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L'ile Sainte Marie, première colonie.


Bush :« Il dort sur son trésor ?» « Néanmoins, accepteriez vous de nous accompagner à Antananarivo ? »
Jean-René : « Vous servir de guide bien volontiers »

Le paradis n'est pas toujours, ou l'on croit:
Jean-René « Je pense qu'il y a une ile 'L'ile sainte Marie' à trois cents kilomètres dans le nord et à un kilomètre de la côte, qui appartient à la France. Elle est très peu peuplée, les vezo, n'y ont installé que quelques camps de pêche. Ils viennent y chercher de l'eau, mais préfèrent habiter en face sur la grande ile. » « Vous pouvez aller la visiter avant de rencontrer le roi »
Bush demanda : « Qui serait intéressé par une croisière à l'Ile sainte Marie? »
Répondirent avec enthousiasme: Les jumeaux, Dargenson, Graçay Joachim, Vanderkemp, les deux Tsirana et bien sur Outa, Simbad, Pierre l'Hermite, et des officiers de tous les bords, enfin en un mot comme en cents tous les invités présents.
Pour simplifier les choses, on décida d'y aller avec La Tamise et Le Coureur et de faire acheter un boutre par Jean-René.
Jean-René entretenait de bonnes relations avec le sultan de zanzibar, qui s'était enrichi, grâce au commerce du clou de girofle. Son fils Ali, qui était capitaine d'un Baggala de grande taille à deux mâts, relâchait dans la rade, ou il venait de vendre sa cargaison à Tsiranana.
Il n'était pas vendeur du baggala, Qui était le plus luxueux bâtiment de la flotte du sultan, et son père aimait beaucoup son « Baggala ».
Ses lignes, fines et équilibrées faisaient de lui un lévrier des mers; dont il portait le nom arabe « Sloughi » . Pour en faire un navire digne d'un sultan, on n'avait pas lésiné sur les bois précieux. Pour les extérieurs du teck de thaïland, pour les plats bords de l'acajou du congo. Pour les intérieurs, du bois de rose de Madagascar, souvent associé à l'ébène très noir, du citronnier jaune, de la ronce d'if etc...etc.
Les décorations de marqueteries, mélangeait la nacre, le corail rouge, l'écaille de tortue, avec le bois de fer Malgache; bois fossile du sud de l'ile. Le « Sloughi » semblait tout droit sortir des contes de Shéhérazad.



Bush, avait une idée derrière la tête, et il lui fallait ce baggala, pour la réaliser.
Il fit une offre que le fils du sultan ne pourrait refuser, échanger le « Sloughi » contre le brigantin « La Flamme » avec tout son armement soit une douzaine de canons, et un équipage de dix matelots plus un maitre canonnier, pour former les marins du sultan.
Voyant que le fils du sultan hésitait encore, il fit une dernière surenchère, La Flamme pourra être repeinte aux couleur du drapeau de zanzibar.
Cette dernière offre permit de conclure le marché; au terme duquel resterait à bord du « Sloughi » Le barreur et six matelots experts en maniement des voiles.
« La Flamme » rebaptisé « Sloughi II» fut repeint en ,Rouge, Vert, Blanc.
Vert et rouge pour la coque, le blanc pour les voiles; le résultat était très gai, avec le noir des canons, qu'il était difficile de peindre en une autre teinte. Il ne restait plus au sultan que de rajouter le noir à son drapeau.


Et vogue la galère ou plutôt le baggala :
On prépara les trois navires pour la croisière.
Le  « Sloughi » fut armé de cinq caronades de 18 livres sur chaque bord. D'un 24 livres comme pièce de chasse et de quatre batteries de fusées. On fit quelques aménagements pour cloisonner les appartements en plusieurs cabines. Le pont mesurait plus de 40 mètres de long. Il était destiné au transport de marchandises. L'intérieur n'était qu'une vaste cale, qu'il fallu aménager, pour accueillir l'équipage.
Leo fut nommé capitaine et lea second, Dargenson et coco avaient aussi une cabine dans le château.
Simbad, Outa et Otto étaient devenus inséparables, et Busch était rassuré de les savoir à bord.
Le reste de l'équipage, une vingtaine de matelots, avait été trié parmi les meilleurs.
Aimé Tsiranana avait tenu à accompagner les jumeaux, plus particulièrement Lea.

Dés la sortie de la rade, profitant de conditions de vent et de mer idéales, les trois navires établirent toutes leurs voiles. Au grand largue, « Le Sloughi » était le plus rapide des trois. Surtout lorsque le vent molli un peu au coucher du soleil.
On mit en panne pour la nuit en allumant des feux de mâts.
Le vent était tombé complètement. La houle se glissait par le travers soulevant les coques, créant un lent mouvement, qui berça tout le monde jusqu'aux premières lueurs du jour.
Le soleil levant, n'amena pas assez de vent pour repartir.
Les jumeaux, regardaient les nombreuses barques de pêcheurs vezo, sorte de yole assez instables, avec une voile disproportionnée. Qui naviguaient presque sans vent.
Aimé leur expliqua:
« Les Vezo forment un groupe culturel de l'ethnie Sakakava qui vit sur le littoral. Ils ne s'éloignent guère des côtes, ils se consacrent à la pêche. Le poisson destiné au marché local est mis à sécher sur de grandes nattes de raphia. »
« Avant que vous me demandiez ce qu'est le raphia, regardez mon chapeau, et ma bourse, en vannerie. Cette fibre permet toutes sortes de créations. Le raphia remplace le coton, les nattes obtenues, sont légères et solides. Les bouviers les portent sur le dos, ils construisent leur bivouacs avec, une natte sert de toit, une autre couvre le sol. »






