l'autre se dit que le court de la chinoise était en train de grimper en flèche, que c'était le moment d'investir.
Leo pensa qu'avec l'exemple d'Otto, on allait avoir du mal gérer ces échanges de bons procédés.

- Perle de rosée épouse d'Otto.

Un autre élément était à prendre en compte, 'La traite des malgaches réduits à l'esclavage'. Si elle avait diminuée, elle ne s'était pas pour autant interrompue. René avait armer une flotille qui arraisonnait régulièrement des négriers. La population de la baie des forbans, augmentait régulièrement. Trop vite pour que les activités puissent occuper et nourrir ces pauvres gens. On envoya chercher Maman-France pour s'occuper de ce problème.

Et Bush donna l'ordre de ramener les grosses unités, on allait avoir besoin de bras.
François faisaient de fréquents voyages à la Réunion, il savait qu'on manquait cruellement de main d'oeuvre sur l'ile. Mais Aimé ne l'avait jamais tenu au courant de ce surplus de population inemployée. Plusieurs transports sous le commandement d'Aimé et de François partirent vers Saint Paul. Il fallait également prévoir le débarquement des chinoiseries de madame Ching. En plus de la capacité de stockage du Dragon rouge, il y avait une douzaine de jonques qui suivait, comme les petits canards suivent leur mère dans la mare.

Maman-France tomba immédiatement gâteuse devant les jumeaux de Serena.


Il faut dire qu'en matière de jumeaux elle avait eu son lot. Elle proposa de ramener la mère et les deux enfants à Praslin, où il serait plus facile d'ouvrir une école. Elle fit la connaissance de Kali, à qui on pouvait faire confiance pour séduire sa belle-mère. Surtout qu'elle se porta volontaire pour diriger l'ècole. Raja et la tribu des frères et soeurs, remuèrent jusqu'au tréfonds, le coeur sensible de Maman-France. Pensez donc dix adorables gamins; tous orphelins. Une portée de poussins qui avait trouvé une mère poule. La fusion fut complète, on ne se quittait plus; au sens littéral du terme.

Maman-Gâteau, qui n'avait pas perdu la main, fit naître du four, des merveilles qui brulent les lèvres et font brillaient les yeux des enfants (Accessoirement qui gâte les dents aussi, pensait Lea....)
Comme on l'a dit plus haut, les gens en ce temps là, avaient les dents en très mauvais état. Dargenson avait remarqué qu'a bord des bateaux, seuls les africains avaient les dents saines. Pour lui la raison en était qu'ils mâchaient souvent, du bois de réglisse, ou de la tige de canne à sucre, pour certain des feuilles de bétel. Pour les enfants, le bétel qui avait mauvais goût et teintait la salive en rouge sang, n'eut aucun succès. En revanche le bois de réglisse, fut tout de suite adopté. Le problème c'était qu'avec la réglisse ils étaient tous constipés. Comme disait Maman-France, ce n'est jamais simple avec les enfants.

- Et Lea d'ajouter: « Oui parce qu'avec les adultes c'est beaucoup plus simple, les dents pourrissent, leur font un mal de chien, puis tombent. Quand elles sont toutes tombées, ils n'ont plus mal, mais ne peuvent plus mâcher, ils meurent de faim. heureusement pas tous. Et puis c'est coquet quand ils rient; ces gencives de bébés, dans un visage tout ridé, ça vous a une gueule, je vous dis que ça.... »

(Chère lectrice, vous êtes maintenant habituée à l'humour de Lea, encore qu'elle confonde souvent humour et dérision.)

On trouva tous les prétextes possibles et imaginables pour faire la fête tous les soirs.
Et grâce au chargement du Sloughi, le champagne coulait à flot. Sachant qu'il y avait trois qualités différentes et toujours la même étiquette; cela commençait dans une certaine euphorie, permettant les commentaires des connaisseurs.
Quand chaque participant avait absorbé plus d'une demie bouteille; les avis devenaient unanimes « Il faut reconnaître que c'est du bon, pour sûr même du très bon... Il n'est peut-être plus assez frais? » « Ah parce que toi, tu crois que tu es assez frais? » « Tu as raison finissons vite cette bouteille avant qu'il ne soit trop chaud »

Après ça, c'est l'ambiance qui était chaude!

