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L'exploration des Mascareignes.


Mais ce jour là les docteurs allaient assister à la vengeance des mangoustes.

Les matelots travaillaient, seulement vêtu d'un pantalon long aux jambes très larges, ce qui laissait passer le vent et donnait beaucoup d'aisance dans les mouvements.
L'un d'eux travaillait couché sur le dos sur la partie la plus basse de la quille.

Dans le groupe des mangoustes, les moins bien servi étaient les jeunes. Il fallait qu'il s'emparent d'une coque avant les adultes. Pour ce faire ils ne pouvaient compter que sur leur rapidité.

Ils se déplaçaient avec vivacité attendant un moment d'inattention, pour voler un morceau par ci; une coquille vide par là.

Un jeune se faufilait le long de la quille, fouinant dans les algues encore accrochées.

C'est donc par accident qu'il s'enfila dans la jambe du pantalon du matelot.
Lequel surpris par cette chose mouillée qui lui faisait des chatouilles; sauta sur ses pieds en hurlant et en dansant sur place

En fait; il sautait d'un pied sur l'autre, en poussant des « Ouille! ...Aîe! ...Hi ! Hi ! Hi !...Aïe ! Aïe ! Hi ! Hi! HI !......etc »

Tout en se contorsionnant; il tentait d'attraper la bestiole à travers le tissus. La mangouste était très petite et son poil mouillé ne facilitait rien.

Pourtant a un moment donné, le marin la choppa à pleine main juste sous sa ceinture.

La pauvre bête enfermée dans ce piège, se sentit saisie comme par des mâchoires.

Elle dut croire sa dernière heure arrivée. L'instinct de survie et la panique devaient envahir le cerveau de cette pauvre bête. Se sentant soulevée, elle s'agrippa à ce qu'elle put.

Disons à ce qui était à portée de ses griffes et de ses dents. Elle enfonça les deux dans les parties les plus intimes du marin.

De petits cris de souris chatouilleuses, on passa directement au brâme du cerf en rut.

La douleur fut telle qu'il lâcha le pauvre animal; lequel chut dans la sable et s'enfuit en sifflant sa rage.

Les matelots étaient pliés de rire et au lieu de plaindre leur confrère ils se moquaient de lui
« C'est bien fait, tu y regardera a deux fois avant de faire des cochonneries aux mangoustes! »

Le docteur emmena le pauvre homme à l'écart, pour juger de l'étendu des dégâts.
Verdict « On allait pouvoir éviter l'amputation » remède « Une demi heure de bain dans l'eau de mer deux fois par jour » « Au bout d'une semaine il n'y paraitra plus. »

Dargenson avait découvert que pour les marins l'eau de mer était la panacée universelle. Comme il manquait souvent de baumes ou d'onguent, il soignait les « bobo » à l'eau de mer. Et les marins disaient qu'il était leur ange gardien, comme quoi il n'y a que la foi qui sauve.

Trop d'inaction tue l'action:

Les deux mois s'étaient écoulés, sans faits nouveaux, sinon que Lea et Serena, avaient recueilli une portée de quatre bébés mangoustes pas encore sevrées, abandonnés tremblantes et affamées.
Avec l'aide du bon docteur, il fallu les nourrir toutes les deux heures, d'un mélange de lait de chèvre sucré, enrichi à la graisse de baleine.

Leo prenait des paris sur le nombre de jours que mettrait sa soeur à tuer définitivement les pauvres bestioles.

Contre toute attente elles survécurent.
Sur les conseil de joachim, qui tenait cette recette d'un bouvier Massail, on passa progressivement au biberon de lait de zébu, mélanger à du sang de porc.

- Leo avait perdu son pari avec le lait de chèvre à la graisse de baleine.
Mais sur le biberon Massail, Leo perdit plus encore.

Les quatre bébés mangouste confondant Lea avec leur mère. Elle du faire leur éducation.

Une sorte de communication à base de sifflement, s'établit entre Lea et ses protégés.
Elle prétendait comprendre la signification de leur cri, inversement elle utilisait les sifflets de la maistrance pour parler à ses protégés. Si elle imitait le signale d'alarme des mangoustes, celles ci se rassemblaient immédiatement pour se mettre sous sa protection.
Le problème c'est quelle essayaient de se cacher dans ses poches, sous sa chemise, dans ses manche, et plus elles grossissaient, moins elles trouvaient ou se faufiler.

En peu de temps elles découvrir un jeu passionnant, la chasse aux rats. Personne ne s'en plaignait, le seul problème c'est quelles ne les mangeaient pas, elles se contentaient de les tuer et de les ramener fièrement sur le pont. On prit l'habitude de les féliciter en leur donnant une friandise et de jeter le rat par dessus bord.

C'est donc dans une ambiance d'arche de noë, qu'allait se terminer l'année, quand une nouvelle arriva qui fit l'effet d'une bombe.

Les deux bricks avaient rejoints Simon's bay, avec la rançon reprise à Dutertre, l'Hermite avait préféré resté sur le Coureur.

Ils devançaient d'une semaine au plus une flotte anglaise importante, ils avaient vu deux groupes, qu'ils évaluaient à une quinzaine d'unités, en gros dix 74 et 5 frégates. Leur destination ne faisait aucun doute; Le Cap allait passer sous contrôle anglais.

(Chère lectrice, je sens que l'inaction vous pesait aussi, mais ne vous inquiétez pas, les affaires reprennent)


4- L'exploration des mascareignes


'Alea jacta est' avait dit Dargenson en apprenant l'arrivée de la flotte Anglaise.

Joachim vint voir bush pour lui dire:

Joachim: « Je suis prêt à appareiller avec 'La Résolution' et la 'Le Vasa II', nous vous proposons de compléter vos avitaillements et vos équipages si vous le souhaitez, et en convoi faire route sur Tamatave à Madagascar. Je ne vous cache pas que je transporte un véritable trésor de guerre et qu'en cas de rencontre avec les anglais je m'enfuirai sans combattre. Ce n'est pas par couardise, mais ce sont les ordres que j'ai reçu. »
Bush: « Merci de ta franchise, je vais réunir les mêmes personnes que celles que vous connaissez déjà, cela vous pose un problème si j'invite Pierre l'Hermite ?
Joachim: « Non pas le moins du monde, il est normal que tous les officiers soient au courant de votre stratégie. »

Il fallu moins d'une heure pour que tout le monde se retrouve sur La Tamise.

Bush salua tous les participants à leur arrivée à la coupée.
Bush: « Je ne vous apprendrai rien sur les deux escadres anglaises qui convergent vers le Cap. Nos forces seraient suffisantes pour en affronter une, mais pas deux. » « Notre intérêt sera, en cas de rencontre, de ne perdre aucuns bateaux, pour se faire, nous allons éviter de passer par le canal du Mozambique, notre point de ralliement si nous sommes séparés, sera Tamatave sur la cote est de Madagascar. Puis les seychelles , c'est encore un endroit qui n'a l'air inféodé à aucune grande nation européenne »
« Je vous libère vous avez sans doute des détails à régler. »

Maman-France et ses protégés avaient décidé de s'occuper de l'hôpital et resteraient à Simon's baie.

Dans les jours qui suivirent, Simon's bay se peupla d'une quantité impressionnante de bateaux aussi divers que variés.
Le spectacle était plaisant à regarder, mais les équipages n'étaient pas au repos. Il fallait refaire les réserves d'eau, toutes les barriques avaient été vidées et nettoyées, mais pas remplies.

