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Vers les colonnes d'Hercule, ou le rocher de Gibraltar:




Le cortège du marié:

L'arrivée des quatre bâtiments dans la baie de Gibraltar, fut saluer par par toutes les unités présentes, avec autant de coups de canons que ceux réservés à un amiral.

Cette petite escadre, avait belle allure, La Tamise ouvrant la marche, suivie de L'Alerte et des deux bricks, avec juste assez de brise pour manoeuvrer. On aurait dit une procession se rendant à un mariage, ce qui était d'ailleurs un peu le cas. N'allait-on pas assister dans quelques jour celui de Bush et de Serena de Otero.

Tous les navires avaient fait une grande toilette. On avait rangé les ponts, établi toutes les voiles, les hommes avaient sorti leur meilleure tenue. Les ponts avaient étaient briqués à blanc, comme c'est le cas à bord des navires de guerre.

La Tamise corvette de deuxième rang, portait en batterie vingt-deux canons de 24, et, autant sur le pont, plus six caronades de 12, (bien que ce fût rare alors pour les navires de cette classe, ).
Elancée de l’étrave, fine de l’arrière, les façons bien relevées, elle pouvait rivaliser avec les meilleurs bâtiments de l’époque. Ne fatiguant, sous aucune allure, douce au roulis, marchant admirablement au près serré, comme tous les bons voiliers. Elle n’eût pas été gênée de tenir, par des brises à un ris, jusqu’à ses cacatois.

Mais La Tamise avait quelque chose de plus,..... elle était belle, très belle.


Elle n'avait que quatre ans, trente neuf mètres à la batterie, aussi parfaite qu'une épure d'architecte navale. Et dire qu'elle avait bien failli couler, lors du dernier combat avec la frégate française.
Comme l'avait souvent répéter Bush, elle avait couter plus de quarante mille livres. Et même si toutes les réparations n'avaient pas pu être réalisées en mer, une peinture neuve lui avait permis de retrouver tout l'éclat de sa jeunesse.
Ce qui réjouissait l'oeil au premier regard c'était l'élégance de ses lignes, elle était faite pour la course, elle était le rêve de tous les corsaires.

Si l'on ajoute à l'élégance ; la rigueur de l'alignement des matelots sur le pont, et les uniformes des officiers rutilants de dorures, le tableau était complet, il ne manquait qu'un peintre pour l'immortaliser.
Derrière cette « Mariée » toute de blanc vêtue (après l'engagement, il avait fallu remplacer toutes les voiles); et semblant lui tenir la traine, venait l'Alerte.

On avait également fait grand usage de la peinture, gracieusement offerte par Bush, car à bord, il n'y avait que de la peinture noire. Résultat les deux coques étaient assorties, même les bricks en avaient bénéficié.

L'ensemble était très réussi et fut ovationné par les équipages qui les regardaient défiler.

La ligne avec un bel ensemble vira par la contremarche, et mouilla avec un ensemble parfait (l'exercice avait donné lieu à cinq entrainements, aucun aussi bien réussi).

(Chére lectrice, je vous avez dit que mes héros étaient des gens simples, je ne vous ai pas dit que leurs fréquentations l'étaient. Je vous en laisse la surprise)

Sir Nelson dans ses oeuvres et dans ses pompes:


A bord de l'Agamemnon, Horacio Nelson, était souriant et il pouvait l'être. Non seulement la flotte de l'amiral Hotham manquait de frégate, mais celle ci valait de l'or, comme on allait bientôt le savoir.

Un message de l'Agamenon, invita Bush au rapport, comme il fallait s'en douter et sans attendre on vit arriver un canot pour le prendre.

Nous passerons sur les retrouvailles de Bush avec Nelson. Ainsi qu'avec sa future femme, qui logeait sur l'Agamemnon depuis 48 heures. Telle la «Soeur Anne de la chanson, ne voyait rien venir... si ce n'est la mer qui miroitait... » Mais le prince charmant était enfin arrivé.
Nelson entouré de ses officiers, écouta Bush relater les événements dans le style précis et concis, qui était celui du rapport qu'il destinait à l'amirauté. Beaucoup des officiers présents avaient déjà rencontré Bush dans le passé, aussi voulurent-ils avoir des détails, de ceux que l'on ne trouve jamais dans les articles d'aucune « Gazette de Marine de guerre »
Ils furent priés à déjeuner, par leur amiral, qui les chargea d'aller porter l'invitation aux officiers français, et de venir rendre compte au cuisinier, du nombre de convives qu'il faudrait fêter.

Une fois seul avec Bush, Horacio ôta sa veste, priant Bush d'en faire autant;

Horacio: « La température est de jour en jour plus étouffante. Mattew faites servir de la citronnade à mon ami, très sucrée si je me souviens bien , n'est-ce pas ? »
« Oui,répondit Bush, tu sais ce que j'admire le plus chez toi, c'est que tu sois « Aussi British » en toute circonstance! »
Horacio: « Ah bon ? J'aurais cru que se fut mes succès féminins, ou mon courage au feu ! Et en quoi suis-je « So British »? »
Bush: « Depuis que nous sommes seuls, une question te brule les lèvres. Mais avant de me la poser, j'ai eu droit aux considérations sur le temps, et la température, suivi d'une offre de « Drink». Encore heureux; que ce ne soit pas l'heure du « Tee time ».
Horacio: « Bon...d'accord...c'est quoi la réponse à la question que je n'ai pas posée? »
Bush: « C'est : Oui! Le trésor est intact. Il ne manque pas un seul coffre! Et Non! Les français ne se doute de rien. »« A ce sujet, tu pourras en juger par toi même ils sont dignes d'estime, et pas que de la mienne, pour m'avoir sauver la vie; de la tienne aussi. »
Horacio: « Qu'est ce qu'ils réclament en échange d'une frégate de 40,000 £ et d'un trésor de 500,000 £ ? »
Bush failli s'étrangler avec sa citronnade: « Combien dis tu? un demi million de livres, je ne savais pas que la marine anglaise était si riche. »
Horacio: « Oh! tu sais, la moitié seulement vient de l'amirauté, pour payer la solde des mercenaires corse de Paoli. L'autre moitié sont des fonds secrets dont la gestion m'a été personnellement confiée. A moi d'en faire bon usage. Traduis, financer toute action propre à faire un croc en jambe au régime né de la révolution française. Notre bon roi ne craint pas vraiment la décapitation, encore que.... mais en angleterre on ne décapite que les reines... enfin passons. »
Horacio: « God save the king ».
Bush leva son verre de citronnade pour porter un toast: « God save the King et mort à Robespierre » » Pour en revenir aux français, je ne leur ai rien promis, si ce n'est que tu serais très généreux. »
Horacio: « Ah bon! ….rien que ça.!...et tu l'évaluerais à combien «  Ma très grande générosité »
« Pour avoir sauver une frégate de 40,000 £ et moi avec mon équipage, je dirais
50% de 40,000£ soit 20,000£ »
Horacio: « Ouille comme tu y va!.... »
Bush: « Sans eux l'Angleterre aurait perdu, 540,000£, sans compter la rançon pour me récupérer et le fait que la France en aurait été riche d'autant. »
Horacio: « Evidemment, vu sous cette angle ! »
Bush: « Et sous quel angle veux tu le voir. Si demain tu perdais ta bourse, et qu'un matelot vienne te la rapporter ? » Voyant l'air sceptique de Nelson, il ajouta: « On peux toujours rêver.» « Quel pourcentage serais tu prêt à lui donner en récompense. »
Horacio: « Je ne sais pas....cela dépend de combien j'ai dans ma bourse. »
Bush: « Ah … oui.. et combien as-tu en ce moment ? »
Horacio: « Je n'ai aucune idée, après s'être fouillé je n'ai que 5 £ »
Bush: « Et bien le tout est de savoir si tu veux bien donner 1£ à celui qui va t'éviter d'en perdre cinq ? »
Horacio: « Mais tu te rends compte cela fait 20%, je ne peux pas offrir 20% de 540,000£ en récompense. »
Bush: « En d'autre terme, plus on t'évite de perdre d'argent, moins tu deviens généreux. »
Horacio: « Non! Mais quand même 100,000£ c'est une somme. »
Bush: « Tu ne peux pas t'empêcher de marchander, 20% de 540 cela fait exactement 108 et pas 100! »
Horacio: « Bon ça va, j'ai compris la leçon, je vais y réfléchir. »
Bush: « D'accord réfléchis, mais fait le vite. Tes invités vont bientôt être à bord et j'ai entendu Mattew qui s'impatientait. Il faudra peut être démonter la cloison pour accueillir tout le monde. Moi je vais rejoindre ma chère et tendre, avant qu'elle ne te récuse, comme témoin de notre mariage. »