Cependant comme disait Maman-France avec son sens de l'a-propos, « La griserie au champagne, ça vous à quand même plus d'allure, qu'une ivrognerie au rhum.» 
Et Lea d'ajouter : « Moi je ne vois pas trop la différence, dans les deux cas, quand ils sont pleins, ils s'écroulent et ils ronflent. » Le 'ils', faisait sans doute allusion aux hommes dans leur grande généralité. Car Ali ne buvait jamais de boisson alcoolisée. Ce qui faisait dire à Serena : «Tu en as de la chance toi, tu peux boire autant que tu veux, il y aura toujours quelqu'un pour te ramener. Alors que moi, je dois me priver.» « Laquelle privation était toute relative »
En conclusion la gaité était de rigueur, dans les soirée de la baie des forbans.

Au cour de l'une d'elle, Lea proposa un jeu: « Et si on organisait une course au trésor ? »


On ne demande pas à un forban s'il veut un trésor, pas plus qu'à un ivrogne s'il veut boire un verre. Et comme ils étaient un peu les deux.....

- Leo : « A non Lea! tu ne vas pas remettre ça avec le cryptogramme de 'La Buse'? »
- Lea: « Mais si! N'en déplaise à mon frère préféré: car il y a du nouveau, »« Tout le monde a en tête le message de base, je l'ai recopié en plusieurs exemplaires. »

Après avoir distribué les dits exemplaires:

Lea reprit: « Le premier texte que nous avons découvert, fut certainement celui écrit en dernier » « Pour ceux qui ne l'ont pas sous les yeux, je vous lis la traduction. »

-'Prenez une paire de pijon, virez les 2 coeurs...tête de cheval... une kort
fil winshient écu prenez une cuillière de mielle... outre vous en faites une ongat
mettez sur le passage de la.....Prenez 2 liv cassé sur le chemin Il faut... toit à moitié couvé
pour empêcher une femme... vous n'avez qu'à vous serrer la... pour veni
.. épingle ...juillet.... faire piter un chien turc un.. de la mer... bien sécher et sur.. qu'une femme qui veut se faire d'un...dans... dormir un homme.. faut en r endre...qu'un diffur...'
- Cryptogramme de La Buse.

- Alphabet des templiers utilisé par la Buse.