L'eau de la cascade qui se trouvait à cinq cent mètres du village était claire et buvable en amont du village. Dargenson déconseillait de remplir les réserves des bateaux avec de l'eau prise au bord de la plage, en traversant le village elle charriait forcément des déchets .
En revanche si l'on pouvait faire passer l'eau de la cascade directement au port par une rigole surélevée, on aurait la meilleure eau qui soit. Bush fit remarquer qu'on n 'avait pas le temps de construire une canalisation en planche, avec les tréteaux, de remplir les barriques, de démonter et de ranger le bois à bord en une semaine; Car il n'était pas question de partir sans ce bois. Bien sur, on rentrait dans la saison des cyclones les grains étaient quasiment journaliers.

On ne pouvait pas s'en remettre au caprices du temps, pour résoudre le problème.

Que la rivière soit et la rivière fut :

La solution arriva une fois de plus d'où on ne l'attendait pas.

Personne n'aurait penser demander aux pêcheurs de perles de résoudre un problème de génie civile. Et pourtant leur chef Otto vint voir Bush pour lui expliquer comment dans son pays on amenait l'eau depuis les sources en montagne; jusqu'aux village au bord de l'eau. Parfois sur des dizaines de kilomètres. Il utilisaient des bambous fendus en deux dans le sens de la longueur, ce qui donnait des gouttières très légères et très solides. Selon lui il ne faudrait pas plus de trois jours pour mettre tout en place, et il ne serait pas nécessaire de rembarquer les bambous.

Aprés s'être renseigner auprès de la population locale, on localisa une petite bambouseraie à quelques kilomètres le long de la côte. On y envoya deux yoles avec vingt matelots, ceux qui utilisaient la hache dans les abordages. Simbade serait le chef de cette équipe, les jumeaux le suivirent.

Pendant ce temps le chef des plongeurs, de son nom Otto, avait fabriqué une maquette.
Il était évident que dans un environnement, qui tenait plus de la tour de Babel, que d'une école de langue, un bon exemple vaut mieux qu'un long discours.

Dans la série des petites astuces qui font gagner beaucoup de temps.
Une fois les bambous coupés, les marins se préparaient à les monter à bord des yoles. Les jumeaux leur firent remarquer qu'un bambou flotte naturellement sans se remplir d'eau, qu'il suffit de faire des radeaux, eux mêmes chargés de bambous et de faire tirer le tout à la voile par les yoles.

Il suffit d'une journée pour amener les matériaux à pied d'oeuvre. Comme on ne manquait pas de bras, une autre journée suffit pour monter l'aqueduc. Il y avait pléthore de bambous on doubla la rigole, ce qui permettait de remplir deux tonneaux à la fois et ce directement dans les canots sans avoir à les sortir comme c'était l'habitude.

En trois jour toutes les réserves étaient pleines.

Comment le feu d'artifice remplaça le feu grégeois:

Dargenson était émerveillé par l'habileté manuelle d'Otto, et par les multiples application du bambou. Un matin Otto demanda si on pouvait lui donner une fusée de feu d'artifice.
Il utilisa la poudre quel contenait pour confectionner des cartouches montées sur des sortes de flèches, dont l'empennage était des ailettes de bambou. Il demanda que l'on mit à l'eau un tonneau surmonté d'un petit mat et d'une voile. Il installa sa batterie de tubes lanceurs de flèches sur le passavant . Il régla l'inclinaison de la rampe de lancement, rempli une rigole transversale d'un peu de poudre et mit le feux à un bout. La poudre fusa en un éclaire rapide, mais il ne se produisit rien d'autre au grand dame de l'assistance.

Otto leva la main pour demander le silence et montra les petites fumerolles qui sortaient des mèches de chaque fusée. Et tout à coup comme une bordée de canons les flèches partir en direction du tonneau. Sur les six projectiles, deux passèrent au dessus, un se planta dans le bois, et trois s'accrochèrent dans la toile, qui s'embrasa quasi instantanément.


Otto eut droit à une ovation bien méritée, Bush le félicita et le nomma immédiatement au grade de canonnier chef. Puis il voulu savoir pourquoi les flèches n'avaient pas traversé la voile, et s'y étaient accrochées. Otto lui montra une flèche neuve, le bout était un trident avec des ardillons. Otto donna d'autres précisions.

Otto: « Les canons en bambou est depuis longtemps utilisés par les chinois. Qui passent pour les inventeurs de la poudre à canon. Peut être des feux d'artifices et auraient donc étaient à l'origine des armes à feu. »
« Dans tous les cas les Bengalis se servent de canons de bambou pour pêcher de petites baleines, la flèche servent de harpon, elles sont munie d'une corde fine. »« Lorsque les harpons sont plantés dans le dos de l'animal, on attache un bambou au bout de la corde et on le jette par dessus bord. La baleine remorque ainsi des bambous qui la fatiguent, l'empêche de plonger. Elle finit par mourir d'épuisement. »
Bush demanda à Otto s'il pouvait faire construire des rampes de lancement de flèches assez grosses pour enflammer les voiles de gros vaisseaux.
Otto dit que « s'est possible » « il suffit qu'il choisisse lui même les bambous et qu'il fasse quelques essais grandeur nature.»
Bush promit tout ce qu'on voulait pour peu qu'on ne retarde pas le départ.
Bush demanda à Otto «  Est ce que les quatre plongeurs savent fabriquer ce genre de batterie de fusées. »
Otto le rassura « c'est eux qui m'ont appris tout ce que je sais sur le sujet.»
Bush donna l'ordre d'envoyer des bambous et des bengali pour équiper, les deux bricks, L'Alerte, et le coureur, il préférait garder Otto sur La Tamise.

A poids égal le bambou et le bois le plus solide de la nature.

On envoya les yoles faire une ample cueillette de bambou, car il y avait une autre caractéristique de ce matériau qui n'était pas à négliger.

Il n'éclatait pas sous l'impacte des boulets, mais se déchirait un peu comme un tissus. Dans tous les cas, ce bois plein de fibres ne volait jamais en éclats.

Bush et Dargenson savaient que le chêne utilisé dans la fabrication des navire de guerre; était sans doute le bois le plus résistant au tirs des canons. Mais avait un gros défaut.
Les boulets qui heurtaient les espars, ou les canots empilés au milieu du bateau, explosaient les parties de bois les plus fragiles.
Ces impacts envoyaient des esquilles pointues comme des lances qui faisaient plus de blessés, que les obus eux même .

Certains capitaines, préféraient mettre les canots en remorque, que de les garder sur le pont. Ils faisaient également gréer des filets pour recueillir les morceaux du gréement qui tombaient de la mature arrachés par les boulets ramés.

L'idée de Bush était de construire des paravents mobiles en bambou. Percés de meurtrière, ils seraient dressés le long du passavant et protégeraient les fusiliers dans les combats.
Le reste du temps ils seraient disposés au dessus du pont en lieu et place des habituels tauds de toiles, qui abritaient du soleil.

Tout le monde était prêt avec un jour d'avance sur le programme.

A la guerre comme à la guerre:

Au dernier moment,on vit un petit groupe d'embarcations entrer dans la rade.

Une demi douzaine environ de ces petites unités plus un brick, entouraient deux drôle d'embarcations de douze à quinze mètres de long. Elles avaient l'allure d'un bateau de commerce hollandais, arrondies à l'avant autant qu'à l'arrière, elles portaient deux mâts à voiles latines .