Horacio: « C'est ça laisse moi un peu seul, je n'ai plus l'habitude d'être contredit il faut que je m'y fasse. »
Bush: « On dira en conclusion, qu'il te faut un peu de temps pour que ta générosité, te suggère une solution profitable pour toi. »

Une réception dans les règles ou presque:

Les invités se succédèrent à la coupée, selon un balai très bien orchestré. Il n'y eut aucune bousculade. Les honneurs furent rendus aux officiers et les civils en profitèrent.
Bush faisait les présentations et Nelson fit des efforts pour dire un mot gentil à chacun en français; son accent été à couper au couteau (Mais c'était Nelson, alors.....)

Maman-France se présenta en dernier accompagnée des jumeaux.

Nelson la salua par un
HN: « Je suis très heureux de vous rencontrer, ainsi que vos enfants. J'ai entendu dire beaucoup de bien de votre mari. »
MF: C'est pourquoi Maman-France demanda dans sa langue maternelle: 
«  vous avez des nouvelles de mon mari, il est prisonnier en Angleterre? »
HN: « Non pas du tout, du moins ne l'était-il pas la semaine dernière. »
MF« Mais comment pouvez-vous être aussi affirmatif. »
HN: « Je veux bien vous confier des informations « Top secret » si vous me dites qui vous a appris à parler l'anglais avec autant d 'aisance, seriez vous d'origine anglaise par hasard? » Nelson ne s'attendait pas au franc parlé de Maman-France . Et fut un peu surpris de sa réponse.
MF: « Pas exactement, je suis née à Pondichéry, mes ancêtres sont écossais. Mon nom de jeune fille est: France-Marie Stuart. Vous avez décapitez mon ailleule. Mais je vous en veux moins qu'aux français d'avoir décapité Louis XVI. Bien que dans les deux cas les conséquences soient identiques, puisque me revoilà partie pour Pondichéry. »
Horacio, qui devait habituellement courtiser des femmes au caractère plus docile, ne resta pas longtemps sans voix, il prit son air le plus contrit et d'une voix empreinte de repentance il demanda à Maman-France
HN: « Comment pourrais-je me faire pardonner »
Elle de répondre « Pour avoir raccourci ma grand-mère »
HN: « Non pour ne pas avoir détecter ce léger accent chantant, propre aux écossais nés aux Indes »
Ils se regardèrent dans les yeux et eurent du mal à retenir le fou-rire qui les menaçait. Mais en public Nelson se devait de garder toute sa dignité, aussi offrant son bras à Maman-France, il se dirigea vers le salon dressé pour le repas. 


Les jumeaux qui étaient juste derrière et n'avaient pas perdu un mot de ce petit duel verbal, se regardèrent;



Lea: « Tu as vu, nous on est comme la dernière roue du carrosse! »
Leo: « ça me choque moins que la façon quelle a de le regarder, il n'est pas si bel homme que ça, il est même plus petit qu'elle, et de plus elle pourrait être sa mère! »
Lea: « Tu ne crois pas que tu exagères un peu. C'est bien les garçons toujours un peu amoureux de leur mère. Allez donne moi le bras, ne fais pas la tête, tu viens d'accéder au rang de « Mon prince charmant »  « Quel effet cela te fait »


Leo n'eut pas à répondre, car Bush venait vers eux donnant le bras à sa future femme.

Les jumeaux n'ont qu'a bien se tenir, enfin surtout Leo:

Serena leur sourit


« Bonjour Lea, Bonjour Leo, » La voix était bien timbrée, un peu rauque, avec une pointe d'accent ibérique ou italien, que les hommes devaient trouver charmant. Lea lui serra la main qui était fine et très ferme, comme les siennes. Elle se fit la réflexion que ni l'une ni l'autre ne portaient de bagues.

Leo s'inclina sur la main qu'on lui offrit et la frôla de ses lèvres, Lea se demanda ou son frère avait appris à faire le baise main.

Leo coassa d'une voix enrouée « Buenas dias, ou ...bon giorno,.. senora » Il releva la tête et regarda ses yeux. Ils étaient grands, de couleur violette avec de petites irisations dorés
et semblaient s'agrandir comme pour mieux fasciner Leo.

- Serena : « C'est tout à fait charmant de votre part de me saluer dans ma langue natale; qui en passant est l'italien. Vous êtes le premier qui ait senti une différence avec l'espagnol, qui est ma seconde langue. » Elle ajouta: « me donnerez-vous le bras pour aller déjeuner? »

Leo était sous le charme. Heureusement que Serena était bavarde, car il aurait été incapable de trouver le moindre sujet de conversation. Il se contenta de redresser la taille pour avoir l'air plus virile et d'émettre de temps à autre des.... Hum...Mum... qui pouvaient passer pour des approbations.
Serena semblait beaucoup s'amuser, sans donner l'impression de se moquer de lui.

Lea suivait au bras de Bush, que la situation de Leo paraissait mettre en joie. Elle lui dit sur le ton de la confidence:
« Il faut l'excuser, cela fait si longtemps qu'il n'a pas vue une femme; qu'il ne sait plus a quoi cela ressemble. »

Bush éclata de rire

« Je vous trouve sévère avec lui, premièrement parce que j'ai eu la même réaction la première fois que j'ai rencontré Serena. Et de plus il voit tous les jours une très jolie jeune femme; ...Vous ! »
Lea: « A oui parlons en.... »
Bush: « A votre réaction je crois deviner une vieille rancoeur, est-ce que je me trompe ? »
Lea: « Non....mais il va falloir me faire boire plus que de raison; si vous voulez connaître cette histoire. »
Bush: « Allons, vous en avez trop dit ou pas assez. J'ai l'age d'être votre père, et en temps qu'officier, je peu vous donner ma parole, que cette confidence restera entre nous. Même Serena ne le saura pas, si vous l'exigez. Et je n'ai jamais rien avoué sous la torture. »
Lea le regarda bien en face, et le prenant à part, elle lui dévoila la véritable raison du duel auquel il avait assisté . 
Bush rit de bon coeur, mais n'osait pas laisser son regard dérivé vers le chemisier de Lea, pour juger si ces « pommes de discordes » méritaient dèjà que les hommes se battent pour les voir. Cependant il ne pu s'empêcher de penser qu'il devrait vérifié discrètement avant la fin de la journée. »

(Chère lectrice, comment trouvez-vous les réceptions de Nelson? Quelle classe ces anglais. N'est-il pas?)