- Lea: « Une partie du texte, commença à prendre un sens, avec la découverte de la première maquette de bateau » « Pour ceux qui n'étaient pas avec nous à Pondichéry; je rappelle, que nous sommes allés chercher Kali et ses dix frères et soeurs dans un palais situé à Pondichéry. » « Raja ne voulait pas se séparé d'une maquette de vaisseau, on ne put la lui faire abandonner, et la suite de l'histoire nous prouve qu'on a bien fait de ne pas le contrarier. »
A ce stade de l'histoire, les enfants qui n'avaient pas voulu aller se coucher, commençaient à piquer du nez. La plus petite était endormie, dans le giron de Maman-France, mais les autres buvaient les paroles de Lea. Quand Raja, comprit qu'il était le centre d'intérêt du moment, il couru chercher son bateau.
- Lea: ménageant ses effets, mais pas son auditoire : « Je disais qu'une partie de l'énigme fut résolue par cette maquette. » « Leo remarqua que le nom du bateau 'Le Pigeon I ', n'était pas courant pour un navire de guerre. En le regardant de plus prés, on voyait à travers les sabords un parchemin roulé à l'intérieur »
- Leo: « On aurait pu détruire la maquette pour accéder à l'intérieur, mais outre le fait que Raja veillait jalousement sur son bien, le procédé manquait d'élégance. »
- Leo: « C'est alors que je me suis souvenu de la phrase: «Virez les 2 coeurs...tête de cheval... » « Car la figure de proue, représente une tête de licorne, le mât de beaupré figurant la corne de l 'animal.» « ce n'est pas à des marins, que je vais expliquer le sens de 'virer'! En tournant la figure de proue, c'est toute la proue qui s'est déboitée, donnant accès à l'intérieur. »
- Lea: « Et le texte du parchemin, vous l'avez sous les yeux.»
- « Sa conserve conservé amour enfant à l'est. Si Dragon si têtes trouvé, pa réveillé, cé gardé entré Empire milieu. Si Canton cherché, Hong-kong trouvé»
- Lea: « De la même façon, que le premier texte ne commençait à prendre une signification qu'avec le second, il y a en avait un troisième qui éclairerait le deuxième» « Il semblait bien qu'il existait quelque part une autre maquette de bateau baptisé Le Pigeon II» « Ne perdons pas de vue que Le Vasseur avait du aller à la cour de Typoh Saïb, pour faire cadeau à Raja 'Le Pigeon I ' » « Mais à qui avait-il fait don du ' Pigeon II ' »
- Lea: « C'est un petit coup de pouce du destin, qui m'a mis en présence de la seconde maquette »
Cette annonce dessoula définitivement l'auditoire.
Tout le monde s'exclama, se réjouit, apostropha Lea, pour des questions; toutes plus pertinentes les unes que les autres. Auxquelles, Lea qui maitrisait l'art du discourt politique, s'empressa de na pas répondre.
- Lea: « Si vous voulez savoir où j'ai trouvé 'Le Pigeon II', aidez vous du message précédent »
L'aréopage de grands esprits eut tôt fait de reconnaître, La Chine et la dragon à six têtes, les détails étaient plus obscures.
- Lea: « En effet, Le Vasseur avait été jusqu'en Chine, puisque la maquette était à bord du 'Dragon Rouge', plus précisément, il en avait fait cadeau à madame Ching »  « Pour comprendre le début du message 'Sa conserve conservé amour enfant a l'est.' Il faut savoir que La Buse a été l'amant de madame Ching, alorsqu'elle était une très jeune fille. A cette époque elle était déjà la propriété du Taï-Pan, qui n'apprit pas cette infidélité.. Le reste, n'est pas très clair. »
- Lea: « Reste a vous faire découvrir le message contenu dans 'Le Pigeon II'
« Heureux cé comme Ulysse ka fé bô voyage...comme cestuy-là qua conqui la toison...... Plus me plé séjour a couleuvre ..et plus qu'air marin..petit Liret plé moin. Balaine Jonas avale, la buse balaine crache, trésor balaine gardé. »
- Lea: « Avec ce texte, il semblerait que s'achève la recherche des messages »
- Bush: « Il reste que le premier message, n'a livré qu'une partie de son secret, a savoir comment trouver les autres messages. » « Mais que le reste du texte:
« Une kortfil winshient écu prenez une cuillière de mielle... outre vous en faites une ongat
mettez sur le passage de la.....Prenez 2 liv cassé sur le chemin Il faut... toit à moitié couvé pour empêcher une femme... vous n'avez qu'à vous serrer la... pour veni.. épingle ...juillet.... faire piter un chien turc un.. de la mer... bien sécher et sur.. qu'une femme qui veut se faire d'un...dans... dormir un homme.. faut en r endre...qu'un diffur...' »
- Dargenson: « Cela ressemble plus à la préparation d'un emplâtre, qu'à une recette de cuisine »
- Serena: « Il ne faut quand même pas oublier que le dernier bateau de Le Vasseur a été coulé ici à la baie des forbans » « Que si La Buse a caché un trésor, c'est dans les environs qu'il faut le chercher »
- Leo: « Il est fait référence à un endroit que nous connaissons bien, l'Anse couleuvre et a un promontoire que nous connaissons également; le cap baleine.»
- Lea: « Oui mais il faut se méfier des évidences »«Heureux cé comme Ulysse ka fé bô voyage...comme cestuy-là qua conqui la toison...... » « Peut se traduire par: » « Le Vasseur comme Ulysse a beaucoup voyagé, et comme lui a ramené 'la toison d'or' (Ou un trésor).
- Dargenson: « Pour la suite: «Plus me plé séjour a couleuvre ..et plus qu'air marin..petit Liret plé moin.» « Je suggère: Je suis plus heureux de vivre à l'anse couleuvre, et j'aime mieux un petit ruisseau que la grande mer » « Je ne me souviens pas qu'il y ait un ruisseau a l'anse couleuvre! »