Les abords de l'Ile sainte marie étaient un défit lancé aux peintres. L'océan déclinait un nuancier de bleus saphir et de verts émeraude.
On doubla la pointe sud, très au large. La couleur beige du littorale annoncée des hauts fonds sableux. Plus au nord, deux ilots étalés leur plages de sable corallien de couleur rosée. Il fallu prendre au large, mais tout de suite après la côte était rectiligne.
Les vagues bleu marine buttaient sur la barrière de corail, et marquaient le platier de moustaches blanche. Là ou affleuraient les récifs frangeants, se formait parfois une vague qui allait déferler jusque dans le lagon.
Un banc de poissons volants, jaillit hors de l'eau, un prédateur à ses trousses. Ou simplement fuyaient ils notre étrave, nous ayant prit pour un énorme danger. L'exocet est un poisson maudit, dont les nageoires pectorales, ressembles à deux petites ailes. Lorsqu'il est poursuivi par un prédateur, ses grandes nageoires ne lui permettent pas de nager très vite, donc il bondit hors de l'eau. Mais il ne peut pas battre des ailes comme un oiseau, tout au plus il s'appuie sur le vent pour planer. Dès que l'air a séché ses nageoires, il perd de l'attitude et replonge dans l'eau. Le pauvre animal n'est pas plus rapide dans un élément que dans l'autre, et finit régulièrement dans l'estomac de son poursuivant. Il est très fréquent le matin d'en trouver qui sont tombés sur le pont des navires, ceux la finissent en friture. Mais c'est la loi des poissons dans la mer « Manger ou être mangé.»
Pour l'heure les exocets semblaient montrer la route qui mène à la côte.
A l'intérieur du lagon, la couleur turquoise foncée de l'eau, devenait de plus en plus pâle en se rapprochant de la plage. L'eau était pure et transparente, on apercevait en surface un groupe de grandes raies manta, preuve que le lagon était profond.
- Baie d'Ampanihi et l'ile aux baleineaux.
Depuis le pont du bateau, en regardant la surface de la mer, à l'ombre de la coque, on pouvait voir le dos des dauphins qui filaient vers la proue. C'est un spectacle qui de tout temps à fait vibrer le coeur des marins.
Ce ne sont pas des légendes, que les récits de dauphins guidant les bateaux dans les passes. Ces trouées dans le platier de corail qui donnent accès au lagon sont souvent des pièges pour les quilles des bateaux.
Mais Neptune veillait sur nos amis et les dauphins aussi..
On décida d'envoyer en éclaireur « Le Sloughi » qui avait le plus faible tirant d'eau. Un sondeur à l'avant annoncerait les profondeurs.
Même si Aimé prétendait que le fond était suffisant pour « Le coureur », on décida de l'ancrer avec La Tamise à l'entrée de la passe.
La déferlante qui faisait le gros dos sur le récif à bâbord, permettait de voir les dauphins à travers. Ils jouaient comme les enfants le font sur un toboggan, avec une facilité rassurante.
Et de fait ils semblaient encourager les navires à entrer tout droit dans le lagon.
Il n'y avait pas de piège dans la passe, jusqu'à mi chemin de la plage, l'eau du lagon était bleu marine, la profondeur plus que suffisante.
Toutes les chaloupes furent mises à l'eau, il restait trois heures avant le repas de midi, c'était plus qu'il n'en fallait pour tout préparer. Des auvents en bambous et des voiles furent débarquées, pour construire des abris. Il importait de se méfier du soleil. La nuit prochaine, ceux qui ne voudraient pas dormir à la belle étoile, pourraient coucher à bord.
Le meilleur moment pour la pêche dans ces parages, se situe entre une heure avant le lever du soleil et deux heures après. Donc les pêcheurs rentraient dans le lagon, après avoir relevé leurs nasses et leurs filets. Il y avait de quoi faire le bonheur des cuisiniers. Les pêcheurs, ravis d'avoir si bien vendu toute leur pêche, se proposèrent de préparer les poissons et les crustacés.
Ce qui fit dire à Tsiranana que la prochaine fois, il vaudrait mieux le laisser discuter les prix.En fait de repas, ce fut un festin qui dura tant et plus, et se termina par une grande sieste à l'ombre.
Chassez le naturel il revient au galop :
Il n'y eut que Otto et les jumeaux, qui ne dormirent pas, car Otto leur avait promis de leur donner une première leçon de plongée. Après quelques exercices, les jumeaux réussirent à descendre jusqu'à dix mètres de fond. Ce n'était pas mal pour un début, mais il fallait de l'entrainement avant d'égaler les 20 et 30 mètres que réalisait Otto.
Dix mètres c'était suffisant pour aller en barque le long du tombant. Otto se proposait d'aller chercher des coquillages. Ils s'amusèrent comme des enfants, car dans les trous des coraux il y avait des mollusques de toute forme et de toutes les couleurs, ceux qui avaient la préférence de Lea étaient de forme patatoïdes avec des tâches et des marbrures qui rappelait la robe des léopards ou des tigres. Otto remplit l'écope qui se trouve toujours dans les canots, d'eau de mer pour ramener les coquillages vivants. Il mit en garde les jumeaux contre le dard venimeux de certaines espèces, et leur montra comment les manipuler.
Quant à lui il ne s'intéressait qu'à de grandes huitres plates et rondes, de couleur sombre.
A plonger ainsi au bout d'une heure, les jumeaux étaient épuisés, ils remontèrent se réchauffer au soleil. Pendant ce temps là Otto continuait à remonter des huitres. Leo les installa à l'ombre des bancs de nage sous un bout de toile. La récolte d'Otto se montait à plus de cent huitres lorsqu'il décida qu'ils devaient rentrer.
A la plage, ils furent accueillis par une foule curieuse de voir ce qui les avait occupé si longtemps. Dargenson fut ravi de la cueillette des jumeaux. Il leur montra pourquoi les plus beaux s'appelaient des porcelaines, d'autres des cônes, des nacres, des murex et le plus gros un strombe royal.
Dargenson s'approcha du bord de l'eau ou Otto ouvrait ses huitres, palpait le corps du mollusque avant de le jeter dans l'eau.
Il avait rejeté à la mer la moitié de sa pêche, quand on l'entendit pousser un cri de triomphe. Il montra à Dargenson une perle noire de belle taille et parfaitement ronde.
Otto expliqua au bon docteur, qu'il avait besoin d'instruments chirurgicaux pour mettre à exécution son projet.
Dés le lendemain, le menuisier avait construit une table, avec au centre un morceau de bois creusé sur les instruction d'Otto pour y poser l'huitre sur champ. Otto attendit que l'huitre assoiffée se mette à bailler légérement, pour glisser entre les deux valves la lame d'un couteau, puis il enfonça à petits coups de maillet une lame plus large, et avec des cales en bois il empêcha l'huitre de se refermer. Dans cette ouverture d'un centimètre de large, avec un bistouri il incisa le corps du mollusque à un endroit précis et y logea une petite bille de nacre qu'il avait fabriquée à partir d'un autre coquillage. Sur la même huitre il implanta de la même façon, un morceau de chaire d'une autre huitre. Dargenson avait entendu parler de ces deux procédés, mais il ignorait qu'une huitre pouvait produire plus d'une perle à la fois. En réalité selon les cas, c'était l'un ou l'autre des deux implants qui était efficace rarement les deux.
Avec un poinçon il fit un trou dans une partie de la coquille, y glissa un lien et fabriqua des chaines de six huitres . Il choisit un endroit précis du lagon pour installer des supports en bambous et y accrocher les huitres. Une ferme perlière venait de naitre. Il faudrait un an environ pour savoir si l'expérience était concluante.
Aimé présenta à Otto un vieux pêcheur qui accepta de surveiller l'élevage, et de sortir les huitres pour gratter les coquilles tous les trois mois.