Quand les jumeaux se charge de l'animation:

Ce fut un repas empreint de franche cordialité. Les plats simples, étaient accompagnés de légumes frais, les fruits étaient nombreux et variés. Le tout accompagné d'un vin baptisé « Sangria » contenant des fruits. C'était une spécialité espagnole, servi frais et légèrement sucré, il était gouleyant, et se buvait comme du petit lait.
Horacio mis en garde ses invités sur la traitrise d'un tel breuvage.
Lea remarqua que le capitaine Gracay ne faisait que tremper les lèvres dans son verre.
Imité en cela, par le docteur Dargenson et Bois Dambert, Maman-France ne buvait jamais autre chose que de l'eau ou des jus de fruit.
En revanche Leo, après deux verres de sangria, se révéla un fabuleux conteur.
Serena assise en face lui, ne lui faisait plus du tout peur. Il réussi avec beaucoup d'humour, un peu d'auto-dérision, et beaucoup d'exagération; à capter l'attention des officiers qui l'entouraient.

Nelson de son coté faisait face à Garcay et Dargenson, la conversation de ce coté là sans être guindée, était un peu plus protocolaire.

Comme les facéties de Leo provoquaient en bout de table une franche rigolade. Nelson profitant d'un répit dans les anecdotes, leva son verre vers Leo :

Horacio: « Jeune homme, je salue vos talents de conteur. Mes aspirants ont l'air de plus apprécier vos histoires que les miennes. Je ne les ai jamais fait rire comme vous le faites. »
Leo se leva et brandissant son verre en paraphrasant un empereur Romain, il ne savait pas très bien lequel et choisit au hasard.
« Comme disait Caligula » « Qu'importe qu'ils rient, pourvu qu'ils vous vénèrent »
Nelson n'ayant pas compris le nom de l'auteur de la citation demanda, « Qui a dit ça »
Leo leva son verre à nouveau déclama d'un ton solennel ; « C'est moi,.....Leo... Villaret de Joyeuse !...... pour vous servir, Sir »

Cette dernière plaisanterie mit toute la table en joie.

Nelson félicita Leo pour son sens de la répartie, et se tournant vers Maman-France croyant lui faire un compliment: « Vous faites tellement jeune qu'on a du mal à croire que vous avez un enfant de cet age. »
MF: « Deux ! »
Horacio: « Comment deux ? »
MF: « Oui, moi aussi j'ai eu du mal à le croire, mais ce n'est pas un enfant que j'ai eu, mais deux en même temps, Leo et sa soeur Lea, sont jumeaux. »
-  Lea se leva à son tour « Lea Villaret de joyeuse Sir »
Horacio: « Et vous avez comme votre frère, des talents cachés. »
Lea qui ne tenait pas à jouer les singes savants, en faisant une démonstration de son habileté au fleuret. Cherchait une excuse à invoquer pour se rassoir. Quand en levant les yeux elle vit Leo qui lui envoyait par signes: « Medium... Medium »
Elle releva la tête, et dit à Nelson: « Non je n'ai pas de talent caché, mais un don très particulier, je suis Medium »
Horacio: « Medium! Vous êtes capable de lire l'avenir dans les lignes de la main ? »
Lea: « Non je ne suis pas une diseuse de bonne aventure, je suis capable de lire dans la pensée des gens, je suis même capable de communiquer avec mon jumeau par la pensée. »
Horacio: « Oh! pourriez vous nous faire une petite démonstration ? »

« Mais bien volontiers » dit Lea en se levant:


Lea: « Qui veut commencer ? » Serena leva la main.
« Très bien; Leo peux tu donner une feuille de papier et un crayon à Serena »
Lea faisait les cent pas et fixait sur elle l'attention de l'assistance. Elle demanda à tout le monde de bien vouloir respecter le plus grand silence, pour ne pas perturber sa concentration. Pendant que Serena crayonnait, Leo regardait dicrétement par dessus son épaule et communiquait avec Lea en langage des signes.
Lea se promenait en se tenant les tempes, les yeux à demi clos, donnant l'impression d'une grande introspection. Brusquement elle s'arrêta secouant la tête d'un air désolé: « Non je ne vois pas, …. Je ne vois rien... » c'était comme si elle répondait à une voix intérieure.
« Je ne vois rien....par cequ'il n'y a rien à voir....Serena a fait semblant de dessiner »  « Mais elle n'a fait que semblant.... » Se tournant vers Serena , Lea prit l'air étonné, pour lui demander; « Est-ce vrai que la feuille est vierge et que vous n'avez rien écrit ? »
Serena leva la feuille et la montra à la cantonade, elle était vierge.

L'assistance applaudit, mais il y eut des sceptiques pour prétendre qu'il s'agissait d'une supercherie, et que Serena était de mèche avec Lea. Jusqu'à Bush qui se pencha à l'oreille de sa future femme, pour lui demander de lui dire la vérité. Mais elle lui jura ne pas être complice.

Bush proposa de choisir dans l'assistance quelqu'un qui n'avait jamais rencontré Lea et qui dessinait bien. Leo alla se poster derrière le dessinateur.
Lea se livra à la même pantomime. Le dessinateur était un bon caricaturiste.
Leo n'eut aucun mal à reconnaître Nelson avec un petit chien, un carlin blanc avec une grosse tache noire sur l'oeil.
Lea semblant se concentrer au maximum, dit....  « je vois un borgne....non
un homme assis avec un nain borgne sur les genoux....non pas un nain …
pas borgne... se retournant vers Nelson, elle lui demanda, votre carlin n'est pas borgne amiral n'est ce pas? il a simplement une tache noir sur l'oeil, j'espère que vous le reconnaitrez, autant que vous vous reconnaitrez dans la caricature que l'on vient de faire de vous. »
Leo brandit le dessin dont tout le monde pu apprécier la ressemblance avec le sujet. Un aspirant alla chercher le chien de Nelson. celui-ci lui échappa et bondit sur les genoux de l'amiral d'où il contempla l'assistance d'un air triomphant; ce qui fit dire au docteur Dargenson: « Si même le chien est dans la combine  alors…...»

L'assistance était en joie, tout le monde était volontaire pour être le prochain, mais lorsque Nelson se proposa, personne ne lui disputa son tour.

Le même scénario que précédemment se reproduisit.

Nelson ne dessina rien il se contenta de noter des coordonnées de marine; une longitude et une latitude
Leo transmit à Lea les coordonnées.
Lea lorsqu'elle fut certaine d'avoir bien compris, demanda que l'on veuille bien lui apporter une carte de l'Afrique, un compas et une régle. Elle reporta les coordonnées qui situaient un point en Afrique au milieu de nul part. Aucune indication de ville aux alentours, un grand lac était la chose la plus proche de ce point.
Alors Lea, levant les bras dit à Nelson; « Bravo Amiral ! .. Vous venez de découvrir les sources du Nil. Il ne reste plus qu'a baptiser cet endroit que vous avez indiquer sur votre feuille »
Nelson se leva et éclata de rire, « Mademoiselle je suis prêt à en témoigner à la face du monde » « Vous avez un don, un véritable don de comédienne. Pour la voyance, surtout je ne veux pas connaître votre truc, car il y a un truc n'est-ce pas? »
Lea confirma; « Oui il y a un truc. »
Nelson ajouta, « Quant à moi je préfère ne pas le connaître, une femme n'est jamais aussi désirable, qu'entourée de mystère. »
Lea rougit sous le compliment, c'était le premier homme à lui dire qu'elle était désirable.(Même si Nelson était du genre à trouver toutes les femmes désirables). Lea se dit qu'il y avait sans doute quelque chose de vrai dans cette histoire de mystère. Il faudrait qu'elle travaille le sujet.

Nelson fit savoir qu'on avait tendu des toiles au dessus du pont pour faire de l'ombre, et que des rafraîchissements y avaient été servis.

Bush est promu; au grade de commodore et à un brillant avenir:

Il demanda à Bush de rester, ainsi qu'a tous les français qui souhaiteraient participer aux décisions concernant l'avenir de la petite escadre. Maman-France et les jumeaux restèrent. Le docteur, Bois Dambert et les capitaines avec leurs officiers.