- Lea: « Mais si!... il y a bien un petit cours d'eau. Il part d'une source qui se trouve prés du 'Château', et dévale vers la mer. Il oblique à 90 % pour suivre le haut de la plage et entre par une faille dans la grotte du cap baleine.» «Quelque chose me dit qu'on tient là le bon 'boute' comme diraient les marins.»

- Dargenson: «Surtout avec cette allusion à la légende de jonas.» «Balaine Jonas avale, la buse balaine crache, trésor balaine gardé.»
« On pourrait supposer que La Buse comme Jonas est rentré jusque dans l'estomac de la baleine avec son trésor, que la baleine l'a recraché, mais que le trésor est toujours dans son estomac »

- Leo: « Selon vous il faut chercher au fond de la grotte du cap baleine?» «En fait ce n'est pas sot.» «Mais improbable. Au fond de la grotte, il y a le ruisseau au pied d'une paroi lisse comme ma main.»

- Bush: « Mais ce ruisseau, qui dévale la pente en ligne droite, et avec une certaine force, (le dénivelé est presque vertical sur une hauteur de trois cents mètres.) Comment expliquez-vous qu'au lieu de se jeter tout droit dans la mer, il décide tout seul, de tourner à angle droit, pour traverser péniblement le haut de la plage.
Là où il n'y a plus de pente? Il perd toute sa force, mais il creuse une faille impeccablement située au fond de la grotte. »
« Je pose une question et même plusieurs. Il n'était pas un peu fatigué, ce petit ruisseau après avoir traversé la plage? On ne lui aurait pas donner un petit coup de main, pour traverser l'énorme rocher du cap? Par hasard? »
« Parce que rien n'interdit de penser qu'on l'a peut-être un peu dévier à 90 % de son intention naturelle, à savoir d'aller tout droit.»
« Je dois dire que l'idée m'est venue, en repensant aux aménagements que Monsieur Fu Che a mis en place pour protéger sa chambre forte.» « Le tunnel d'accès à la pièce qui sert de coffre fort, est construit comme un siphon, qui se rempli d'eau grâce à un ruisseau dévié de son cours naturel. » « Il existe un mécanisme qui permet de vider l'eau du siphon, pour accéder à la chambre »

- Lea : « Vous, je ne sais pas, mais moi, je tombe de sommeil, le trésor attendra bien jusqu'à demain; ...je vais me coucher... Bonne nuit à tous »

- La nuit porte conseil et engendre des rêves remplis de grottes, elles même remplies de trésors....

On s'était toujours lever tôt au 'château'. Car le couple d'aigles avait toujours un nid au sommet du mât du sémaphore. Et comme ce couple avait eut des petits, c'étaient pas moins de trois nids de plus, qui couronnaient les manguiers d'alentour.

Le lever du soleil était salué par un concert de .. 'wah...wah...wah...wah...' cadencés suivi souvent d'un 'reuff' plus faible. » Les 'reuff' n'étaient pas facilement audibles, car les bestioles ne commençaient pas toutes en même temps. Cela tenait plus du concert polyphonique de corses enroués, que des choeurs des 'petits chanteurs à la croix de bois'.

Mais comme il a été relaté précédemment, le concert s'arrêtait net, dès la sortie du premier réveillé.

Or ce matin là, à la grande surprise des aigles; au moment ou ils prenaient une grande inspiration pour lancer le premier ' Wah ', la porte du 'château' s'ouvrit sur Lea et Leo.

On entendit très nettement des 'Reuf'...'Reuf'...'Reuf'...'Reuf' qui en langage d'aigle marque l'étonnement, voir l'incrédulité.