Bush arriva derrière Leo qui regardait les deux lougres amener leur voiles, sortir seize rangs de rames et glisser vers eux.
Bush: « Visiblement c'est la première fois que tu vois des Galiotes à bombe? »
Leo: « Ah!.... bon c'est ça une galiote, eh ...ben....c'est pas beau, et les rameurs sont des galériens? »
Bush:  « Non pas du tout . Sais tu ce qu'est un « Knörr » ? »
Leo: « C'est un bateau à fond plat avec l'avant et l'arrière arrondi, une voiles carrée et une douzaine de rameurs. »

Bush: « Et maintenant regarde bien une galiote. »
Leo: « Mais tu as raison!..... On trouve toutes les caractéristiques du Knörr dans ces galiotes, même l'équipage de rameurs, mais les bombes c'est quoi ? »
Bush: « Les deux obusiers cachés sous les bâches, envoient des bombes qui explosent en causant de gros dégâts aux fortifications. »
Leo: « Ça ne sert pas contre les navires de guerre? »
Bush: « Ce n'est pas fait pour cela, je ne connais pas d'exemples, de galiotes utilisées contre des navires, si ce n'est des bateaux à l'ancre dans le fond d'un port. L'équipage est composé d'une quarantaine de matelots et de quatre officiers, du moins dans la marine anglaise. Ils peuvent affronter la pleine mer, mais sont peu habitables, et souvent les bateaux qui les suivent, servent à l'hébergement des hommes. Mais il n'y a jamais autant de petites unités qui les suivent d'habitude. »
Leo: « Nous allons vite savoir de quoi il retourne, une galiote demande l'autorisation de se mettre à couple de 'La Tamise.' »

Un renfort inattendu :

Le jeune capitaine qui grimpa l'échelle de coupée, fut reçu avec les honneurs du à son rang. On fit les présentations, bush invita tout le monde à rejoindre la grande chambre.

Le jeune homme se présenta, « Hodoul Jean-françois ex capitaine du corsaire français L'Apollon. »

Bush s'étonnait de trouver un capitaine français dans un pareil équipage.

Jean-François Hodoul leur raconta comment il était arrivé au Cap pour acheter un bateau.
« Toute l'année 1797 avec l'Apollon, j'ai fais un grand nombre de prises. »« En mai au large de la côte Malabar, nous avons repris le trois mâts français L'Eliza. »« En revenant vers Coringa, nous avons capturé un anglais, le 'Mac Kinley', avec un coffre plein de perles. Entre Moka et Surate le 'Bader Bax' avec à bord 4,000 écus d'or. »«Sur la route de Maurice, nous avons capturé le 'Laurel', quinze jours lus tard 'La Trayalle' et le 'Harrington' »« Cette croisiére nous a rapporté 7.000.000 de livres. »
« A notre retour à Port Louis; L'Apollon, dont je possédais la moitié des parts, fut vendu au corsaire 'Le vaillant', qui voulait en assurer le commandement. »
« J'étais devenu un corsaire riche, mais sans bateau. c'est la rencontre avec Bois Dambert qui changea tout. Le brave homme me parla de son voyage depuis la France à bord de L'Alerte et des divers prises qui était venu grossir le groupe sous la conduite du capitaine Bush. » « J'ai donc armé un brick 16 canons « Le Corentin » rebaptisé « l'Olivette » du prénom de ma fiancée, comme mon premier bateau pris par les anglais.« Arrivé au Cap j'ai appris que vous étiez à Simon's bay, et je me suis porté acquéreur de tout ce qui pouvait naviguer jusqu'aux seychelles. »

« Je suis donc propriétaire d'un brick, de deux galiotes, et de trois côtres
Les côtre à hunier sont armés de 10 caronades de 8 et 4 canons de 4. Les équipages sont hollandais, sauf sur le brick. »« Voilà je vous ai tout dit, je souhaite rejoindre les Seychelles, pour y établir ma base définitivement. Je sais que vous cherchez un endroit accueillant pour fonder un comptoir, il y a des possibilités aux Seychelles, je vous engage vivement à visiter cet archipel qui est à l'abri des cyclones, ce qui est appréciable. »



- La flotte d'Hodoul


Bush prit la parole pour poser quelques questions:
Bush: « Vous n'ignorez pas qu'une escadre anglaise se dirige vers le Cap? »
Hodoul: « Oui je suis au courant.»
Bush: « Nous estimons sa puissance à deux groupes de six vaisseaux de ligne chacun, sans compter quelques autres unités. »
Hodoul: « Oui, je suis sur qu'ils arrivent par deux chemins différents, l'un par le canal du Mozambique qui a des vents contraires à cette époque de l'année, et qui ira moins vite. L'autre le long de la côte est de Madagascar, qui dans cette mer ouverte a moins besoin de louvoyer, doit donc être plus avancé. »
« J'ai dans l'idée que si nous partons dés maintenant, nous pouvons doubler la pointe sud-est de Madagascar avant de les rencontrer. Si nous faisons route en vue de la cote nous pouvons peut être les croiser sans qu'ils s'en rendent compte. Si nous devons les combattre, nous aurons l'avantage du vent. »
Bush reprit la parole: «  Avec ou sans vous, nous aurions choisi cette option, car les deux unités hollandaises que sont le Vasa II et la Résolution, ne souhaitent pas combattre, ce sont des navires de commerce, et leurs équipages ne sont pas entrainés au combat. Vos deux galiotes qui ne sont pas des bateaux réputés pour leur vitesse, pourraient suivre les Hollandais?. »« Les deux bricks que sont Le Coureur et La Flamme pourrait se mettre sous votre commandement, vous pourriez être notre avant garde. Avec six éclaireurs
disposés à vue les uns des autres nous ne pourrons pas nous faire surprendre.
Je vous propose de mettre à la voile dès que j'aurai passer mes ordres. Que diriez vous de naviguer sous pavillons anglais, je ne crois pas que cette ruse trompera une vigie bien longtemps mais comme les deux flottes ne sont pas réunies la confusion peut jouer. »

On n'échappe pas à son destin :

Bush envoya ses ordres par le porte-voix. Le Coureur et La Flamme relevèrent leurs ancres et se dirigèrent vers la sortie de la baie, emmenant dans leur sillages l'Olivette et les trois côtres à huniers, L'Amsterdam, Le Zuidersee, le Rotterdam. et deux galiotes Willem I et WillemII

Quelques heures plus tard, le Résolution et le Vasa II, gagnait la pleine mer.


- Le Vasa II à quai.

Enfin L'Agricola suivi de La Tamise, puis Le Censeur que suivait L'Alerte, formait une ligne parfaite. Bush envoya un message.

« A tous gardez vos distances » « A L'Agricola, réglez votre vitesse pour rester deux encablures derrière les galiotes »

Pendant deux jours, les alizés bien établis, ne faiblissaient qu'un peu la nuit, à bord on travaillait le bambou. On fabriquait des rampes lance-fusées, des flèches, des paravents pour la proue et le gaillard arrière. Dans l'engagement qui s'annonçait, il n'était pas question d'abordage, mais de duels d'artilleries. Donc on s'intéressa avant tout aux armes à feu.
La tactique de bush était simple, en vue de l'ennemi, on formerait une ligne comme pour passer la ligne adverse en revue. Mais ne remonterait que la moitié de la ligne ennemi et on la couperait en traversant , de l'autre côté. On fuirait ensuite, avant que l'arrière garde ne se mette à la chasse.

La rencontre allait arriver plus tôt que ne l'aurait souhaité Bush.

Un message du Vasa II indiquait « Le coureur annonce » « voiles dans le nord-nord-est six vaisseaux de lignes » « La force Hodoul essaye de les attirer vers l'ouest »

Bush envoya « Au capitaine joachim, nous passons devant, suivez nous plein nord, rendez-vous à Madagascar »Le coureur repartit, tel un chien de chasse sur la piste du gibier.

La vigie de la Tamise annonça « voiles en vue ».
A bord de l'Agricola la vigie annonçait sans doute la nouvelle, on s'en aperçu à l'activité qui régnait sur le pont.

Bush estimait le contact dans quatre heures environ.