Nelson ouvrit la séance, par un rappel de la situation politique:

«Je ne vous apprendrais rien en vous disant que l'Angleterre est dans une passe difficile. La France aussi d'ailleurs. En nous voyant réunis dans cette salle, j'ai du mal a admettre que les Français soient nos ennemis héréditaires. S'il ne tenait qu'a moi, je ferais alliance avec la France, pour bénéficier de sa suprématie terrestre, en lui offrant notre supériorité navale. J'ai pu m'en rendre compte à mes dépens; vous avez de meilleurs bateaux, nous avons de meilleurs équipages.»
«Ce n'est pas Louis Thomas Villaret de Joyeuse qui me contredira. Se tournant vers Maman-France il ajouta à son intention. Nous avons appris que votre mari a démissionné de son poste.»
«Et que 952 prisonniers de l'armée royale seront passés par les armes au mois d'aout. Le fait que soient d'anciens officiers de la Marine royale n'est peut-être pas étranger à cette décision.»
Maman-France hésitait entre fierté et inquiétude. Elle remercia Nelson pour cette information sans autre commentaire.
Le commentaire, Nelson s'en chargea: «Qui peut avoir confiance dans un gouvernement, qui pour renforcer sa marine, la décapite.»

«Plus grave encore l'Espagne qui soit dit en passant n'a jamais été l'ami héréditaire de l'Angleterre, mais plutôt, passez moi l'expression, une maitresse volage; est en train de signer la paix avec la Convention.»
«La France fait également la paix avec la Hollande (Autre maitresse volage) et la prusse...(Par décence je n'ajouterai aucun adjectif).
«Seuls Le portugal et l'Autriche sont toujours en guerre contre la convention, deux pays qui ne seront pas d'un grand secours pour notre marine.»
«Je viens de recevoir mes ordres, on m'attend en Corse, ou les choses tournent mal. Une flotte Française se prépare à nous attaquer; en fait tout laisse croire qu'une force armée, commandée par un certain général Buonaparte va mener une campagne en Italie. Buonaparte ou Bonaparte comme il aime à se faire appeler est corse. Il serait le neveu de notre allié Paoli, mais ce n'est peut-être qu'un cousin à la mode...corse.» (il avait failli dire à la mode de Bretagne, ce qui eut été désobligeant pour l'assistance)
Se tournant vers Bush; «Je crains qu'il ne me faille te marier au plus vite, sans doute aujourd'hui même.» Devant la réaction de Bush, il ajouta, «Ne fais pas cette tête attends au moins d'apprendre les bonnes nouvelles.»
«Dans l'ordre des bonnes nouvelles qui sont arrivées avec mes ordres.»
«En remerciement pour services rendus à la marine Anglaise, nous vous restituons les deux vaisseaux de lignes 'Le ça ira' et 'le censeur', avec tout leurs équipages, ainsi que les français qui ont quittés Toulon par peur des représailles. ils sont actuellement à bord des vaisseaux. Le roi Georges, «Dieu le garde» ne vous demande qu'un engagement écrit par lequel ces deux vaisseaux ne seront pas utiliser contre la marine de guerre Anglaise. Ils n'ont pas été désarmés. Ils vous permettront de gagner l'ile de France en toute sécurité.» Les français ne savaient pas comment remercier Nelson, mais celui-ci continua.
« Vous me remercierez plus tard, car ce n'est pas tout» «Compte tenu des dépenses, que va occasionner l'implantation d'une colonie de peuplement à Pondichéry, l'amirauté vous accorde un prêt de 100.000 £ en or contenu dans la caisse qui est derrière moi. Vous gérerez ce prêt à votre convenance, il court sur 99 ans sans intérêt.» «Qui sait nos petits enfants feront peut-être la paix et voudront le rembourser.» «Qui sait..... »
«Avant de nous quitter, dit Nelson, je souhaite que le capitaine Bush prenne connaissance d'une partie de ses ordres, car ils vous concerne tous.»
Il tendit deux enveloppes à Bush, l'une était à ouvrir seulement après avoir passer l'équateur. Bush se dit qu'il partait pour les Antilles, il ouvrit la seconde. Et se mit à lire, au fur et à mesure son visage reflétait l'incrédulité....
Nelson l'interpela, « Et bien Bush quel effet cela fait d'être dés à présent Le commodore Bush » « Le seul commodore à qui l'amirauté, de mémoire de marin aura offert un voyage de noce le jour de son mariage,... car c'est bien d'un voyage de noces dont il s'agit mes amis, Bush et sa femme vous accompagnent à Pondichéry pour y passer leur – Honney-moon; leur 'Lune de miel' »

Il y eut des poignées de mains des embrassades, tout le monde était ravi.

Mais le temps de Nelson était compté; il pria donc se invités d'aller expliquer tout cela à la future mariée. Et de l'aider à se changer pour la célébration du mariage qui aurait lieu dans deux heures sur le pont.

Nelson demanda à Bush de rester un moment.
Horacio: « Alors qu'en penses-tu? Ai-je été suffisamment généreux? »
Bush: « Oui si l'on veut, avoue que ça t'arrange qu'ils te débarrassent des Français de Toulon qui ne voulaient pas aller en Corse. » « Sans compter que 2.000 bouches à nourrir seraient devenues vite un problème, bien plus insoluble s'ils avaient été dirigés vers Portsmouth et ses pontons déjà plein à craquer. En y réfléchissant, je saurais m'en souvenir la prochaine fois que tu seras généreux avec moi, je me méfirai »

Busch ajouta cette phrase, qu'il avait appris comme exemple de grammaire latine: « Timeo Danaos et dona ferentes »(ce qui peut se traduire librement par: je crains les Grecs, quand il font des cadeaux »
Horacio « Ah bon! Tu ne veux pas de mes cadeaux. Moi qui ne suis pas Grec, et qui suis ton ami? » «  Même pas, si je te dis que cette seconde caisse contient la même somme que celle des Français et quelle est à toi? Es tu sur que tu n'en veux pas? »
Bush « Que veux tu que je réponde à ça? Je suis peut-être censé dire: « Qui faut-il tuer pour ce prix là? Dois-je couler les deux vaisseaux de ligne et leurs 2.000 occupants au passage de l'équateur? »
Horacio « Non! Rien de tout ça, encore que faire passer tout ce beau monde, comme tu dirais si bien  « Ad patres » aurait pu être une solution définitive. Mais vois-tu je n'ai pas l'esprit aussi tordu que le tien. » «  Non, c'est sérieux les 100.000£ que contient cette caisse, te sont confiées. Ces fonds seront nécessaires à la réussite de ta mission. Tu pourras en user comme bon te semble. Si tu réussis, il seront la juste rémunération de ton talent. »
Bush « Et si j'échoue, je devrais rembourser le capital et les intérêts ? »
« Tu sais » dit Nelson fataliste, « Si tu échoues, tu pourras toujours te reconvertir à la piraterie, monsieur le Commodore. Je préfère ne pas te dire en quoi consiste ta mission, ici les murs ont des oreilles. Il y a tellement d'espions à Gibraltar, que je ne suis pas sur de connaître tous ceux qui servent l'Angleterre. Soit prudent, tu repars avec La Tamise, et tu as hérité de quatre passagers, dont un parle l'Anglais et te servira d'interprète auprès des autres, à moins que tu ne parles le »Bengali »
Bush « Ah! parce que ma mission se situe au Bengale? »
Nelson « Je n'ai pas dit ça » « Ils ont été choisis pour leur métier, non pour leur dialecte. Et puis n'essayes pas de me « Tirer les vers du nez » comme disent les Français. Viens donc on va te marier. »« Quittes donc cet air de condamner à mort, on ne va pas te pendre....encore que....et dit toi qu'avec 100.000£ à Pondichéry tu seras comme un Nabab, c'est le cas de le dire,.... pense à moi, pauvre fou, qui n'ai pas eu la chance de rencontrer Serena avant toi. »
Bush « Mais tu en as rencontré bien d'autres, si on en croit la rumeur. »
Horacio « Oh! tu sais, il y a beaucoup d'exagération dans tout ça. Si je reste cinq minutes avec une femme dans sa chambre, dés le lendemain elle passera pour être ma nouvelle maitresse. Mais comme je dis dans ces cas là;  « Cinq minutes, mais c'est beaucoup trop court... » Il s'esclaffa,très content de lui.