(J'espère que ma lectrice ne m'en voudra pas, d'avoir introduit ces considérations animalières, qui pour être pertinentes, n'en retardent pas moins la recherche du trésor de 'La Buse'. Mais elles m'ont semblé nécessaires, pour comprendre l'état d'esprit de nos amis; au seuil de cette journée pleine de promesse)
Pleine de promesse et de surprises, s'il en est; puisque Leo ne put s'empêcher de rugir: « Oh vous les poulets, ça suffit...Le premier qui la ramène passe à la casserole »

- Lea: « Comme tu sais bien parler aux aigles! Je n'en reviens pas. Je ne suis pas la seule d'ailleurs; à voir les têtes ébouriffées de ceux que tu as réveillé en sursaut »

- Le choeur des réveillés en sursaut: « C'était quoi ce branle-bas de combat? »
- Les petits : « Pourquoi il est fâché Leo? »
- Maman-France: « Il n'est pas fâché, il parle aux aigles. »
- Un petit : « Est ce que c'est sourds les aigles? »
- Maman-France: « Pourquoi dis tu ça? »
- Le petit : « Parce que Leo parle toujours comme ça à Cambuse, parce qu'il entend pas bien. Parce que quand on entend pas bien, c'est qu'on est sourd. Et Leo il n'aime pas les sourds, et il leur crie dessus.»

Se penchant vers Maman-France, le petit lui dit: «Tu veux que je te dise un secret, que tu promets de ne pas le répéter à Leo ?» Maman-France, la main sur le coeur « Je le promets.»

- Le petit: « Et ben, tous les marins du Sloughi, ils sont sourds. Peut-être pas le second, lui ça dépend des jours.»
- Maman-France : « Ah bon et comment tu t'en es rendu compte »
- Le petit: « Ca, c'est pas bien difficile, tu verrais comment Leo leur crie dessus,....Mais eux ils continuent de briquer le pont, comme si de rien n'était... c'est pas une preuve qui sont sourds ça? »
- Maman-France : «Tu as raison, c'est même la seule explication possible.»
- Le petit: «Oui c'est la seule explication pour les marins » « Mais pas pour le second » « Dis tu crois qu'on peut être sourd un jour et pas le lendemain.»
- Maman-France : « C'est fréquent chez les seconds, mais ce n'est pas contagieux.»
- Le petit: «Donc le second n'est pas contagieux?» «Tant mieux!»  «Tu sais moi je l'aime bien le second.» «Je préfère qu'il reste second, même un peu sourd, plutôt qu'il devienne contagieux. Dit Maman-France? Pourquoi il ne faut pas s'approcher des contagieux? »

Il faut reconnaître ce mérite à Maman-France, quelle répondait toujours aux questions des enfants. Elle pensait que cela stimulait leur curiosité, et par là même leur soif d'apprendre.

Donc lorsque Raja lui demanda : «Pourquoi il fait encore si noir »

- Maman-France répondit: « Parcequ'il est trop tôt »
- Raja, voyant un guerrier Zoulou, noir comme de l'ébène sortir de la maison : « Maman-France dit; tu as vu comme il est 'trop tôt' le grand monsieur?»
- Maman-France: « Oui j'ai vu.» «Viens donc te recoucher.»

Pendant que les petits repartaient dans leurs lits, les grands reprenaient des forces.

Maman-Gâteau était aux fourneaux, ou elle orchestrait un concerto pour six poêles et deux fourchettes. Les trois devant pour les crêpes qui cuisent vite et qu'il faut faire sauter. Les trois derrière, pour ce qui mitonnait.
A gauche oeufs brouillés au sirop de prunes de cythère pour Leo. Au milieu cramble de pomme cannelle au miel d'acacias pour Lea. A droite 'becon and eggs' pour Bush, avec une pointe de muscade sur le jaune de l'oeuf, mais pas de sel.

Et ce, sans quitter des yeux, le café qui passait goutte à goutte, et la bouilloire qui allait bientôt siffler, pour mettre le thé à infuser.