Il n'y avait rien qui pressait, sinon de faire manger tout le monde. On se bat mieux le ventre plein. Une heure après, le repas était expédié
Bush dit à Leo « trouve tambour-Battant »





A l'attention des chefs canonniers « Faites mettre double charge dans les canons, deux boulets ramés pour le pont comme dans la batterie. Pointez à démâter Mettez en place les paravents, ne faites pas distribuer les armes à feu mais faites les charger et remettez les aux râteliers »

«Leo, demandes à Otto d'armer ses batterie de fusées »Et « envoies les filles avec leurs arcs et les nouvelles flèches-fusées dans les huniers »

Et l'attente commença. cette attente qui use les nerfs. Cette attente qui fait dire aux vétérans qu'une campagne, « C'est très peu d'action et beaucoup d'inaction. » Cette attente commença, qui n'en finissait pas.

Selon les caractères, il y avait ceux qui somnolaient. Ceux qui ronflaient. Ceux qui jouaient aux dés. Ceux qui aiguisait une lame qui n'en avait pas besoin, histoire de s'occuper.

Mais très peu parlaient, ou alors à voix basse, allez savoir pourquoi.

Les deux lignes n'étaient pas en face l'une de l'autre, les vaisseaux anglais suivaient un cap en remontant le vent, ce que ne faisait pas facilement les grosses unités.

Il semblait que la rencontre n'aurait jamais lieu. L'agricola laissa abattre pour se rapprocher de la ligne anglaise.

Combat naval en ligne comme le veut la grande tradition:


Le premier coup de canon retentit plutôt comme une délivrance.
Ce n'était qu'un coup de réglage pour le 74 anglais. Il tomba et ricocha trop court.
Pour ne pas être en reste, bush donna l'ordre de tirer avec la pièce de chasse à double charge. Le pointeur avait aligné le tir sur le grand mât, mais lui aussi fut trop court d'une encablure
Cette fois ci on y était. l'Agricola passa à contre bord de l'anglais de tête, à une distance de moins cent mètres. Il encaissa une bordée sans broncher, et riposta de toutes ses pièces. Les deux adversaires disparurent dans la fumée.


Bush demanda que Otto lance une fusée pour juger de la déviation due au vent.

La fusée séleva haut dans le ciel, puis descendit en planant pour aller se perdre dans la fumée de l'anglais. Le vent en face, avait fait monter la fusée plus haut que prévue, elle avait peut être dépassé l'anglais.

Bush donna à Otto l'ordre « Feu à volonté ». Otto répandit de la poudre dans la rigole et demanda à l'homme de pointer avec un angle précis. Il passa immédiatement à la batterie suivante et ainsi de suite sur les six positions. Les salves se succédaient en sifflant mais semblaient sans effet.


Bush se tourna vers Leo: « Faites mettre en batterie » «  faites suivre »

L'ordre circula comme une trainée de poudre. Les sabords s'ouvrirent les uns après les autres, les chefs de pièces levèrent la main.

A la faveur d'un coup de vent qui rabattit les nuages de fumées; Bush constata que l'Agricola avait encore tous ses mâts, ce qui n'était pas le cas de l'anglais dont le mât d'artimon avait disparu.

Il était temps pour La Tamise de tirer sa bordée de loin.

Bush prit son porte-voix: « hausse à niveau maximum » « attendez le haut de la vague, ne tirez que sur mon ordre » Il brandit son épée pour être visible de loin par les pointeurs; attendit que La Tamise monte à la houle; abaissa le bras « Maintenant. Feu! »

Toutes les pièces du pont rugir en même temps. Suivi avec un peu de décalage par les gros calibres de la batterie.
Le fracas fut assourdissant, La Tamise tremblait sous les coups de butoirs.

Bush suivait l'arrivée des boulets dans la coque du trois ponts anglais; quelques boulets de petits calibres ricochèrent sur l'eau avant de toucher au but, mais le plus gros de la bordée avait fait mouche.


Pendant ce temps Otto avait rechargé ses fusées. Il se tourna vers Bush pour avoir son accord, celui ci lui répondit en abaissant le bras.

Après le vacarme des canons qui résonnait encore aux oreilles de tout le monde, les sifflements des fusées était une mélodie plutôt agréable.

Mais ce qui fut le plus agréable à entendre, se furent les « hourras » de l'équipage, lorsqu'une première voile du trois pont, s'enflamma.
Les cris ne cessèrent plus car ce n'était pas une, mais deux, puis trois autres en même temps; toutes les voiles ou presque brulaient comme des torchères.


C'était esthétiquement très beau vu du pont de La Tamise, et dramatique, vu de celui de l' anglais. Des morceaux de toile enflammée tombaient en pluie sur le pont, le feux était partout, la hantise des marins. Et ces flèches qui n'en finissait pas de pleuvoir.

La panique gagna l'équipage, qui croyant son navire perdu, se précipita sur les canots et les jetèrent par dessus bord. Hélas peu arrivèrent dans l'eau sans se renverser, Les marins ne sachant pas nager hésitaient à sauter d'une si grande hauteur, en fait assez peu quittèrent le navire. Mais le capitaine et les officiers ne réussirent pas à les renvoyer aux postes de combat, le trois pont amena ses couleurs.

A bord de l'Agricola, se fut du délire, ils était arrivé sur l'arrière du trois pont, le capitaine fit abattre pour passer entre le premier et le second anglais.
Au passage, il lâcha sa bordée bâbord sur le deux ponts anglais qui lui présentait sa proue.
Le second vaisseau, vit son pont ravagé en enfilade, il ne s'attendait pas a une manoeuvre comme celle là. Il pensait sans doute que les quatre bâtiments défileraient à sa portée. Par ce qu'il avait fait armer à tribord. Il manoeuvra dans le même sens que l'Agricola. C'était une chance pour La Tamise qui mit le cap vers l'arrière de l'anglais.


Le Cenceur et L'Alerte qui avaient jouer jusqu'alors les spectateurs, étaient impatients d'entrer en jeu.
Leur intervention fut déterminante. le reste de la ligne anglaise suivit l'exemple du deux pont, ils virèrent à bâbord par la contre marche.

Avec cette manoeuvre ils présentaient leurs poupes aux français.

Selon un vieux dicton de chasseur de fauve, « Dans la savane; quelque soit sa force, celui qui montre son cul, devient la proie de l'autre. » Or les anglais fuyaient, donc....

Le Censeur donna la chasse avec ses deux pièces longues de 32 .
Il du en déplacer vers l'avant quelques unes de moindre calibre. Car les tirs sur la poupe de l'anglais qui le précédait étaient de plus en plus nombreux.

Le capitaine Gracay, qui connaissait la vitesse de l'Alerte, garda un cap qui l'amenait sur les bâtiments les plus éloignés. Il gagnait sur eux. Mais du choisir sa cible lorsque les anglais s'éparpillèrent. Il suivit celui qui se dirigeait le plus à l'ouest, pour ne pas trop s'éloigner du reste de l'escadre.

Pour Gracay commençait une poursuite qu'il croyait devoir durer longtemps. En fait elle ne dura que deux heures. A force de cribler la proue du « Zenith » un coup heureux mit le gouvernail hors service. Le capitaine descendit ses couleurs. Les anglais se rendaient.

C'est alors que Gracay eut la surprise de voir que 'La Flamme' suivit par 'le Coureur' et 'l'Olivette', étaient en vue sur l'avant du Zenith.

Le capitaine anglais les avait vu avant Gracay. Sans doute que cela avait pesé lourd dans sa décision de se rendre sans combattre.

Gracay demanda au 'Coureur' de rester avec lui, et envoya les deux autres en renfort à Bush.

L'Alerte et Le Coureur vont recevoir la reddition du Zénith.