Une cérémonie de mariage menée tambour battant:

Les deux hommes arrivèrent sur le pont, alors que Serena attendait entourée d'une cour d'admirateurs, qui la dévoraient littéralement des yeux.

Bush se fit la réflexion qu'elle était très belle, et se demanda qu'est ce qui à ses yeux pouvait le rendre différent des autres.


Serena le vit planter là, comme au garde à vous; perdu dans ses pensées, elle s'approcha et lui demanda:

Serena « Comment je dois t'appeler dorénavant, « Commodore-chéri » ou bien « Mon- commodore adoré;» Ou encore « Commodore de mon coeur »?
Bush « Que dirait tu plus simplement de: « Chéri » ou « Mon coeur »?
Serena; « Oui peut-être... je ne suis pas certaine... » « Au fait à quoi pensais tu, tout à l'heure, à notre vie à Pondichèry? Ou au fait qu'il n'y a pas de lit à deux places à bord de La Tamise? »
Bush: « C'est vrai,... il nous faudra prendre une chambre dans une auberge, en attendant que le charpentier ait aménagé ma cabine. Mais ce n'est pas à cela que je pensais, je te regardais, et je me disais que je ne connaissais rien de plus beau sur la terre. »
Serna: « Ou....là....là....viens donc avec moi, on nous attend pour nous marier. Et tu connais le dicton  « L'amour rend aveugle, le mariage fait retrouver la vue » dans ton cas le mariage est une urgence.


La cérémonie fut empreinte de gravité, mais très courte. Le temps était chaud sans plus, tous les marins qui devaient suivre Nelson avaient déjà la tête dans les voiles, et s'imaginaient déjà en mer.
L'aprés-midi touchait à sa fin, lorsque les canots firent la navette, pour ramener les invités à leur bord respectif.
Les jeunes mariés furent étonnés d'apprendre, que le second de La Tamise, avait trouvé à louer une charmante villa dans les pins. Depuis la terrasse de laquelle, ils avait une vue plongeante sur la baie.
La fin de journée est une heure bénie, au bord de la Méditerranée. La lumière rasante donne aux feuilles et aux pétales une transparence unique. Les couleurs sont comme ambrées, orange et jaune. Certaines fleures, attendent ce moment pour exhaler leur parfums de miel. Quand le jasmin et le laurier rose, jouent à qui sentira le plus fort, et que c'est une glycine qui l'emporte. il suffit de rajouter la subtile fleure d'oranger et l'incomparable rose, pour comprendre l'expression: « Tous les parfums de l'Orient »

Vus de la terrasse, les bateaux posés sur l'eau calme de la baie, faisait penser à des petits jouets passés à l'or fin. C'est ce que pensait Bush à cet instant.

Comme il est dit dans les contes; « C'est dans ce décor de rêve, qu'ils coulèrent des jours heureux » Et ils n 'étaient pas les seuls.

(Chère lectrice, que pensez-vous de ce 'Rayon de miel', dans ce monde de brute? Peut-être que les grands hommes ont un coeur, allez savoir?)

Un avenir rose et 'Or' s'ouvre devant nos héros:

On fixa une date et une heure de départ. Les équipages furent autorisés à aller à terre; pour peu qu'il y ait un quart en permanence à bord. Il y avait du travail. Beaucoup de travail; principalement le ravitaillement nécessaire à un si long voyage.

Pour les achats, on pouvait compter sur Bois Dambert, c'était son métier. Il eut tôt fait d'ouvrir des grands livres de compte, et mit en place une comptabilité.
Ce n'est pas celle du bord qui posa le plus de problème, mais les comptes individuels.
Les officiers après en avoir délibéré, tombèrent d'accord qu'il ne fallait pas distribuer de l'argent aux équipages, mais qu'il fallait leur indiquer la valeur approximative de leur part.

Bois Dambert porta sur ses registres une rubrique pour chacun, donnant une estimation de la part. Il garda une réserve pour donner de l'argent de poche à chaque escale, le principe étant que la somme serait à peine suffisante pour se désaltérer, et pas suffisante pour se saouler, ou se faire plumer par les filles de joie.

Bois Dambert utilisa la menace suprême. Que « tout homme qui raterait le départ, perdrait automatiquement sa part, celle ci réintégrant le pot commun. »
Tout le monde était d'accord, on donna à chacun un ordre de grandeur pour sa part, en valeur maison, ou bétail, ou commerce.
Ces hommes qui il y a quelques mois, ne possédaient pas la valeur de la corde pour les pendre, étaient devenus riches. Du jour au lendemain, ils se mirent à faire des projets et à se poser des questions.

« Comment cela se passe-t-il si on vient à mourir. Est-ce qu'on peut désigner un héritier? »
A priori Bois Dambert se dit qu'il valait mieux refuser ce type d'arrangement , dans un abordage un mauvais coup est si vite arrivé, et vous voilà mort pour l'un, doublement riche pour l'autre.
En revanche, certains projets nécessitant de gros investissements, on autorisa les association allant jusqu'à six personnes. Parce que dans ce cas chaque individu avait intérêt à ce que tous les membres du groupe arrivent à bon port.
« Et pourquoi six? » Parce que six personnes sont nécessaires pour servir un canon de gros calibre. Et que cette équipe est très soudée. Leur efficacité dépend de leur coordination et de leur entente. Cela crée des liens particuliers.
Enfin une espèce de tribunal des prises fut élu pour étudier les cas litigieux. Son premier avis fut; « Que l'on pouvait admettre qu'en cas de mort naturelle la part restait dans l'association. »
Peu à peu ce tribunal eut à connaître tous les litiges. Quoi de plus naturel que de recréer les organes de gouvernement de l'état pour gérer un état qui comptait déjà 3.500 citoyens.
La Tamise ne faisant pas partie de la communauté, ne réclamerait pas de part de prise, pourrait même refuser de prendre part au combat.
Ce ne fut donc pas une période d'inactivité. Le docteur Dargenson avait tenu une sorte de journal intime, indépendant du journal de bord.
On pouvait y lire par exemple que la majorité des marins ne savaient pas nager. Que les premières leçons avaient eu lieu dans la baie de Gibraltar. Des vessies de porc gonflées d'air, avaient été fixées à la ceinture du nageur, qui tenait entre ses bras un petit tonneau de bois. On retirait les vessies une à une, et on remplaçait le tonneau par une planche, jusqu'à ce que le nageur puisse se passer de l'un et de l'autre. Néanmoins un quart des marins ne put jamais lâcher la planche. Le docteur en concluait, que les marins avaient peur de la mer, mais qu'en cas de naufrage beaucoup survivraient accroché à n'importe quel morceau flottant.

Toutes ces annotations avaient pour point de départ une observation d'entomologiste du genre humain. Par exemple pourquoi les marins Anglais ne mangeaient-ils jamais de poissons; alors que les Français avaient horreur du boeuf salé.?

A ce propos les entrepôts de Gibraltar regorgeaient de morues salées, qui bien conservées à l'écart de l'humidité pouvaient se garder indéfiniment. Ce que voyant; Bois Dambert fit une razzia sur les stocks. Les cours étant au plus bas, il en bourra les cales des vaisseaux de lignes, la moitié aurait suffit à nourrir tout le monde pendant six mois à condition d'en manger à tous les repas.
Ce fut une affaire commercialement profitable, car la morue salée était prisée en Ile de France, ou elle fut revendue cinq fois plus chère.