Le but final n'était pas de faire joujou avec des coquillages, donc en avant...!
Une exploration de l'intérieur de l'ile s'imposait, on envoya deux équipes par la mer visiter le littoral, ils recueilleraient de l'autre coté une équipe qui traverserait par la forêt.

Les jumeaux et Otto prendrait la direction du nord avec un canot.
Bush,Serena , Pierre l'Hermite et Tsiranana la direction du sud avec la yole.
Dargenson , Vanderkemp et Aimé optèrent pour la forêt, Outa et Simbad les accompagneraient.
- Rendez-vous à l'ile des forbans dans la baie d'Ambodifotatra
La progression dans la forêt était facile, si l'on exclue la chaleur humide et les odeurs de végétaux en décomposition. Aimé leur conseilla de suivre les sentiers. Ces chemins servaient aux troupeaux, dans cette forêt pluviale, la nature aurait tôt fait de reboucher ces trouées sans l'aide des chèvres. Si les Zébus, préféraient l'herbe tendre, les moutons et les chèvres grignotaient les buissons, en sommes ils entretenaient les sentiers.
Il y avait des papillons en grande quantité, ils étaient attirés par les fleurs, mais ils venaient par nuages entiers au bord des marigots. Dargenson expliqua à Aimé, qu'ils ne venaient que pour s'abreuver, mais qu'ils étaient attirés par l'urine des animaux qui venaient boire. En effet les papillons trouvait là les sels minéraux dont ils avaient un besoin vital.


Ce qu'il y a de bien avec le bon docteur, c'est qu'on apprends en s'amusant :
Simbad et Outa arrivérent tout excités par une trouvaille, une de plus. Il s'agissait d'une famille de caïmans, qui dormaient au bord de la berge. Aimé qui savait cet animal, très léthargique, n'hésita pas à leur taper doucement le crane avec sa canne, sans les réveiller. Dargenson lui fit remarquer: c'est vrai qu'ils n'ont pas l'air agressif, mais ils sont capables de réaction très vives, il vaut mieux rester prudent.
Aimé quant-à lui pensait qu'un animal qui dort tout le temps et se nourrit de crabes de vase, ne présentait pas de danger pour l'homme.
Aimé leur raconta que les malgache en avaient peur. Ils colportaient sur « l'esprit » « Le caïman »; des contes effrayants pour dissuader les enfants de se baigner dans les marigots. « L'esprit » était capable de passer sous une pirogue et la faire remonter le courant. « L'esprit » sortait la nuit sous forme de deux yeux, à la lueur des torches, ces yeux brillaient d'un éclat surnaturel.

En fait la faune de Madagascar, a cela de particulier, qu'il n'y a aucuns des grands fauves africains, aucune bête féroce, aucun serpent vénéneux. L'ile Sainte Marie ressemblait à un jardin d'éden.

Vanderkemp était passionné de botanique, il s'extasiait sur la moindre orchidée, « Regardez celle ci, elle ressemble à une araignée, et la au milieux de fleurs jaune safran, il y en a une rose pâle. »
- C'est cette mante religieuse que Vanderkemp avait pris pour une orchidée.
Dargenson, le détrompa  « Ce que vous avez pris pour une fleur rose, et une mante religieuse » « mais les orchidées n'ont pas finies de vous tourner la tête, je me suis laissé dire qu'il y en avait mille espèces différentes. En revanche, l'amour rend aveugle, vous êtes passé à coté d'un magnifique caméléon, aussi jaune que vos protégées »

Aimé se dit en lui même, que si ces deux là s'arrêtaient aussi souvent, ils n'étaient pas prêt d'arriver de l'autre coté de l'ile.
Le sentier se mit à monter légèrement, et la forêt prenait des allures de savane.
A travers une trouée entre les arbres, ils aperçurent des collines.
Depuis quelques temps on entendait comme des aboiements. Aimé leur dit que c'était un groupe de lémuriens, certainement des « Indri-Indri » et que l'on ne tarderait pas à les voir.

La troupe s'était installée dans un bosquet de manguiers. Mais au lieu de manger en silence, l'un d'eux posté en sentinelle se mit à pousser des cris d'alarme.
Sur le chemin qui menait au manguier, une troupe de «Maki-catta» était assise.
Ils profitaient des rayons du soleil en écartant ses pattes avant pour exposer leur corps à cette chaleur bienfaisante.
Aimé expliqua que cette posture leur valaient le surnom « D'adorateurs du soleil »

Brusquement ils passèrent de l'immobilité, à la fébrilité. Leurs queues annelées noires et blanches, se dressèrent comme des bannières menaçantes.
Une grande femelle, avec un jeune accroché sur le dos, se leva sur ses pattes arrière, et par bond de côté emmena le groupe sus à l'ennemi.
Ces confrontations, pour la possession d'un territoire, faisait rarement des morts, tout au plus des blessés. On hurlait beaucoup, on se chargeait, on montrait les dents en roulant des yeux féroces, il s'agissait d'intimider l'autre.
Le premier qui reculait, était poursuivi par son vainqueur, et quittait l'arbre convoité. Les makis-catta plus nombreux eurent le dessus, les indri-indri battirent en retraite en aboyant de dépit.
L'honneur était sauf, les makis, léchaient les morsures infligées par les indris.
Mais comme chez les hommes; dans les bagarres c'est souvent les plus faibles qui trinquent.
Le bébé de la grande femelle était tombé du haut de l'arbre.
La mère, toute désorientée, serrait sur sa poitrine son petit inanimé. Elle hésita à l'abandonner, alors que le groupe l'appelait.
Partagée entre son devoir de chef de clan et son devoir de mère; elle se résolu à abandonné son petit, et le déposa doucement sur un tas de feuilles morte. Elle bondit dans un arbre, comme pour s'en aller.
Puis revint vers son petit, elle le renifla, lui donna quelques coups de langue, comme pour s'assurer qu'il ne se réveillerait plus; et parti définitivement.