Le Censeur fit demi tour pour se diriger vers l'anglais qui fumait beaucoup. Il s'agissait de «l'Audacious ». Il fit mettre des canots à l'eau, pour recueillir les quelques marins qui s'étaient accrochés au mât d'artimon toujours en remorque.

Il régnait une grande confusion à bord, mais les français menacèrent les marins de les fusiller, s'il ne combattaient pas les feux. Les menaces de l'ennemi, firent plus d'effet que précédemment les ordres de leurs officiers. Et les foyers furent vite maitrisés.

Pendant ce temps 'l'Agricola' bord à bord avec l'anglais 'The justice' échangeaient bordées sur bordées.


Les deux bateaux étaient de même force, ils se ressemblaient comme deux jumeaux. Et pour cause. « The Justice » était de fabrication française, il s'appelait « La Justice » avant de tomber aux mains des anglais.

Bush arriva sur l'arrière de 'La Justice', et Otto fit une fois de plus la démonstration de son efficacité.
Le vent aidant; toutes les fusées portèrent dans les voiles, qui s'embrasèrent tour à tour.

La victoire en chantant (Deuxième couplet):

Sans voile 'La Justice' passa à nouveau sous contrôle des français. Enfin si l'on veut car ce sont deux équipes de marins anglais qui montèrent à bord. La reddition fut confiée aux jumeaux. Bush répugnait à faire prisonnier un compatriote, cela se comprend.

Quelle ne fut pas la surprise du capitaine « Allday » de voir monter à son bord, deux équipes d'anglais, mener par deux jeunes gens, parlant parfaitement l'anglais.

Il se présenta à Lea « Capitaine Allday de la marine de sa gracieuse majesté » Ce à quoi lea répondit
« Lea Villaret de joyeuse aide soignante du docteur Dargenson » « Leo mon frère, second sur La Tamise, bateau amiral de la flotte des frères de la côte »

Allday n'en revenait pas « Êtes vous des corsaires anglais ? »
Lea le rassura, « Non ne craignez rien, nous ne sommes même pas des corsaires, nous n'avons aucune lettre de marque, nous ne sommes pas vos ennemis » « Mais vous nous avez attaqué les premiers, et nous avons du nous défendre »

Allday eut cette réflexion très british « Encore heureux que vous n'ayez fait que vous défendre, qu'est ce que ce serait, si vous nous aviez attaqué »

Dargenson demanda s'il y avait un chirurgien à bord; Allday, lui dit que oui, mais qu'à cette heure de la journée, il devait être trop saoul pour opérer.
Et si Le bon docteur français voulait bien avec son assistante, prendre en charge les blessés, il serait plus rassuré.

On compte ses abattis et on compte ses amis, ils sont tous là, c'est le principal:


L'Agricola, qui avait encaissé un nombre impressionnant de bordées n'avait pas perdu un seul mât. Même si ses voiles étaient criblées de trous, et que ses pompes suffisaient à peine à équilibrer l'eau qui inondait les cales. Il n'était pas en perdition, mais il y avait beaucoup de travail en perspective pour obstruer les voies d'eau.

Leo accompagna Allday dans sa cabine, du moins ce qu'il en restait.
Allday lui remit son épée d'apparat ainsi qu'un coffret contenant deux pistolets de duel.


Voilà dit Allday: « Je crois que c'est tout pour l'instant, les documents dont le livre de bord, étaient dans ce meuble, malheureusement pour vous un boulet l'a traversé, je crains que les papiers ne se soient éparpillés »

Leo escorta Allday jusqu'au canot qui devait l'amener sur l'Agricola.

(Chère lectrice, vous venez d'assister à une mémorable bataille navale, connue sous le nom de bataille du cap. Même si elle n'eut pas lieu précisément au cap. On prétendit que les hollandais, avaient remporté une victoire éclatante sur les anglais. Cela n'empêchera pas l'occupation de cette position stratégique sur la route des Indes Orientales.)

Nos héros venaient de faire une entrée remarquable et remarquée dans l'océan Indien.

Une réunion eut lieu sur La Tamise, de laquelle il ressortit les dispositions suivantes.

Hodoul confiait les deux galiottes à Bush, il rachetait « La Justice » pour en faire son navire amiral, et se chargeait de négocier Le Zenith et l'Audacious à Port Louis.
Rendez vous fut prit à sur l'ile de Mahé dans six mois, date fixé pour son mariage.

On se sépara en se congratulant.



Tamatave en malgache toamasina (c'est salé) est au bord de la mer, ça explique:

Au soleil couchant l'escadre de Bush prit un cap sur Tomasina à Madagascar.

Au soleil couchant l'escadre de Bush prit un cap sur Tomasina à Madagascar.

On rentrait dans la période des cyclones, et les orages tropicaux étaient plus nombreux et plus violents au fur et à mesure que le groupe remontait vers le nord.

On vit la terre à bâbord vers Tolarano. La prochaine étape Tamatave, serait atteinte après trois jours de navigation. Du moins c'est ce qui aurait du se passer.

Mais les éléments en avaient décidé autrement.

Un matin, Dargenson appela Bush pour lui montrer son baromètre.
Il expliqua qu'il avait cru que le baromètre avait été détraqué pendant les engagements. Bush vérifia le bel instrument, monté sur un cardan, bien protégé par un entourage en acajou et en cuivre. Il était intacte, mais le niveau du mercure était au plus bas.
Bush: « Vous pensez, comme moi, je suppose »
Dargenson;  « Oui nous allons tête baissée dans une zone de très basses pressions, peut-être un cyclone »
« Dans tous les cas il n y a aucune raison de se rapprocher de la côte. Au contraire plus on sera loin d'une terre; plus on pourra adopter une allure de fuite. » « Autant s'y préparer dés maintenant »

Bush fit envoyer un message « A tous cap plein est, se préparer à subir un cyclone, rendez-vous à Tamatave »

On renforça certains gréement avec des chaines. on installa des doubles haubans de fortune. Tout ce qui était susceptible de bouger fut amarrer serré. Les bragues des canons doublées. Un canon qui se détache dans la tempête, peut dévaster un bateau et le faire couler. Les voiles de gros temps enverguées, palans de roulis en place. La mer semblait prendre sa respiration, la houle enflait alors que la menace n'était qu'un changement de teinte sur l'horizon au nord.

Bush demanda à Leo: «Veilles aux lattes et aux prélats sur les panneaux de descente, qu'ils résistent au vent par le travers »



Le vent arriva brutalement à une vitesse ahurissante. Une espèce de mur fait de pluie et d'air, arracha les voiles à leurs ralingues. Même sans toiles, le vent saisit le gréement et coucha le bateau. Le bruit dépassé celui d'une bordée. Une? Non! Cent bordées et sans arrêt. L'obscurité était telle que la mer et le ciel semblaient se mélanger.
L'eau venait de partout, on avalait de l'eau en respirant. Les hommes n'étaient pas plus à l'abri à l'intérieur, qu'à l'extérieur.
Le bateau était capable de se comporter comme un cheval sauvage. A moins d'être arrimé telle une barrique dans une cale, un corps se transformait en projectile. Un meuble aussi, une timbale oubliée se jetait à la tête du premier venu. Un optimiste réfugié dans son hamac ressemblait aux proies que les araignées entourent de soie avant de les manger.
Nos héros dans le cyclone.

Plus rien n'avait de sens, c'était une reproduction de l'enfer,avec de l'eau à la place du feux. Dans ce maelstrom, Dargenson trouva Lea et Simbad, qu'il réquisitionna dans l'attente de l'arrivée des inévitables blessés.
Simbad utilisa des cordes pour lier le docteur et Lea à un pilier, il arrima une table devant eux. Et fit l'accueil des blessés, les posant sur la table et les évacuant après les soins.
On leur apporta des côtes enfoncées, des membres fracturés, la foudre fit des brulés.