Un animal sur lequel tout le monde s'accordait était le porc. On fit donc une porcherie sur chaque vaisseau de ligne. Ce qui permit d'utiliser tous les déchets de la cambuse pour nourrir les porcelets. Le docteur était souvent appelé en consultation vétérinaire, car il y avait à bord de ces énormes vaisseaux, des poules pour les oeufs, des vaches pour le lait, et quelques moutons pour les jours de fêtes.

Toute une ménagerie, sans compter les animaux de compagnie, comme les chats, très utiles pour chasser les rats. Mais aussi des perroquets, des petits singes. Sauf des lapins, les marins croyaient que cela portait malheur.




- Les deux vaisseaux de ligne, l' Agricola un 84 canons et le Censeur un 74 canons.



En route vers les Indes orientales et peut-être vers la gloire


Arriva le jour du départ:

Ils étaient venus à quatre et repartaient à six, une véritable petite escadre.
La sortie se fit en bon ordre: En tête « Le Coureur ». Son rôle était de précéder l'escadre et de prévenir les autres du danger, mais en restant hors de portée de l'ennemi. Suivait « L'Alerte », qui jouait le rôle de bateau amiral, Gracay décidait de la stratégie à adopter. Venait « Le Censeur », un 74 avec plus de 1.500 hommes à bord. Puis le 'Ca ira' rebaptisée « L'Agricola » un 84 à peine moins chargé que sa conserve. A eux deux ils pouvaient bloquer une flotte entière dans un port. Puis suivait pour couvrir les arrières « La Tamise » la plus rapide en cas de besoin, elle saurait remonter à la hauteur de L'Alerte; pour donner la chasse. En serre file, à la limite de l'Horizon, « le flame » rebaptisé « La Flamme »veillait à ce que l'escadre ne soit pas suivie.

La vie à bord suivait son cours, un peu nonchalante du côté des français; avec plus de rigueur et de discipline côté Anglais.

Quatre personnes avaient quitté L'Alerte pour rejoindre La Tamise, Les jumeaux Outa et Simbad. Lea qui s'était liée d'amitié avec Serena; fut la première à demander son transfère, sous prétexte de s'entrainer à l'escrime avec elle. Sachant qu'il ne faut pas séparer des jumeaux, Bush proposa à Leo de suivre l'instruction des élèves officiers. Leo s'empressa d'accepter. Ne sachant pas à quoi s'attendre, il se réjouissait de revoir Serena, dont il avait visiblement « le béguin ». Outa et Simbad, devaient se charger de l'entrainement de l'équipage aux techniques d'abordage.
Tous les jours Leo rejoignait les jeunes aspirants, à l'heure ou le soleil est le plus haut sur l'horizon, pour faire le point. Lea se mélait souvent à eux, mais elle rendaient les jeunes gens nerveux. Cette nervosité pouvait s'expliquer par le fait qu'elle était très jolie et un peu mystérieuse, par là même « Désirable » comme avait dit Nelson.
Mais aussi parce qu'elle jonglait avec les problèmes mathématiques; « jongler » n'est peut-être pas le mot exact, « Jouer » serait plus proche de la réalité.
Donc elle ne se trompait jamais dans ses résultats, au grand plaisir de Bush qui menaçait les plus cancres, d'avoir à choisir entre une demi heure de révision du manuel, ou le même temps passé à croiser le fer avec Lea.
Jusqu'au jour ou il s'aperçut que certains rendaient des résultats erronés pour le seul plaisir de s'exercer à l'escrime avec Lea.

Ces exercices permirent de longer la côte de l'Afrique avec une précision chirurgicale; mais n'évita pas au convoi de rentrer dans le « Pot au noir »

Que faire sur un bateau qui marche au vent, quand il n'y en a pas?:

Tous les équipages se rendirent compte que leur bateau était encalminé, au fait que les déchets qui tombent forcément du pont, flottaient mollement, le long de la coque.
Comme cette immobilité forcée risquait de rendre les hommes nerveux; il fallu trouver des exercices pour les occuper.
On mis les chaloupes à l'eau pour tracter les vaisseaux. Pas dans l'espoir de sortir ainsi de cette zone, dont on savait quelle pouvait être de presque cent kilomètres. Mais pour avoir quelque chose à faire.
Lea fit un rapide calcul mental en tenant compte de tous les paramètres, vitesse de déplacement, nombre de canots disponibles, renouvellement des rameurs toutes les heures; il faudrait environ trois mois pour parcourir cent kilomètres. Personnes n'osa la contredire, il restait plus qu'a se résigner. Les réserves d'eau permettraient de tenir un mois, à raison d'un litre d'eau par personne et par jour.

C'est Leo qui eut cette idée brillante : « Si on profiter que les vaisseaux sont encalminés pour faire des exercices d'abordage.»

Sur le moment Bush croyant à une plaisanterie répondit

« Pour faire un abordage, il faut pouvoir manoeuvrer son bateau, dans le cas présent, à par simuler un abordage par des embarcations..... »,Au fur et à mesure qu'il cherchait des raisons pour réfuter cette proposition, son esprit lui soufflait qu'il y avait là une idée brillante, qu'il suffisait de creuser.
« Sais tu jeune homme; que la maturité aidant, tes idées stupides pourront devenir des traits de génie » « Simuler un abordage est tout à fait réalisable »

La discussion devenant publique et le débat trop houleux, ne permettant pas d'avancer; Bush reprit la direction des opérations.
Chaque équipage avait une journée pour présenter deux propositions. Quelles sont les mesures à prendre pour s'opposer à un abordage et comment préparer un abordage.
Les projets seraient présentés par des 'porte-parole' à un comité de sage. Comprenez un groupe de marins et officiers qui avaient déjà participé à un abordage.
On s'aperçut que des délais étaient nécessaires, pour entrainer les hommes et prendre des mesures de sécurité, afin que le jeu ne tourne pas au drame. Mais comment saurait-on si une équipe l'avait emporté sur l'autre? La meilleure solution comme au échecs il fallait s'emparer du  « Roi » comprenez de celui qui commanderait le groupe.
Pour les abordages par des canots on choisi de le faire de nuit.
Cela occasionna des discutions sans fin. En effet ceux qui ne participeraient pas à l'exercice, souhaitaient profiter du spectacle. En plein jour il semblait possible de satisfaire les non participants. De nuit c'était moins évident. Dans ce cas de figure, l'effet de surprise était déterminant, donc les spectateurs devraient avoir des sentinelles attentives pour battre le rappel dès le début d'une attaque.

Vue la situation d'immobilité ou se trouvait notre escadre, le sentiment de sécurité été maximum. Que pouvait-on craindre sur cette mer vide, lisse jusqu'à l'horizon. Réponse; une attaque de mouettes venues du ciel, et encore eut-il fallu être plus prêt de la côte
On se prépara donc. On s'entraina avec sérieux. On passa des nuit à guetter le moindre grincement d'avirons dans les tolets. Aucune autorité supérieure, aucune discipline de fer n'aurait fait mieux que le sens de la compétition qui animait ces hommes. Ils devaient défendre leur bateau, et ils le feraient au péril de l'honneur, dans ce jeu, comme au péril de leur vie, dans la bataille.

On exigea que les participants portent un gilet de protection. On fabriqua des armes en bois. On interdit l'usage des armes à feu même en tire à blanc. Les brulures provoquées par les bourres enflammées, pouvaient être fatales pour un homme ou mettre le feu à un navire.
Donc on s'entrainait à bord de La Tamise, très sérieusement.
Leo avait pris le poste de vigie sur la hune du grand mât, lorsqu'un marin monta prendre la relève.
Jackson: « Qu'est ce que tu as comme consigne à me passer, petit ? Demanda t-il en se glissant par le « trou du chat » aux cotés de Leo.
Leo: « Rien à signaler, il faut quant même faire un tour d'horizon pour le cas ou le changement de couleur de la mer annoncerait une risée. »
Jackson: « Tu ne va quand même pas m'apprendre à péter des fois? » Grogna le matelot tout en faisant un grand sourire, il ajouta « t'es trop jeune mon gars. »

Leo lui rendit son sourire.