- Le Maki Catta se déplace par bonds latéraux sur ses pattes arrières. Rarement ainsi.

Cette épisode malheureux, aurait chamboulé le coeur le plus endurci. Celui du docteur ne l'était pas, et son devoir lui imposait de porter assistance à tout être vivant en danger de mort.
Dans sa trousse médicale il trouva un miroir, le plaça au bout du museau du maki, un léger souffle ternit la glace.
Dargenson: «  il n'est pas complètement mort, je vais lui faire une petite injection d'un mélange de ma fabrication, pour soutenir son coeur. Je n'ai aucune idée des doses que peut supporter une aussi petite bête, je vais donc diluer ma lotion et n'utiliser qu'une faible dose. La chance aidant, après trois injections et une demi heure de repos la poitrine de la petite bête se soulevait régulièrement.
Elle s'était cassée une patte arrière dans sa chute, et Dargenson remis les os en place et fit tailler des attelles par Outa. La trousse contenait des bandages, un petit morceau suffit à maintenir l'appareillage en place.
Le bon docteur vida le contenu de sa trousse dans un baluchon qu'il confia à Simbad et installa le petit maki dans cette mallette, qu'il porta sur son ventre, afin de garder toujours un oeil sur son patient.
Il ne s'était pas écoulé un quart d'heure, que le petit maki, (qui en l'occurence était une femelle) ouvrit deux yeux dorés, mais nullement effrayés, en voyant le visage du docteur penché vers elle.
Il devait y avoir un produit sédatif dans le mélange du docteur, car après lui avoir fait boire du jus de mangue, la petite bête se rendormit.
La progression du groupe continuait vers le sommet de la colline, ou l'on voyait un troupeau de zébu sur des pâturages.

Vous voyez on ne s'ennuit jamais avec Dargenson,.... avec les jumeaux non plus :
Pendant ce temps là, Otto et les jumeaux, avaient hissé une petite voile sur le mât démontable de leur canot.
En fait cette chaloupe de huit mètres de long, s'avéra très pratique dans le lagon. Avec sa voile très particulière, entre la voile carrée et la voile au tiers, elle faisait penser à une yole, dont elle avait la rapidité, mais en beaucoup plus large ce qui lui assurait une bonne stabilité. Elle était dépourvue de dérive, et c'est son safran, très profond et prolongé vers l'avant, qui remplissait le rôle de plan anti-dérive. Lorsqu'on voulait aborder un plage, on le faisait vent arrière, on retirait le safran dans les tous dernier mètres pour qu'il ne se plante pas dans le sable et le « Dorna » s'échouait doucement.

C'est de cette façon que les jumeaux, arrivèrent à un campement des Vezo.
A cette saison les tortues vertes entraient dans le lagon, pour aller pondre la nuit sur la plage. Cela n'arrive qu'une fois par an. Et les mâles les attendent au large, une fois qu'elles ont pondu, pour les féconder aussitôt. Ensuite elles repartent vers le large et leur migration.
Chez les Vezo la tortue est un met de choix. La pêche à la tortue constitue un véritable rituel, l’animal une fois pêché est sacrifié sur un autel, avant d’être partagé et consommé.
Ils ne prélèvent que des mâles, la forme de la queue du mâle est longue et pointue, celle de la femelle plus petite et arrondie au bout. La pêche en est assez acrobatique.
Un jeune garçon prend une corde avec un noeud coulant entre les dents, se poste debout à l'avant de la pirogue, guide avec la main le barreur et plonge sur le dos de la tortue, qu'il attrape par un aileron avant de lui passer la corde autour de la tête.
Les jumeaux trouvèrent le jeu tellement amusant, et ramenèrent tellement de prises, qu'il fallu en relâcher. En revanche, les oeufs de tortues fraichement pondus étaient délicieux. Ils avaient la réputation d'être aphrodisiaques, s'ils étaient mangés crus. Les jumeaux les préféraient de loin brouillés ou en omelette.

En dehors du poisson et de la chair de tortue les Vezo raffolaient de la pintade. Il y en avait de grandes colonies, qu'on entendait venir de loin car elles n'arrêtaient pas de caqueter. Les enfants Vezo avaient toute sorte de pièges pour les attraper. Une chasse cependant avait leur préférence, ils invitèrent les jumeaux à y participer.
Dans la journée ils allèrent au marigot chercher de gros vers de vase, puis dans l'enclos ils coupèrent des poils de la queue d'un zébu, ils tressèrent les poils pour obtenir une cordelette de dix mètres de long, qu'ils enroulèrent autour d'un morceau de bois.
Il fallu attendre le coucher du soleil. Les enfants amenèrent les jumeaux vers une clairière qu'ils avait appâter, comprenez dans laquelle depuis plusieurs jours ils avaient disposé des petits tas de grains de riz.