Ils ne savait plus combien de temps cela avait duré, quand le calme, leur tomba dessus, comme un coup de massue.

Ils étaient dans l'oeil du cyclone. Cette accalmie était chargée d'angoisse. Bush apparu pour demander à Dargenson de monter sur le pont, ou l'attendait un spectacle pas commun.

Tout baigné dans une lumière irréelle, comme dans une tempête de sable, tout était couleur ocre.
Les mâts de hune avaient été arrachés, il restait une petite voile d'artimon miraculeusement intacte. Les cordages rompus, flottaient comme des cheveux.
Dans les haubans qui avaient résisté, il y avait des algues, des branches, des débris végétaux de toutes sortes.

Mais ce que Bush voulait montrer à Dargenson c'était les créatures qui avaient cherché refuge sur le pont. Des oiseaux de mer, de toutes taille, s'étaient glissés dans les moindres recoins. Dargenson était comme un enfant devant un sapin de noël
Dargenson: « Regardez, une frégate, oh ! Un fou de bassan, et là une hirondelle de mer, ici un paille en queue.
Mais tu n'es pas un oiseau de mer toi, tu est une perruche ou peut être un petit perroquet dit-il en prenant délicatement la petite bête d'un joli vert émeraude. Dargenson, le glissa entre sa chemise et sa peau. L'oiseau sortit juste la tête, mais resta blotti au chaud. il se dévissait le cou pour mieux voir la tête de son hôte; qui lui susurrait des mots tendres comme on le fait avec les bébés.
Une grande histoire d'amour venait de commencer, qui ne devait jamais se dédire.

Avant que le cyclone ne recommence à souffler. Dargenson eut le temps de trouver toutes sortes de graines. Coco (Puisque Dargenson l'avait baptisé de ce nom original en diable), Coco décortiquait les graines, par politesse mais ne les mangeait pas.
Lea eut l'idée de lui proposer un biscuit de mer, et là miracle coco retrouva l'appétit, Lea savait y faire avec les perroquets. Elle prit un biscuit et le frappa à petits coups sur la table comme font tous les marins pour en faire sortir les charançons, coco gobait les insectes avec voracité, et lorsque Lea lui tendit le gâteau, il le frappa sur la table comme il l'avait vu faire. Lea était certaine que ce perroquet appartenait à un matelot et qu'il était apprivoisé.
Nul ne le saura jamais, car coco refusa de répéter les mots qu'on essayait de lui apprendre
En revanche, il imitait des tas de bruits incongrus, le sifflets du bosco, le roulement de tambour du branle bas. Une porte qui grince, un matelot qui rote ou qui pète.
Coco jouait avec tout le monde mais lorsqu'il était fatigué, il ne supportait qu'un endroit pour dormir, la chemise du docteur, heureusement avec lui dedans ou pas.

Le cyclone reprit sa sarabande, mais les hommes s'habituant, il n'y eut plus que des blessés légers.
Peut-être qu'il avait changer de direction. Toujours est-il que le lendemain, un jour blanchâtre et humide se leva. Le temps resta bouché toute la journée, pour comble de malchance le vent était complétement tombé. Et surtout aucune voile à l'horizon.

Après évaluation des dégâts, la facture était lourde.

Comme quoi il n'y à pas que Tomasina qui soit salé:

On mit le cap vers la côte de Madagascar, dix neuf jours de navigation sans histoire.

Il faisait bon, sur le pont à l'abri des tauds de bambou. Les alizés par la hanche bâbord, permettaient de mettre toute la toile dehors, sans faire giter La Tamise. En se retournant Bush vérifia l'allure du sillage. Avec pour seule distraction les baleines en migration vers leur zones de reproduction, il craignait que le barreur ne s'endorme. De ce côté là tout allait bien, le sillage traçait une droite parfaite.

Coco un perroquet comme il faut:

Dargenson, prêtait volontiers coco à l'homme de barre, d'autant que le perchoir plaisait à coco qui faisait des acrobaties passant d'une poignée à l'autre. L'homme de barre restait très attentif dans ces moments là, le bon docteur aurait été furieux si d'un coup intempestif, il avait expédié coco sur le pont. De plus cette position était privilégiée, on y voyait le pont en enfilade, et tous les matins, les marins briquaient le pont.

Le bruit des briques qui raclaient le bois, n'était pas agréable à l'oreille, parfois même un geste mal dirigé, éraflait une pièce de métal en produisant un grincement parfaitement odieux.
Le bruit de la brique sur le métal, remontait du nerf auditif, par on ne sait quel chemin jusque dans les dents.
Cela stoppait net les matelots alentour, qui lâchaient leur brique pour porter les mains à leur mâchoire.
Le bon docteur avait observé que le bruit strident vibrait de préférence dans une molaire. Dans une molaire saine c'était gênant, mais dans une molaire déjà abimée, c'était une torture. Il faut dire qu'à bord des bateaux, les matelots avaient les dents en piteux état. Mais il avaient peur de se les faire arracher.

Ces grands gaillards capables de défoncer une planche d'un coup de tête avaient peur de la pince du docteur.

Toujours est-il, que le seul que cela ne dérangeait pas c'était coco. Car les oiseaux n'ont pas de dents, c'est un fait avéré. Coco ne faisait pas exception à la règle.

Il regardait les marin qui briquaient, et penchait la tête d'un coté ou de l'autre, en reproduisant de temps en temps le bruit de la brique. Il ne se lassait pas de ce jeu, mais si les matelots arrivaient au bout du pont sans incident, coco trouvait qu'ils n'avaient pas fait consciencieusement leur travail. il les rappelait à l'ordre d'un coup de sifflet de bosco, et enchainait en imitant le grincement de la brique sur du métal. Mais pas une seule fois, plusieurs fois de suite. Un vrai cauchemar pour ses pauvres bougres. Ils fallait les voir lorsqu'ils arrivaient à la fin de leur travail, ils attendaient, inquiets le coup de sifflet, et au coup de sifflet de coco ils se bouchaient tous les oreilles.
Personne n'en voulait au petit perroquet vert, au contraire. La preuve en est que cet animal, que personne n'avait vu voler, grimpait par le pantalon jusque sur la tête des marins et leur grignotait les cheveux.
Si par hasard il décidait de passer de la plage arrière à l'avant du bateau, il partait en piétant, jamais en volant. La distance était longue et ses pattes très courtes, il fatiguait vite.
Si coco trouvait que l'effort était au dessus de ses forces, il imitait le sifflet du bosco, immédiatement un marin qui passait à proximité le mettait sur son épaule pour le véhiculer. Coco ravi, dansait d'une patte sur l'autre, et lorsque le marin était arrivait à destination, un coup de sifflet dans l'oreille lui intimait l'ordre de s'arrêter et de le faire descendre. Une vie de chien n'est pas toujours agréable, mais une vie de perroquet ça va.

(Chère lectrice, que me vaut ce sourire ironique? Oui je sais le perroquet sur l'épaule du pirate, cela fait un peu cliché, mais celui là était tellement mignon, je n'ai pas pu résister. Comme vous n'êtes pas rancunière, je continue)


Quand on croit au paradis, comme d'autres croient au Père Noël:

Au bout d'une semaine « La Tamise » fut en vue de Toamasina.
En arrivant par la mer, ce qui était remarquable, c'était le vert de la végétation. Du sans doute aux averses, il pleuvait en moyenne deux fois par jour, le matin vers sept heures, le soir douze heures après, cela ne durait pas plus d'une heure, le soleil réapparaissait de suite .

Une vaste rade, bien abritée par un cap au sud; contenait déjà le reste de la flotte, et les Hollandais étaient au complet.