Ah oui! J'allais oublier le chocolat de Serena, avec du vrai cacao de Madagascar, du vrai sucre de canne du champ d'à coté, une pointe de vanille bourbon et du lait de zébu bien crémeux. Et surtout ne pas cesser de tourner jusqu'à léger épaississement et servir très chaud, accompagné selon les goûts d'une brioche parfumée à la cannelle, ou d'un quatre quart aux fruits confits.(Pour les recettes, l'auteur promets de les envoyer par email à la demande.)

Ali se contentait d'un café fort et de quelques dattes, qu'il faisait venir de Masquat principalement pour lui et Jamshid. Les petits et les lémuriens, raffolaient des dattes. Il devait donc en faire venir souvent.

Tous les essais pour acclimater le dattier à ces latitudes, tournèrent au fiasco. Les arbres étaient atteint de gigantisme, mais les fruits n'arrivaient jamais à maturité. Ils étaient dévorés systématiquement, par qui? Impossible de le savoir, car cela se passait la nuit et qu'on ne retrouvait même pas les noyaux.

Dargenson. c'était autre chose. Le bon docteur passait par la cuisine se remplir les poches de fruits divers et variés. Au rang des quelles on trouvait: des carottes, des amandes et autres friandises, qu'il allait distribuer, durant sa tournée d'inspection de 'L'arche de Noë ». Nous ne suivrons pas Dargenson aujourd'hui, car j'en vois qui s'impatientent.
(Chére lectrice, je me dois de vous donner des nouvelles de la famille de Mahaleo, puisqu'elle jouera un rôle dans la suite de ce récit.)

La famille Riana, n'allait plus à la pêche qu'à de rares occasions, et plus pour distraire les invités du château, que par réels besoins. Ils étaient chargés de s'occuper du zoo, de la basse cour et des potagers dont ils tiraient un revenu substantiel. Comme ils connaissaient tous les coins et recoins de l'anse couleuvre, Leo leur avait demandé de servir de guides. Il leur avait également demandé, s'il trouvaient que le cour du ruisseau, n'aurait pas été détourné.

- Faly le frère de Mahaleo, se débrouillait en anglais, c'est lui qui répondit: « Je peux vous montrer qu'un barrage a été construit; et que la canalisation qui va dans la grotte, n'est pas naturelle. En revanche la faille ne semble pas avoir été ouverte par l'homme, il n'y a pas de trace d'outils. J'ai examiné les petits ressauts qui cascadent dans la grotte, ils sont trop réguliers. Il est probable que le ruisseau sert à noyer le fond de la grotte.
- Bush : « Je crois qu'on pourrait commencer par creuser un nouveau lit pour le ruisseau »

Quelques pelles, quelques pioches, une équipe de gros bras, trois heures après le ruisseau traversait la plage.
On fit amener des torches pour mieux examiner les rochers. Il n'y avait rien de visible.

Serena ressortit sa robe de mariée, elle ne l'avait portée que peu de temps.


Tout d'un coup la pelle rencontra une roche ( Lea aurait dit qu'à cet endroit, vu qu'il n'y avait que des cailloux....), mais pas n'importe qu'elle roche. Un pétroglyphe, (Pour ceux qui ne sont pas doués en Grec ancien, voir commentaire de Dargenson en bas de page)

Bon puisque vous insistez dit Dargenson, sachez: « Qu'un pétroglyphe est un dessin symbolique gravé sur de la pierre . Le terme provient des mots grecs petros (ou petra) pour pierre et  glyphein pour gravure. Un pétroglyphe n'est donc pas un pictogramme, qui raconte chronologiquement une histoire, ni de l'art pariétal, qui est une peinture à même la roche des parois de grottes. »(ça c'est du grand Dargenson, du millésime 1801, vous demandiez la signification de pétroglyphe, pour le même prix vous repartez avec en prime; pictogramme et pariétal.) « Elle n'est pas belle la culture chez les forbans? »

Mais que toutes ces digressions ne nous fassent pas perdre de vue, la seule chose vraiment importante: « il représente quoi ce pictogramme? » « Voilà, voilà … ne poussez pas, il n'y a pas grand chose à voir..)