Ils attachèrent au bout de leur ligne des petits crochets de métal, il y accrochèrent un gros ver et dévidant la cordelette derrière eux, ils se cachèrent à plat ventre sous les buissons. Il n'y avait plus qu'à attendre. Le troupeau de pintades, s'annonça bientôt par leur cris caractéristiques. On en vit quelques unes sortirent des buissons, et se précipiter vers le riz, toutes se mirent à courir vers cette bonne aubaine. Soudain un gros mâle, reconnaissable à sa crête colorée, aperçu le ver qui gigotait sur le sol, il se précipita.
Il essaya de le gober, mais il était était trop gros pour qu'il pu l'avaler d'un coup. Un autre mâle, voyant le ver se tortiller dans le bec de son voisin, l'attrapa et se mit à tirer de son côté. Le ver fut coupé en deux morceaux, que les pintades se dépêchèrent d'engloutir avant de se le faire voler par un troisième larron.
L'un se sauva en déglutissant son morceau, mais l'autre ne pu aller bien loin, il se laissa ramener par le gamin. l'hameçon planter dans le gosier il ne pouvait crier. Les autres pintades ne se rendirent compte de rien . Les jumeaux constatèrent que chaque ligne avait attrapé une pintade, eux même, avaient chacun la leur.
Ils laissèrent aux enfants le soin de leur tordre le coup. Tout ce petit monde reprit le chemin du camp, Les jumeaux venaient apprendre à pêcher la pintade.
Le lendemain, les gamins leur proposèrent d'aller pêcher des crabes de vase dans un marigot. Ils commencèrent par rechercher une roselière ou ils choisir des roseaux de tailles différentes, certains verts, d'autres secs. Ils les fendirent dans le sens de la longueur, utilisant les plus rigide pour l'armature et les plus souples pour les tisser comme s'il confectionnaient un grand panier. L'ouverture conique tournée vers l'intérieur, permettait aux crabes d'entrer mais pas de ressortir. Il n'y avait plus qu'à lester la nasse avec une pierre, de mettre les boyaux de pintades à l'intérieur, d'y attacher une corde et de jeter le panier à trois mètres du bord.
Ils laissèrent les nasses deux jours en place, mais lorsqu'ils les ramenèrent elles étaient pleines de crabes. A l'exception d'une seule qui avait été déchirée par un caïman les autres pesaient lourd. Les jumeaux aidèrent les plus petits à porter leur panier.
Leo serait bien resté pour une chasse aux chauves souris, mais Lea qui n'était pas du tout tenter par des brochettes de chauve souris; insista pour qu'ils ne s'attardent pas plus longtemps. Il restait du chemin à faire.

(Chère lectrice, je ne vous sens pas non plus, tentée par une brochette de chauve souris. Lesquelles sont des roussettes de la grosseur d'un chat, qu'on prépare comme le lapin, et qui en ont le goût. Mais je vous comprends, les habitudes culinaires varies d'un continent à l'autre. A Madagascar on vend au marché des criquets grillés dans des cornets, comme des frites en France. En revanche ils ne sont pas tentés par les cuisses de grenouilles. Comme quoi...)
Dans un autre genre, plus sérieux :
Bush, Serena , Pierre l'Hermite et Jean-René Tsiranana, avaient amener avec eux six rameurs. Il avait fait monter un fauconneau à l'avant et fait embarquer des pistolet et des armes blanches.
- Serena un peu étonnée, lui demanda: « On part en exploration, ou en expédition punitive? » « Dit le moi, car en fonction de ta réponse, je prends une ombrelle ou une épée. »
- Ce à quoi Bush répondit, « je compte aller voir la côte de l'autre coté de l'ile, et je ne sais pas ce que nous allons y trouver. » « J'ai fait embarquer des demies cuirasses pour tout le monde. Et des tentes pour passer la nuit sur les plages.
Tout le monde embarqua.
Avec ses 12 mètres de long pour à peine deux mètres de large et sa grande surface de voile, la Yole de Bantry, pouvait emmener treize personnes. Entre les mains experts de Bush, dés la sortie du lagon, avec des conditions de vent favorable, la yole volait à plus de 10 noeuds au largue, et ne rechignait pas à remonter au prés serré.
L'allure était rapide, et les baleines qu'ils croisaient, faisaient le spectacle. Ils firent la course avec un groupe de dauphins, qui les distança, lorsqu'ils rentrèrent dans le lagon pour la nuit.
La Yole de Bantry est
effilée et sur-toilée, ce qui lui permet d'être très rapide. Avec cinq rameurs de chaque côté, elle reste efficace, même en absence de vent.

Ils doublèrent la pointe sud de l'Ile sainte marie le lendemain, regagnèrent le lagon pour le repas de midi et eurent la surprise d'y trouver une mangrove. Jean-René leur dit qu'il connaissait cet endroit, et qu'un petit cours d'eau se jetait là. On y trouvait des drôles d'écrevisses avec de longues pinces et des moules d'eau douces délicieuses. On affala les voiles, on sorti les quatre paires de rames et on remonta le ruisseau jusqu'à une petite anse de sable fin ou la yole put s'échouer en douceur.
Sur les bords, il y avait peu de fond, l'eau y était transparente, les racines des palétuviers avaient servi de supports à des grappes de moules. Jean-René leur proposa de remonter le long de la berge, jusqu'à un endroit ou il savait que nichaient les écrevisses.
Il s'agissait d'une héronnière. Au sommet des arbres, nichaient toute sorte d'oiseaux, des aigrettes, des spatules, des fous, des hirondelles de mer. Le tout faisant un savant mélange qui criaillait à qui mieux mieux. Les parents nourrissaient des petits, mais les jeunes maladroits laissaient parfois tomber leur proie.
Quand eux même ne tombaient pas du nid. Les écrevisses sont des fossoyeurs, elles se nourrissaient principalement de jeunes oiseaux noyés. Elles avaient deux pinces très longues, presque autant que la longueur du corps. Les grandes pinces se refermaient sur la proie une paire de toutes petites, arrachaient des particules pour les amener à la bouche. La pêche consistait à immerger un poisson lesté d'un caillou au bout d'une ficelle et de relever le tout, environ tous les quarts d'heure, quatre à six écrevisses s'agrippaient à l'appât. Il n'y avait plus qu'a les décrocher en évitant de se faire pincer, car c'était très douloureux.
Le groupe s'éparpilla à la recherche de fruits, d'autres essayaient de voir les lémuriens qui menaient une joyeuse sarabande au sommet des arbres. Jean-René leur conseilla de rester immobile au milieu d'une clairière, il ne tarderaient pas à voir venir les maki-catta. Car ils sont curieux comme des singes même s'ils ne sont pas de la même famille, et pas très craintifs, si on ne bouge pas. Il faut savoir qu'il n'y a pas de singes à Madagascar.
Le besoin de se restaurer finit par se faire sentir, et tout le monde, regagna l'endroit ou les moules étaient les plus grosses. C'est en regagnant la yole, qu'ils entendirent le bruit caractéristique d'une ancre que l'on mouille, le bruit des bossoirs, puis d'une chaloupe qui touchait l'eau. On criait des ordres en arabe.
Boutre négrier