Leo: « Vous n'avez en effet rien à apprendre sur ce sujet, maitre Jackson. » « Je vous ai entendu l'autre jour sur le pot. On aurait dit une bordée de 74. Je me demande comment les membrures ont pu résisté. »
Jackson éclata de rire: « Allez débarrasses moi le hunier, avant que je t'apprenne à voler comme un « fou» « De Bassan» « car tu n'as même pas l'excuse d'être de Bassan. »

Leo entreprit de descendre le long des haubans. Il atteignit la barre de cacatois et se mit à courir sur la vergue, un exercice de funambule qu'il aurait pu exécuter sur une corde; mais là le pont était quarante pieds plus bas. Tous les yeux étaient fixés sur lui, on ne pouvait pas dire qu'il ne faisait cela, que pour les beaux yeux de Serena.
Leo arriva au bout de l'espar, sans s'arrêter, il se lança sur le bras de vergue et glissa une main après l'autre. Arrivé à deux mètres du pont, il sauta et atterrit avec élégance sur ses pieds nus, les genoux fléchis pour amortir la chute.
Lea s'approcha et lui demanda « C'est tout... et avec les oreilles qu'est-ce que tu sais faire?....Qui crois tu impressionner...pas moi en tout cas »
Leo faillit lui dire que ce n'était pas elle qu'il avait essayé de bluffer. En réalité il ne dit rien. Il se retourna car il venait d'entendre un son inarticulé, qu'il avait identifié.

Leo ignorait tout du passage de l'adolescence à l'age adulte, mais il apprenait vite:

Seul un homme à qui on avait coupé la langue, pouvait hurler ainsi, et Simbad était le seul à émettre des sons aussi inhumains. Leo s'entraînait souvent au sabre avec Simbad, il le connaissait bien. Simbad lui lançait un défi. Il fit face, à ce géant, et vit l'éclair de l'acier avant d'entendre le sifflement d'une lame. Le coup passa largement au dessus de sa tête, mais il se baissa, par pur reflex. Il recula alors que Simbad faisait des moulinets avec son cimeterre, il senti la manche de son pourpoint piquée et tirée vers le bas, le cuir se fendit jusqu'au poignet.
« Lea, un sabre ! » Cria -t-il en continuant à faire face. A contre jour, il voyait dans cette masse noire, deux yeux qui brillaient de fureur, le blanc de l'oeil injecté de sang. Leo n'avait jamais vu Simbad dans cet état. Il savait qu'il fumait du hachich, et pensa qu'il pouvait être sous l'emprise de la drogue. Leo fit un bond de côté pour éviter l'assaut suivant, il senti sur sa joue le déplacement d'air que provoqua la lame en l'effleurant. Il entendit à sa droite le raclement d'un sabre qui glissait sur le pont. Il se baissa, saisit la poignée, qu'il reconnu comme celle de son arme personnel .
Il se mit en garde. Comme le lui rabâchait Bush, un oeil vers les yeux de l'adversaire, l'autre sur les pieds. Les pieds bougeront avant les mains. La lame haute, viser les yeux avec la pointe du sabre. Face à la menace de Leo, Simbad différa son attaque. Et quand Leo sortit de sa ceinture une dague de trente centimètres, et la brandit de la main gauche, Simbad eut une grimace d'approbation. Ils se tournaient autour, les lames se croisaient, se heurtaient sans s'engager, chacun cherchant une ouverture dans la garde de l'autre.
Tout l'équipage faisait cercle, chacun avait son favori. Les encouragements étaient à la hauteur des enjeux:

« Coupe lui les choses Leo! »
« Plume lui la queue Simbad! »

Simbad porta une estocade soudaine, Leo dévia la lame, mais Simbad redoubla son attaque en visant la tête. Les coups étaient si violents que Leo du bloquer le sabre avec ses deux armes croisées. La parade fut saluée par des cris d'admiration. Leo avait reculé sous la violence du dernier assaut, il rompit à nouveau, et encore, Simbad ne semblait nullement fatigué et ne laissait aucun répit à Leo. On sentait le découragement dans les mouvements du jeune homme.

Les spectateurs qui avait pariés sur Simbad commençaient à triompher. Leo sentit le mât dans son dos, il ne contre-attaquait plus, il ne faisait que se défendre, et encore sans grande conviction. Une fois de plus Simbad varia son attaque. Il écarta la garde de Leo, la pointe du sabre glissa le long de l'oreille de Leo et entama le lobe.
Lea ne put se retenir de commenter  « Continue comme ça et tu auras droit à une nouvelle boutonnière, chaque fois que tu te battras comme une femmelette »

Leo n'en pouvait plus, il essuya d'un revers de main le sang qui coulait de son oreille jusque sous son menton. Comme disait le docteur Dargenson, après le cuir chevelu, c'est le lobe de l'oreille qui saigne le plus. Les marins riaient et se moquaient,

- On entendit cette réflexion « J'aurais jamais du parier sur ce gamin, il a plus de sang que de tripes »

C'était plus que Leo ne pouvait supporter. Il s'imagina qu'il ne pourrait plus jamais regarder Serena en face. Son orgueil de mâle fit le reste.
On assista alors à une transformation incroyable.
Leo se remit en garde, son visage était blanc de rage, ses lèvres pincées et ses yeux vides, le sang goutait depuis son oreille jusque sur son torse, il ressemblait à un zombi.
Il courut sus à Simbad; si vite, que celui ci ne pouvait que rompre, devant cet assaut.
Les deux mains de Leo semblaient obéir à des ordres différents, comme si un lob de son cerveau guidait le sabre et l'autre la dague. Chaque fois que Simbad croisait le fer avec l'une ou l'autre des deux lames, il devait faire appel à toute sa force pour les repousser.
Leo avait toujours était doué pour les acrobaties, il utilisa cette agilité pour entrainer Simbad vers la bordée. L'expérience accumulée durant les séances d'entrainement, revenait à sa mémoire par tableaux successifs. Chaque nouvelle attaque, ou nouvelle parade devenait un problème à résoudre, la solution lui paraissait évidente, comme lorsqu'il faisait des parties d'échecs contre Simbad. Les échecs en disent long sur la manière de penser de l'adversaire, on ne peut gagner que si l'on a toujours un coup d'avance.
Les acrobaties; sauter par ci, sauter par là, les parades, les fausses attaques, permettait à Leo de s'économiser et surtout de récupérer.
Devant cette maitrise retrouvée, les marins hurlaient de joie, les mêmes sans doute qui réclamaient sa tête tout à l'heure; l'encourageaient maintenant.
Simbad ne changeait rien à son style, qui avait fait ses preuves jusqu'à ce jour.
Il pensait seulement « Il va finir par se fatiguer avec toutes ses singeries »
Mais les deux lames continuaient leurs danses maléfiques, jetant des éclaires à deux doigts de ses yeux.

Qui aurait pu penser qu'un jour Simbad aurait peur? Or le visage de Leo lui faisait peur.

Simbad croyait qu'un démon (un djin) pouvait prendre possession d'un corps. Ceux qui étaient envoutés ne ressentaient ni la douleur, ni la peur de la mort; car ils étaient comme des morts vivants des 'zombi'. Leo ressemblait à un zombi.
Simbad sentit que sa vie était en danger.
Sur une estocade poussée à fond avec le bras gauche; Leo masqua son bras droit qui faucha l'air au moment même ou le cimeterre entrait en contact de la dague, Simbad tenta de rompre pour éviter de se faire couper le poignet; il n'y parvint qu'en partie. Le sabre de Leo glissa de son bras le long des côtes de Simbad. Le coup n'ètait pas mortel, mais sur tout autre que sur ce géant, il aurait terrassé l'adversaire. Le sang coulait, l'honneur était sauf, on pouvait arrêter le combat .