On distingue une croix, un nom ou un mot, 'Sanoj' suivit des dates 2007 , 4704.
- Leo: « On va pas passer le réveillon de noël là dessus, paix à son âme » « Les gars dépêchez-vous de me dégager cette pierre tombale que l'on puisse accéder au tombeau lui même »

Et là ce fut la consternation générale.

Car on eut beau évacuer des tonnes de graviers, l'inscription avait été faite sur un bloc, qui n'était le couvercle d'aucun sarcophage. (Dargenson, déçu, n'expliquera pas, le mot 'Sarcophage', proposera de le remplacer par 'tombe' ou 'caveau mortuaire'.)

Mais qui pouvait-être ce viking qui après avoir vécu 2700 ans, avait laissé comme seule trace de son passage sur la terre, cette inscription, et cette croix, qui laissait supposer qu'il avait de la religion,...mais laquelle? c'est un autre débat.

Notre petite troupe, remonta vers le château, à la queue leuleu (Dargenson veut bien expliquer 'Leuleu', Mais c'est la derniére fois! Au Moyen âge 'le Loup' c'est transformé en 'Le Leu', c'est donc se suivre comme font les loups le museau sur la queue de celui qui précède.)

Nous disions donc que nos amis remontèrent le sentier en file indienne, (A la question pourquoi les indiens marche comme des loups? La réponse est: « Qu'il faudrait demander à un indien, ou à un loup et comme il n'y avait ni l'un ni l'autre sur ce sentier, » « Tais-toi et grimpe »

Maman-France vit donc « s'avancer cette troupe, portant au front, non pas une mâle assurance; » Mais une assurance mise à mal, par ce message incompréhensible.

Le rougail saucisses, et le blanc-mangé, préparé par Maman-Gâteau, n'arrivèrent pas à redonner le sourire, à ces mines préoccupées. Pourtant c'était une des spécialités de la cuisinière.
Lea qui avait trempé son doigt dans la sauce : « Mmmm... c'est délicieux, comment tu fais ça? »
Maman-Gâteau: « Y-a wien de plus facile à faiwe que le wougail saucisses : Piller l'ail et le gingembwe. Piquer les saucisses puis les ébouillanter pouw les dégwaisser. Couper les saucisses en mowceaux de 2 à 3 cm. Chauffer 2 cuillères à soupe d'huile. Jeter les saucisses dans l'huile chaude. Les faiwe woussir avec les oignons. Une fois bien woussis, jeter le surplus de gwaisse. Ramener sur feu doux et incowpower les tomates, l'ail et le gingembwe et le caloupilé. Laisser mijoter jusqu'à ce que la sauce soit consistante (éviter de wajouter de l'eau : cela wendrait les saucisses fades). Pawsemer le plat de ciboule coupée juste au moment de sewvir.
Sewvir le riz en pwemier, puis les gwains sur le riz et le wougail à côté. Le piment lui est toujours sewvi à pawt dans un coin de l'assiette.» « Et voilà c'est tout! »
- Pour ceux qui se demanderaient ce qu'est le Caloupilé (Kari), commun au sud de Ceylan.

- Maman-France: « Vous en faites une tête, on ne dirait pas que vous aviez besoin de ce trésor? Vous qui êtes déjà tous riches comme Crésus! »
- Dargenson qui n'en perdait pas une, pour faire évoluer la culture de son entourage, demanda: « O toi 'Leo' » « Diminutif de Leocharès, Grec devenu illustre, pour avoir construit une des sept merveilles du monde, 'Le mausolé d'Hallicarnasse', sait tu ce que Crésus a fait construire avec l'or du fleuve Pactole? »
- Leo: « Non je ne vois pas, je ne fais pas partie des intimes de Crésus.»
- Dargenson: « le temple d'Artémis à Éphèse,» « Une autre des sept merveilles du monde! »
- lea: « Il faut vraiment construire, des trucs en marbre qui servent à rien, pour avoir le droit à l'appellation 'Merveille du monde'. »
- Dargenson: « Ce n'est pas obligatoire, le phare d'Alexandrie, servait à guider les bateaux, par exemple. Il n'était pas en marbre.»
- Lea: « Il faudra que je réfléchisse à ce que l'on va faire du trésor de la Buse, si on le trouve un jour. Sans compter que j'ai promis la moitié à madame Ching.»