Eh voilà! On part pour la pêche aux moules et devinez ce qu'on ramène?
Il n'était plus question d'allumer un feu, le repas serait froid. On émit des hypothèses, sur la présence d'un boutre dans le lagon, corsaire? Négrier? Venait-il faire de l'eau? Était on assez cachés s'ils remontaient la rivière pour faire aiguade?
Première précaution remonter à la rame le plus haut possible, et s'armer de suite.
Bush et Pierre restèrent en arrière, ils décidèrent d'aller vers la plage pour voir à quoi ressemblait ce boutre. Ils purent s'approcher sous couvert des arbres. Le vent venait du large, l'odeur ne laissait aucun doute sur la nature de la cargaison. Le canot chargeait des tonneaux, il venait faire de l'eau. A bord du canot, quatre marins. A bord du boutre une dizaine, peut-être un ou deux de plus, dans le château.
Ils en avaient assez vu, ils partirent rejoindre les autres. Ils marchèrent, prés d'une heure, et commençaient à désespérer; lorsqu'ils entendirent le cri de la chouette venant d'un buisson. Bush se mit à rire, « Dieu du ciel les chouans ont débarqué à sainte marie »
Tout le groupe était impatient d'avoir des nouvelles.
« C'est un négrier, » dit Bush, « Il fallait s 'en douter, ils viennent faire de l'eau. »
« Un équipage de douze personnes,» rajouta Pierre, « Six piéces de 4, ils ne sont pas sur leur garde. »
Serena, donna son avis,  «  Nous sommes aussi nombreux qu'eux, sans doute plus déterminés, mais il serait suicidaire de monter à l'abordage en plein jour. »
Bush, acquiesça: « Nous allons envoyer un guetteur sur la plage, avec une arme à feu, si le boutre met à la voile, il nous avertira et nous le prendrons en chasse. si au contraire comme je le crois ils décident de passer la nuit dans le lagon, nous attaquerons de nuit. » « Deux bons nageurs, peuvent aller surprendre d'éventuelles sentinelles. Le reste passe à l'abordage. Jean-René pourrait rester dans la yole derrière le fauconneau. »
On envoya Pierre avec un autre matelot vers la plage; ils seraient chargés d'assommer les sentinelles.
« L'attaque aura lieu une heure avant le lever du soleil. En attendant essayez de dormir »
Ils furent peu à pouvoir le faire, disons que ceux qui ne veillaient pas, somnolaient.
Vers quatre heure du matin, la yole était chargée et descendait vers la plage, à la rame.

L'effet de surprise dans une attaque, c'est 50% de la victoire :
On déposa dans la petite crique tout ce qui n'était pas utile à l'abordage. Pierre et son matelot se mirent à l'eau. Ils avaient fabriqué des matraques avec des chaussettes remplies de sable, et gardé sur eux un large coutelas.
La yole s'avança, autant qui lui était possible, mais la nuit était claire et il était facile de suivre les deux têtes sur l'eau. Le groupe avait les nerfs à fleur de peau. Si un cri survenait il faudrait souquer ferme, pour atteindre le boutre. La distance semblait tellement longue.
Les nageurs en mettaient un temps. Enfin on ne vit plus les deux tâches noires sur l'eau.
Dans la yole on tendait l'oreille. Les seuls bruits audibles, venaient des milliers de grenouilles qui sifflaient leur note unique, sur le même ton, à la même cadence.
Avec tout ce vacarme, ils faillirent ne pas remarquer l'homme qui faisait de grands gestes depuis le pont.
La yole se précipita vers le boutre, sans prendre de précaution pour atténuer le bruit des avirons. Ils se retrouvèrent sur le pont, pour constater que l'affaire était entendue.
Pierre tenait en respect, cinq ou six marins assis les mains sur la tête. Les autres étaient étendus sans connaissance.
Le matelot leur dit qu'il fallait aller surprendre le capitaine dans sa cabine. Bush arma son pistolet et suivi de Serena, poussa la porte du château. Elle était fermée de l'intérieur.
Il fit signe à Serena de viser la charnière du bas, pendant que lui s'occuperait de celle du haut. Les deux coups partir avec un petit décalage, mais la porte était toujours en place.
On se préparait à la défoncer à coups de hache, lorsqu'on entendit une voix aigrelette et chevrotante qui semblait demander grâce.
La porte s'entrouvrit, juste assez pour permettre de jeter un poignard et deux pistolets par l'entrebâillement. Le message était assez clair.

Serena ne riait pas, de se voir si laide dans son miroir :
Un petit vieillard chenu, sortit à quatre pattes, et se prosterna devant Serena le front touchant le pont. Serena, prise de pitié, le saisit par le bras pour le relever, le vieillard leva les yeux, poussa un cri d'horreur et s'évanouit.
Serena se tourna vers Bush « Tu vois, je ne la trouvais pas si géniale que ça ton idée de se passer le visage au noir de fumée, maintenant j'ai un vieil arabe sur la conscience! »
Bush avisant un seau avec une corde, puisa de l'eau de mer et en arrosa la tête du vieux, qui se dressa sur son céans; cherchant autour de lui le « Chaytane »
Comme tout le monde s'était passé au noir de fumée, ce n'est pas un « djinn», mais dix démons qui l'entouraient. C'était plus qu'il ne pouvait en supporter, il préféra retourner au pays des songes.
Bush, baissa les bras et soupira:  « Je ne vais pas passer la nuit à le doucher » « je vais jeter un coup d'oeil dans sa cabine. »
Serena appela Jean-René, «Venez à bord on va avoir besoin d'un traducteur »