A première vue, tous les mâts étaient en place, il ne devaient pas être dans la baie depuis plus d'une journée.

La tamise fut saluée au canon, comme il est coutume de le faire pour un navire amiral.
On voyait une multitude de gréements différents, beaucoup de boutres arabes, des malais, deux ou trois bateaux ressemblaient à des Chebecs, mais rien de plus gros.

Il régnait une activité commerciale évidente, mais quelque chose n'était pas normal.

L'arrivée d'une escadre, et la canonnade qui s'en était suivie, aurait du attirer sur le port une foule de curieux. Or ce n'était pas le cas, c'est tout juste, si les petites barques des pécheurs et vendeurs de fruits osaient s'approcher des vaisseaux.

On aurait dit que ces gens avaient peur.

Si l'endroit était tentant pour implanter un comptoir, encore fallait-il que la population soit accueillante, ce qui pour l'instant, n'était pas le cas.

Bush invita tous les officiers à bord de La Tamise pour le repas de midi.

Lea et Serena se proposèrent d'aller au ravitaillement pour ce repas de fête

Leo accompagné d'Outa et de Simbad se chargèrent de rencontrer les autorités locales, qui ne semblaient pas pressées de se manifester.

Dargenson emprunta un canot pour aller chercher Vanderkemp. Il avait des projets d'excursion et savait trouvé une oreille attentive et pourquoi pas un compagnon d'exploration.
Joachim était impatient de connaître les dernières nouvelles et n'attendit pas le dernier moment pour monter à bord de La Tamise.
Bush savait qu'il devrait faire plusieurs fois le récit de l'engagement, et entendre lui aussi la version de ceux qui l'avaient vécu sur les autres bâtiments. Joachim confia à Bush ses impressions sur Tamatave.
Joachim : « C'est incontestablement, un joli site, mais c'est surtout le plus grand marché aux esclaves de l'océan indien. Savez vous ce qu'est le délit de vagabondage? »
Bush répondit que  « Non ! Mais que cela devait signifier que dans ce pays, vagabonder était un crime »
Joachim : « C'est exact, vagabonder est un crime de lèse majesté. Tout homme qui ne peut justifier d'exercer un métier sédentaire est considéré comme un vagabond. » « Un vagabond pris par la milice royale est vendu comme esclave. » « Pour moi il me paraît impossible d'implanter une communauté dans un pays ou le roi réduit son peuple à l'esclavage. Nous allons partir au plus vite vers les Seychelles, retrouver Hodoul. Et vous que comptez vous faire.? »
Bush: « Certainement pas la traite des malgaches. Je pourrais aller négocier avec le roi pour qu'il nous concède une ile ou un territoire. D'un autre côté si nous donnons la chasse aux trafiquants, le marché risque de s'effondrer, et sa fortune avec. Je vais tenter la démarche, mais sans grande illusion. Seriez-vous prêt à m'accompagner? »
Joachim: « Oui, sans aucun doute, rien ne me presse, qui ne puisse supporter quelques semaines de retard. »

Un façon de faire le marché qui en vaut une autre:


- Un marché Malgache à Tomasina.

Pendant ce temps Lea et Serena, aidées par l'équipage du canot, et par une bourse bien remplie, étaient en train de piller le marché. Elles avaient reçu un bon accueil, dés que les autochtones avaient compris, qu'elles n'étaient pas des trafiquants d'esclaves.
Le quiproquo qui allait se produire, viendrait du fait qu'ils n'avait jamais vu une femme en pantalon, et encore moins, déguisée en homme.
Quand Lea et Serena, arrivèrent au marché, elles commencèrent par regarder les fruits. Ils étaient variés, mais elles n'en connaissaient pas le goût.
Elles avisèrent une vieille marchande bien achalandée, qui semblait s'adresser aux autres femmes avec une autorité certaine.
Elle commencèrent par choisir les fruits qu'elles connaissaient, des régimes de bananes, des noix de coco, des citrons verts. La vieille ouvrait de grands yeux devant les quantités. Elle avait du mal a faire ses calculs sur un boulier compteur. Très vite tout le monde sur le marché se mit en cercle pour assister au spectacle.
Une femme plus richement habillée que les autres, fit comprendre à Serena qu'elle pourrait jouer le rôle de banquière, si on voulait bien lui confier la bourse. Serena qui la trouvait souriante, et par le fait honnête, lui confia la bourse. La banquière, plongea la main dedans et en sorti une pièce d'or, ébahi, elle replongea la main plus profondément et la ressortit avec une pleine poignée de pièces d'or. Elle roulait des yeux ronds comme des billes, et pas très rassurée, remis la poignée dans la bourse; qu'elle rendit à Serena, en lui montrant qu'elle n'avait gardé qu'une pièce.
Evidemment le manège n'avait pas échappé à la vieille marchande, qui de fait était sur d'être payée.

Mais autre chose la chagrinait, elle fit le tour de son étalage, se planta devant Lea et lui mit les mains sur les seins. Laquelle des deux fut la plus surprise, de Lea ou de la vieille; personne ne saurait le dire. Même pas Lea qui restait figée la bouche ouverte, rouge comme une pivoine. Elle n'était pas au bout de ses surprises.
La vieille, voulant s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé, envoya sa main entre les cuisses de Lea, et bien entendu, ne trouva rien de très proéminent.

- D'aprés les Malgache Lea est une vrai femme. Voilà qui nous rassure
Elle poussa un cri de triomphe, et se tourna pour informer la foule de sa découverte, cela provoqua un fou rire collectif.
Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre ce qui venait de se passer. La vieille prenant lea sur sa vaste poitrine fit claquer deux gros baisers sur ces deux joues.
Elle riait tellement qu'elle avait des larmes qui coulaient, voulant faire une accolade à Serena, elle fit un pas dans sa direction les bras ouverts.
Mais Serena, qui ne tenait pas outre mesure être palpée en public, fit un bond en arrière pour se mettre hors de portée de la vieille.
Ce fut la goutte d'eau qui fait déborder le vase; car de l'eau il en coula tant et plus de toute cette foule qui pleurait de rire en se tenant les côtes.
Les filles se regardèrent et comme on sentaient qu'il n'y avait pas dans cette saynète une once de méchanceté; elles se laissèrent gagner par ce fou rire communicatif.

Comment nos amis rencontrérent les Tsiranana:
Alors qu'elle avait du mal à retrouver son calme, Lea vit venir vers elle, un petit monsieur coiffé d'un chapeau melon et armé d'un parapluie. Il enleva son chapeau pour la saluer et se présenta:
« Jean-René Tsiranana, chef de poste au comptoir français de Tamatave. »
Lea : « Lea Villaret de Joyeuse, enchantée de faire votre connaissance. »
Jean-René; « Villaret de joyeuse ? Vous êtes de la famille de Thomas de Joyeuse qui commandait « La Dauphine » dans les années 1780 ? »
Lea: « Oui je suis sa fille »
Jean-René: « Que le monde est petit, j'ai appris que votre père s'était lancé dans la politique. Il est même un des secrétaires du conseil des cinq cents. On dit même qu'il est le principal défenseur des intérêts des colonies. Connaissez vous votre oncle de l'ile de France ? »
Lea: « Je ne savais pas que j'avais un oncle dans la région ! »
Jean-René; « Mais si le frère de votre père possède une grande plantation prés de Port Louis. » « Que faites vous ici ?»
Lea: « Avec mon frère jumeau et ma mère, nous avons fuit la région de Brest pendant la terreur, il y a deux ans . Nous sommes arrivés avec l'escadre qui est dans la rade. Voulez vous revenir avec nous, je vous présenterai notre amiral monsieur Bush. »
Jean-René:  « Bien volontiers. Laissez moi régler vos achats, je connais très bien la marchande de légumes. Pour la viande et le poisson, vous attendez combien d'invités pour le repas de midi? »
Lea: « Une centaine de personnes, mais avec l'équipage, qui a bien besoin de produits frais vous pouvez multiplier par quatre. »
Jean-René: «  Descendez au port, et attendez moi. Tout sera à bord dans une heure vous n'aurez qu'à régler la facture que vous remettra mon adjoint.»