Personne ne releva. L'épisode Le Vasseur ne faisait déjà plus recette.

- Maman-France: « Outre, qu'une grande oeuvre humanitaire vaut largement plus à mes yeux, qu'une prouesse architecturale; je trouve que vous baissez les bras un peu vite.»  « Je vous croyais plus persévérants, vous ayant connus obstinés et têtus, voire cabochards.» « Secouez vous un peu! Les dates, ou ce que vous avez pris pour des dates, ce ne peut pas être autre chose? » « Personne n'a jamais entendu parler d'un viking, qui avait vécu 2.700 ans. »

- Dargenson: « Figurez-vous que j'y ai déjà songé. J'ai même supposé, qu'il pouvait s'agir de lattitude et de longitude, assez curieusement, ce sont celles de la grotte.
- Bush: « Comment avez vous fait pour trouver les coordonnées géographiques de la grotte? »
- Dargenson: « Comme vous le faites vous même, en faisant le point à midi aujourd'hui. » « Compas, boussole, horloge, rien ne manque au Château pour ce genre d'exercice »
- Bush: « Je n'en disconviens pas, mais outre le fait qu'il me semble difficile de faire un point depuis l'intérieur d'une grotte d'où on ne voit pas le soleil, il ne me semble pas que vous soyez redescendu à l'anse couleuvre à midi. » « Où donc vous êtes vous mis pour faire le point? »
- Dargenson: « Au sommet de la falaise, la bas, prêt du sémaphore des aigles.»
- Bush: « Vous voulez dire que vous avez relevez les coordonnées du 'Perchoir pour ces volatiles braillards', et que cela correspondait aux chiffres du pétroglyphe?
- Dargenson: « Oui presque, puisque je n'était pas dans la grotte, il était normal que je ne sois pas exactement sur les mêmes coordonnées »
- Bush: eut soudain une illumination: « Avez vous gardé vos calculs, et pouvez vous amener la carte où vous avez reporté votre point? »

Dargenson s'exécuta, ne voyant pas ou Bush voulait en venir.

- Bush: reprit les calculs, la règle et le compas, avec les relevés de Dargenson et les chiffres de la grotte. «  Si 20-07 est la longitude et, 47-04 la latitude, on n'est pas dans la grotte. Mais à un endroit situé au sud ouest du perchoir. » « Qu'y a t-il à cet endroit, à par le potager des Riana?»

Lea: «Je crois que j'ai trouvé! Aujourd'hui à cet endroit il n'y a plus rien. Mais du temps de Le Vasseur, il y avait un cimetière.» « Il n'y a plus qu'à trouver la tombe du viking, si seulement elle a existé un jour. »

Et ceux qui étaient le plus abattus toute à l'heure, furent les premiers à s'emparer d'une pelle ou d'une pioche. Tous partirent au galop vers le cimetière.

Monsieur Riana, qui sarclait des radis, voyant son fils avec une pelle sur l'épaule, précédant une troupe équipée d'outils de jardinage; leur fit de grands signes, auxquels répondirent ceux qui ne portaient pas d'outils. Mais bien vite l'espoir d'une aide bienvenue, se transforma en incrédulité. Où pouvait bien aller cette équipe, dans cette direction, il n'y avait rien d'autre que le vieux cimetière des pirates?

Monsieur Riana, intrigué mis sa bêche sur l'épaule, pour aller voir.

(Chére lectrice, vous qui jardinez régulièrement, et qui pour se faire, utilisez la bêche; trouvez vous commode de porter cet outil sur l'épaule? ...Certes non, pas plus pour un râteau que pour une hache, et pourtant les poncifs ont la vie dure. Dans les romans, pour être crédible un bucheron porte toujours sa cognée sur l'épaule. La porter à bout de bras fait moins professionnel » « Je laisse cette réflexion à votre jugement et reprends mon récit au moment où monsieur Riana mettait sa bêche sur son épaule »)