Ils partirent à dix mais par un prompt renfort, se virent 150 et n'étaient pas encore au port :
Jean-René comprit ce qui lui restait à faire, il descendit dans l'entrepont, on l'entendit expliquer aux pauvres créatures qu'elles étaient libres, qu'on allait leur ôter leurs chaines.
En remontant sur le pont, il vit Bush et Pierre sortir de la cabine du capitaine, avec des documents, qu'ils n'arrivaient pas à déchiffrer. Il expliqua, « Ces gens sont une centaine, ils ont besoin de se laver et de boire » 
Bush; « On va commencer par leur enlever les chaines, que ceux qui savent nager rejoignent la plage, les autres pourront être débarqués par la yole et le canot » « J'ai trouvé une remise pleine de sacs de riz, il y a quelques chaudrons » « Essayez de trouver le cuistot, parmi cette engeance, envoyez le à terre dans le premier voyage » « Quand ils seront restaurés il faudra nettoyer les cales du boutre, l'odeur est insupportable.
Jean-René, passa de l'un à l'autre pour connaître leur histoire. Il prit des notes. Le cuistot semblait un brave homme, il parlait malgache, il expliqua, que l'équipage était constitué d'anciens esclaves qui s'étaient convertis à l'islam. Ils n'étaient plus des esclaves, mais pas tout à fait des hommes libres. Ils seraient ravis de reprendre leur ancien métier de pêcheurs.
C'est donc un petit équipage, plein d'entrain, qui se chargea de nettoyer le boutre. Tout le monde avait le ventre plein.
On installa les malgaches, partie sur le pont, partie dans la cale, et on mit à la voile.
La yole embarqua trois matelots et fut envoyer en éclaireur, pour retrouver le dorna des jumeaux.
Pour passer le temps à bord on chercha un nom pour rebaptiser le boutre.
Comme il était rapide, tous les noms d'oiseaux de mer furent évoqués. Mais il y avait pléthore de « frégate, hirondelle, albatros....etc » on écarta les dieux et héros grecs « Mercure, Eole, Ulysse.... »
Serena proposa « Salouki ». Le salouki est le nom du lévrier persan. Les deux boutres se ressemblaient assez pour porter respectivement les noms de « Sloughi » et « Salouki ».
Si la meute des lévriers devait s'agrandir, il ne manquait pas de nom de lévriers.
- Serena donna quelques exemples: Le Rampur de l'inde, Le Taïgan du Kirghizistan, Le Bakhmull de Russie, Le Chortaj d'Ukraine et bien d'autre.
Bush s'étonna: Mais comment peux tu être aussi savante sur ce sujet?
Serena: « J'ai eu des lévriers Barzoï, Russes à long poils et l'éleveur était intarissable sur le sujet »
Jean-René changeant de sujet, et demanda à Bush;  « Maintenant que vous connaissez un peu l'ile Sainte Marie, avez-vous toujours l'intention de rencontrer le roi » « En théorie, ce territoire est sous contrôle de la France, même si aucun représentant de la république ne réside sur l'ile »
Bush répondit, c'est un endroit ou nous pouvons installer une base, mais comment être sur que personne ne va nous contester le droit d'en exploiter les ressources.

Le port! ce n'est pas difficile, c'est toujours tout droit :
Le temps clément, permettait une navigation sans difficulté, un peu ennuyeuse. Les histoires faisaient passer agréablement le temps. Des aventures qui avaient tourné court, comme celle de la république de Libertalia que fonda le pirate Misson dans la baie de San Diego (Diego Suarez).
Jean-René: « Nous nous dirigeons vers l'île aux Forbans, située au coeur de la baie d'Ambodifotatra. C'est la ville la plus importante de Sainte Marie. Ce lieu porte ce nom car y ont séjourné des figures légendaires de la piraterie. Comme John Avery, Christophe Condent, Thomas Tew, William Kidd, et Olivier Le Vasseur . » «Les frères de la côte y ont même cré une base à l'image du gouvernement de l'ile de la tortue en mer caraïbe »
En somme cette ile est depuis longtemps la propriété des frères de la côte. Vous n'avez aucune lettre de marque, vous n'êtes en sécurité nulle part. Alors ici ou ailleurs,... ici la force prime le droit, ….à vous de voir.
Pierre l'Hermite avait réagi, au nom de Le Vasseur : Il proposa de raconter comment son grand père avait capturé le fameux pirate « Olivier Le Vasseur dit La Buse »

Certains eurent besoin de shéhérazad, et d'autre de Pierre l'Hermite :
- Pierre commença par: « Voici donc l'histoire de la Buse, et comment mon ancêtre participa à sa capture. »
- Olivier Levasseur est né à Calais à la fin du XVIIè siècle.

En 1721, La Buse était associé au pirate anglais Taylor. Ils se sont emparés du riche vaisseau portugais de 72 canon 'La Vierge du Cap' qui avait cherché refuge contre les tempêtes dans le port de Saint-Denis à l'île Bourbon.

A bord du vaisseau se trouvaient le comte Ericeira, vice-roi des Indes et l'archevêque de Goa. La Buse n'exigea pas de rançon du vice-roi, mais fit main basse sur les objets d'une inestimable valeur : rivières de diamants, bijoux, perles, barres d'or et d'argent, meubles, tissus, vases sacrés et cassettes de pierres précieuses, et la crosse d'or de l'évêque de Goa constellée de rubis pesant plusieurs kilos.

'La Vierge du Cap', radoubée et remise à neuf, devint le vaisseau de La Buse et prit le nom de 'Le Victorieux.'
Mais l'année d'après, Duguay-Trouin et le commodore anglais Matthews vinrent se chercher querelle dans les parages.

La Buse et Taylor se sont méfiés et ont préféré prendre 'le large'. Taylor s'enfuit aux Antilles et La Buse se retira à l'île Sainte-Marie à la baie des Forbans.

C’est en 1729 que le Capitaine l’Hermitte, commandant le bateau 'La Méduse' pour la BECI, reconnu le recherché « la buse » à son bord alors que celui-ci offrait ses services de pilote dans la baie d’Antongil. Il fut immédiatement arrêté, emmené à Saint Paul de La Réunion où il fut jugé. Olivier Levasseur fut ainsi pendu haut et court pour piraterie le 07 juillet 1730 à L’île de La Réunion.