Lea et Serena, dire au revoir à la vieille, qui insista pour les embrasser et rejoignirent le canot.
Il se mit à pleuvoir. Les filles allèrent se réfugier sous un auvent, abritant des marchandises. Là non plus elles ne passèrent pas inaperçu.
Un jeune homme, qui surveillait le chargement d'un Pousse-pousse (charrette à deux roues, tirée par un homme); leur dit bonjour en français. Elles virent à la façade des entrepôts, les inscriptions en français; halle aux grains, halle aux salaisons, halle au rhum... etc

serena: « On peut dire que tout c'est bien passé, n'est ce pas? »
Lea: « Oui on peut dire ça. Surtout pour toi. Enfin ce n'est pas la première fois que j'ai des problèmes avec ma poitrine, je suppose qu'il faut que je vive avec. »
serena: « Je ne sais pas ce que tu lui reproche à ta poitrine; mais elle nous a permis de nous faire des amis. »
Lea: « Ah! bon je croyais que cela devait servir à se faire des amours. »
serena:  « Ça sert aussi de temps en temps à ça, tu verras.... »
Lea : « Mais si pour ça, ils doivent être aussi gros que les tiens, alors je n'ai aucune chance de connaître le prince charmant. »
serena: « Tu es bête à chacune son prince charmant, comme disait ma grand mère qui était une femme pleine de sagesse  « A chaque pot, son couvercle »
Lea: « Oh c'est d'une distinction, je me demande comment je doit le prendre. »

Serena n'eut pas à répondre à là question, elle attira l'attention de Lea sur de nouveaux arrivants.
Voilà venir Leo qui fait une drôle de tête, et monsieur Tsiranana accompagné du jeune homme de toute à l'heure.
Lea apostropha Leo de loin, « Tu en fais une tête »
Leo «  Il semble n'y avoir aucun responsable dans ce port, si ce n'est le directeur des entrepôts français, et il est introuvable »
Lea  « Tu veux sans doute parler de monsieur Tsiranana »
Leo « Comment sais tu son nom? » « Ah! ...J'avais oublié que ma soeur chérie avait des dons de claire-voyance »
Lea: « Et ! oui!.....Mon cher, peut-être, que je suis le bon génie de la lampe, capable d'exaucer ton voeux. « Abracadabra!......Tsiranana montre toi!....Et ...voilà.. »
Leo ricanant « Et voilà quoi? Tu n'en a pas assez de faire la gamine? »
Lea « Retournes toi, Oh!... Toi....Homme de peu de foi »
Serena « c'est un alexandrin »
Leo « Non ce sont deux malgaches »
Tsiranana « Bonjour, jeunes gens, je vous présente mon fils ainé; Aimé qui a tenu à m'accompagner »
Leo «  Enchanté de faire votre connaissance messieurs......? »
Tsiranana «  Vous êtes sans doute Leo, le jumeau de Lea, l'homme de peu de foi » « Car votre voeu est exaucé au delà de vos espérances » « Ce pas un, mais deux Tsiranana qui sont apparus d'un coup »
Leo «  Monsieur Tsiranana, je vous ai cherché toute la matinée en vain, et c'est Lea qui vous a trouvé. Je n'y comprends rien. »
Jean-René prit le bras de Leo, et il se dirigèrent vers le canot.
Jean-René : « Il faut que je vous raconte dans quelles circonstances, j'ai fais la connaissance de votre soeur. Mais pour l'amour du ciel, promettez moi de ne pas éclater de rire, je ne crois pas que Lea me pardonnerait de vous avoir tout raconter. »
Serena et Lea proposèrent à Aimé de venir dans l'autre canot. Aimé qui avait reçu une bonne éducation, laissa passer les femmes d'abord.
Lea dit à Serena « Va voir à l'avant il y a de la place, moi je vais tenir compagnie à Aimé à l'arrière, cela ne te gêne pas, de toute façon tu as déjà ton prince charmant »
Serena prenant son air le plus chipie possible lui rétorqua « Mais non, cela ne me gêne pas du tout, il est de ton âge. Je pourrais être sa mère, il faut que je cesse de te couver comme si tu étais ma fille »
Bush et Joachim jouaient les maîtres de cérémonie. Ils n'avaient gardé à bord qu'un équipage réduit, le reste s'était fait inviter sur les autres bateaux.
On faisait bombance sur tous les ponts. On entendait l'écho des rires et des chants des marins se répercuter sur la rade. Dans les petites villes les nouvelles vont vite. L'épisode du marché s'était transmise de bouche à oreille, et bien sûr avait été déformée.
Tout le monde voulait voir les femmes pirates, qui commandaient de si gros vaisseaux. Les curieux se pressaient nombreux sur le front de mer. Les petites barques de pêche sillonnaient la rade entre les bateaux, la bonne humeur légendaire des malgache avait reprit le dessus.
Comme l'expliquait Jean-René,cela n'avait étonné personnes que deux femmes, qui commandaient aux hommes aient débarqué, avec un trésor en pièces d'or.
La structure familiale de Madagascar était de type matriarcal.
Les femmes faisaient les travaux les plus pénibles, donc elles commandaient.
Les hommes exerçaient plutôt des métiers de type artisanal, comme la sculpture, le tressage, la musique. Ils s'occupaient des troupeaux.
Certains gardaient les enfants et leur racontaient des histoires du temps ou l'homme blanc n'était pas encore venu pour voler les hommes noirs et les donner à manger à leur bateaux.
Comment expliquer à ses esprits d'enfants que les esclaves qui rentraient en file indienne dans les cales des négriers, ne reviendraient jamais.
Pendant que les invités, profitaient de la douceur du temps et de celle des fruits tropicaux.
Bush et Joachim, prirent Jean-René à part pour lui faire part de leur intention d'aller rencontrer le roi. Bush lui demanda s'il l'avait déjà rencontré.
Jean-René lui répondit :
« Oui je l'ai vu deux fois, dont la dernière, où il m'a proposé le titre de gouverneur royal de la province de toamasina. » « Je sais ce qui avait poussé le roi à me faire cette offre. D'une part nous sommes de la même ethnie les betsileo » « Mais surtout, je suis responsable des échanges entre Madagascar, L'ile de la Réunion et l'ile de France » « Sans compter, qu'il se fait voler par sa milice, et qu'il ne touche pas l'intégralité de la part qui lui revient, sur la vente des esclaves »
Bush demanda: « A combien s'élève, la commission du roi sur le trafic?
Jean-René :« En théorie soixante quinze pour cent, en pratique vingt cinq pour cent » « Il me proposait un salaire du double de celui que me verse la compagnie et cinq pour cent sur la vente des esclaves »
Bush :« Pourquoi n'avez vous pas accepter ? »
Jean-René :« Parce que j'ai été à l'école française de l'ile de la Réunion, ou on m'a inculqué les valeurs de la république, liberté, égalité, fraternité. »
Bush :« Quelle chance aurions nous de lui acheter une terre pour y implanter une colonie de peuplement? »
Jean-René « Si vous êtes prêt à payer en perles fines, et en armes, il vous vendra toute l'ile de Madagascar » « Sa cupidité n'a d'égale que sa gourmandise, il paraît qu'il a tellement grossi qu'il ne quitte plus son lit ou presque. Il ne se déplace que sur un palanquin, qui nécessite douze

Maki Catta