C'est le sentiment que traduisaient les cris de félicitation de l'équipage. Mais Leo ne les entendaient pas. Il poussa au contraire son avantage du bras gauche. La pointe de la dague visaient les yeux de Simbad. Il rompit le long de la bordée, mais ne vit pas l'anspect ranger le long du canon. En mettant le pied dessus, il perdit l'équilibre et son coude heurta violemment l'affut du canon. La douleur caractéristique d'un coup porté précisément à cet endroit a pour effets, d'engourdir l'avant bras et faire perdre toute force dans la main.

Simbad chuta sur le dos, le cimeterre roula sur le pont. La mort le contemplait, il voyait sa grande faux qui prenait son élan, il recommanda son âme à « allah ».
Alors que l'équipage tétanisé, s'était brutalement tu. Le silence fut rompu par le cri que poussèrent Lea et Serena.
Elles n'avaient fait qu'un bon vers Leo accompagné d'un  « Nonnnn......! » qui résonna comme un coup de feu.
Leo sursauta, il battit des yeux, sa poitrine se relâcha, il expira l'air trop longtemps retenu, il regardait les deux femmes, les bras ballants. Il fallu leur aide pour ouvrir les doigts crispés sur la poignée de ses armes, tout seul il n'y serait pas parvenu.

Bush s'approcha et entourant les épaules de Leo il lui tendit un mouchoir.
Il lui parlait tout bas, comme on fait lorsque l'on veut éviter d'effrayer un animal.

viens avec moi dans ma cabine, je veux te montrer quelque chose.

Mais Leo, ne semblait pas l'entendre, il se dirigea vers Simbad et tomba à genoux et les yeux pleins de larmes, il lui dit « pardon » dans le langage des signes. Simbad ne répondit pas, trop ému pour faire autre chose qu'ouvrir ses grands bras et serré Leo sur sa gigantesque poitrine. Ce geste qu'il ne s'était jamais autorisé jusque là; aurait pu se traduire par « Je t'aime mon ami »  « J'ai eu tellement peur de te perdre »

Leo leva les yeux vers Bush et le suivit dans sa cabine.

Si leo n'était plus un enfant; il fallait lui parler comme à un homme:

Arrivé dans la grande chambre, le ton de Bush changea du tout au tout; il apostropha Leo en anglais preuve qu'il était en colère.

« Ne va pas t'enorgueillir et te pavaner comme un paon qui fait la roue, en sortant d'ici. Simbad à jouer avec toi, comme le chat avec une souris. Il aurait pu t'embrocher dix fois avant de trébucher sur cet anspect. »
« Tu mourras avant de devenir une fine lame. A moins que tu ne retrouves cet état de grâce qui t'habitait dans la fin du combat. Mais tu dois te battre dés le début d'un engagement. Tu ne peux pas attendre d'être en colère ou blessé, pour laisser parler ton talent, tu risques de ne pas survivre à une première blessure. »
« Tu peux t'en aller maintenant, va donc rassurer tes adoratrices, je crois que tu leur à fichu une sacrée trouille. »
Content d'en avoir fini avec les sermons, Leo se glissa par la porte, et trouva les deux femmes qui l'attendaient.
Lea: « J'espère que tu t'aies bien fait sonner les cloches »
Serena: « J'ai du perdre deux ans d 'espérance de vie d'un coup, je crois que mon coeur s'est arrété de battre »
Leo prit l'air déçu: «  Et moi qui ai tout fait pour qu'il batte pour moi, j'ai obtenu l'effet inverse, décidément, je ne sais pas m'y prendre avec les femmes »
Serena « Ah bon! Les femmes, elles ont donc étaient plusieurs avant moi »
Lea: « viens, laissons le rêver »
Serena « Non attend! Je veux savoir. Alors elles ont été combien...tu ne réponds pas? »
Leo: «............ attends un peu.... je compte !»
Lea: « Vantard et pas drôle » « Viens donc Serena je voudrais ton avis à propos d'un plastron que j'ai amélioré »

Après cet intermède imprévu chacun repartit vers ses occupations.
Le docteur, qui servait d'historiographe dans cette expédition; n'avait pas grand chose à écrire dans son journal. il prit la décision de faire le tour des bateaux, pour s'inquiéter de l'état de santé des équipages.

Il arriva sur « La Tamise » pour apprendre les raisons des cris qui s'étaient entendus jusque sur « L'Agricola », il regretta d'avoir manqué ce morceau de bravoure.
Il ne s'attarda pas sur le pont, il n'y avait pas d'urgence médicale, rien que les bobos habituels que Lea et Serena savaient soigner. Dargenson trouva Bush penché sur une carte des Mascareignes. Il lui demanda:

Dargenson: « Vous avez l'air soucieux, quelque chose ne va pas ? »
Bush: « Non tout va bien nous n'avons pas bougé depuis trois semaines, l'eau devra être rationnée bientôt. Mais à par ça.... »
Dargenson: « Ne me faites pas croire que la solution se trouve sur cette carte. »
Bush: « Non, bien évidement, je me demandais comment nous serions accueillis à Port Louis, de vous à moi, Pondichéry ne me semble pas le meilleur endroit pour créer une communauté de colonisation. Peut-être les Seychelles, on dit que ces iles sont protégées des cyclones, qu'en pensez vous docteur? »
Dargenson: « Il y a plusieurs questions. Donc je vous ferais plusieurs réponses. »« Non Pondichéry n'est pas l'endroit rêvé pour une colonisation française, trop prés de Madras, Les petits chefs de guerre du coin ont tout intérêt à entretenir l'instabilité dans la région. La guerre est leur raison de vivre. »
« Doit-on s'attendre à être bien accueilli à Port Louis ? Cela va dépendre du droit d'entrée que nous devrons acquitter.» «D'un côté ces gens sont loin de Paris, ils n'ont pas eu à subir la terreur. Cela les rendra-t-il plus conciliants pour autant? »
Bush: « Il paraît qu'ils ont de gros problèmes d'approvisionnement et que se serait une des raisons de la multiplication des corsaires à Port Louis. »
Bush: « En somme les français n'ont aucune haine particulière pour les Anglais ou les Hollandais, ils manquent de tout ce que transportent les bateaux de la compagnie des indes orientale ou de quelque nationalité que ce soit. Et même si la France fait la paix avec toutes les nations du monde, les corsaires des Mascareignes continueront à agir comme de vrais flibustiers. »
« De nos jour on finance un corsaire ou un négrier sur des fonds privés, La somme de départ n'est d'ailleurs pas énorme. Les bénéfices sont rapides et peuvent même dans certains cas représenter de véritables fortunes. »
Bush voyait bien que Dargenson avait comme lui longuement réfléchi à la question. « Plutôt que d'installer la communauté sur l'ile de France,
mieux vaudrait choisir une ile proche, pas encore trop convoitée. Que diriez vous de Madacascar ? »
Dargenson: « A première vue, cette ile continent devrait offrir de réelles possibilités. Et pour l'entomologiste que je me targue d'être; c'est un paradis. Reste que l'ile de la Réunion avec son caractère volcanique ouvre aussi de bonnes perspectives. »
Bush: « Mais docteur vous ne m'avez pas dit la raison de votre visite. Vous aurais-je détourné de votre projet ? »
Dargenson: « Merci de me rappeler que je suis un bavard invétéré. » « je voulais savoir ce que vous aviez fait des fusées du feux d'artifice destinés à fêter votre mariage ? »

Serena en garde.