L'histoire pourrait s'arrêter là, si la légende n'avait pas pris le relais.
- Car juste avant son exécution, quand il monta sur l'échafaud, Olivier Levasseur, lança dans la foule un cryptogramme et s'écria :
- « 'Mes trésors à qui saura comprendre !' »
- Pierre l'Hermite, exhiba une copie du cryptogramme trouvé à Mahé aux Seychelles.
Le décryptage donne la traduction suivante :
-'Prenez une paire de pijon, virez les 2 coeurs...tête de cheval... une kort
fil winshient écu prenez une cuillière de mielle... outre vous en faites une ongat
mettez sur le passage de la.....Prenez 2 liv cassé sur le chemin Il faut... toit à moitié couvé
pour empêcher une femme... vous n'avez qu'à vous serrer la... pour veni
.. épingle ...juillet.... faire piter un chien turc un.. de la mer... bien sécher et sur.. qu'une femme qui veut se faire d'un...dans... dormir un homme.. faut en r endre...qu'un diffur...' Comprenne qui pourra, le trésor est au bout.
- Une chose est certaine Le Victorieux a été coulé dans la baie d'Ambodifotatra, baptisée 'La baie des forbans'
- Serena posa la question qui venait immédiatement à l'esprit;  « Est-il possible que La Buse, se soit moqué de tout le monde, et que ce texte ne soit qu'une recette de cuisine.
- Pierre répondit: que le trésor était encore caché, car il était si considérable; qu'il n'aurait pas pu passer inaperçu, si on l'avait trouver.
C'est en rêvant de trésor qu'Ils arrivèrent en vue de la baie :
Jean-René expliqua que d'Ambodifotatra signifiait au pied des fotatras.
(Chère lectrice, vous sachant férue de botanique, je vous dois cette explication: Le fotatra ou Bonnet d’évêque est un arbre imposant, aux fruits à quatre côtes saillantes qui ressemble à un bonnet d’évêque. Son bois sert à la fabrication des bateaux. La graine contient des principes toxiques utilisés pour la pêche des poissons dans les mares d'eau douce, ou les petits ruisseaux.)
La baie était très encaissée. l'entrée large d'un kilomètre, avec en son centre, un petit îlot rond et rebondi : l’île aux Forbans. Bush pensa aussitôt que quelques canons bien disposés, rendraient ce plan d'eau inexpugnable. Il y avait bien un fort sur le haut de la colline derrière la ville, mais il ne semblait inoccupé.
La yole sortait à leur rencontre. Elle proposa au boutre de le guider au fond de la baie.
La marée était haute, il était possible, de mettre une ancre à cent mètres de la plage et d'échouer le boutre. Il fallait inspecter la quille et le bois sous la ligne de flottaison, un doublage de cuivre serait peut-être nécessaire. Dans ce cas, il faudrait ramener des feuilles de cuivre de Tamatave.
Dargenson, Vanderkemp, Simbad, Outa et la petite femelle maki catta, les attendaient sur la plage, ils étaient impatients d'entendre le récit de la prise du « Salouki »
On chargea la Yole d'avertir « La Tamise » et « Le Sloughi » de venir à « Port Forbans » (C'était un nom proposé pour la nouvelle colonie).
Mais on n'eut pas à ce donner ce mal, car elle était à peine sortie de la baie, qu'elle voyait les deux bateaux au large, elle fit demi tour pour annoncer la nouvelle.
On brula un peu de poudre pour se saluer. on prépara une grande fête sur le port ou tout le monde fut convié. La nouvelle se répandit si vite que des habitants firent le voyage depuis les villages d'Ampatsy et d'Anafiafy. Autant dire que tout ce beau monde représentait la quasi totalité de la population de l'ile.
Jean-René et Aimé furent souvent sollicités comme traducteurs :
Les jumeaux étaient intrigués par le fait que les zébus qu'on devait sacrifier pour la fête, n'étaient pas garder dans un corral. Mais tous sagement couchés au centre du village.
Lea voyant Aimé passer par là l'appela:
- « Aimé peux tu venir me traduire ce que dit ce bouvier? Je m'étonne que les zébus ne soient pas enfermés dans en enclos, pourquoi ne bougent-ils pas? »
- Aimé lui expliqua: « Faire un enclos et ensuite le défaire, c'est fatiguant et inutile » « Lorsque le village veut un zébu, pour une fête » « On envoie les enfants vers les troupeaux qui sont dans les collines » « Les bouviers utilisent un zébu dressé à faire le va et vient entre le troupeau et le village; l'autre bête va la suivre docilement » «  Lorsque les deux zébus arrivent au village, on laisse repartir le guide qui retrouvera tout seul le chemin du troupeau. »
- « Quant-à l'autre, en attendant de l'abattre, ils lui sectionne les tendons d'Achille des pattes arrières, le zébu ne peut plus tenir debout , il se couche et attend sagement » « Pourquoi veux tu fabriquer un enclos »
- Lea scandalisée: « Mais ce sont des moeurs barbares, j'ai horreur de voir torturer les animaux » « Je vais créer un dispensaire pour recueillir les animaux blessés ou orphelins. »
- Aimé se mit à rire « Ton idée d'arche de Noë, est épatante, je veux t'aider à la réaliser. Par quoi veux tu qu'on commence? On peut recueillir les trente zébus et soigner leur pattes arrières, bien que je ne sois pas sur, qu'ils remarcheront un jour »
- Lea retrouva son sourire « Tu es bête, je pensait qu'on pourrait s'occuper de la petite femelle maki, que le docteur soigne? Et si nous devons nous installer ici pour un temps; je me choisirai une petite crique à l'écart adossée à une colline, la maison sur la pente pour profiter de la brise de mer, avec une belle clôture blanche et des chevaux en liberté.»
- Aimé prenant la chose au sérieux proposa à Lea d'aller faire une reconnaissance en canot, avant que d'autres ne leur prennent le meilleur emplacement.
- Lea enthousiaste « Chic allons en parler à Leo, je suis sur qu'il va vouloir rejoindre notre « Arche de Noë » Elle parti à grandes enjambées, sans voir la tête dépitée d'Aimé. Non pas que Leo représentait pour lui un rival, mais il avait espéré être un peu seul avec Lea.... Enfin il ferait avec.
Les jumeaux et Aimé chargèrent de l'eau et des provisions dans le « dorna » et mirent à la voile vers le nord. Ils avaient vu en venant une quantité de criques rocheuses.
Si certaines étaient assez profondes, peu avaient une plage. Plus ils remontaient, plus la falaise était haute. Ils firent demi tour, cap sud-sud-ouest, le vent contre, les obligeaient à louvoyer.
Le cap baleine et l'anse couleuvre :
C'est en tirant un bord au prés serré, qu'ils se rapprochèrent d'un petit cap qui surplombait la mer de trente mètres environ.
Au bout du cap la mer semblait s'engouffrer dans une grande grotte naturelle dont le plafond très haut, permettait que le dorna, y pénétre sans démâter.
Une fois passer l'entrée, la voile déventa. Sur sa lancée, le canot se dirigeait vers une plage de graviers.
Les yeux s'habituèrent à l'ombre, et les jumeaux, constatèrent que cette grotte devait servir d'abri aux pêcheurs. Il y avait deux pirogues et des troncs d'arbres qui devaient permettre de les faire monter hors de portée des vagues. Un ruisseau d'eau clair dégoulinait en petites cascades. la grotte amplifiait le bruit du ressac. Ils se servirent des troncs pour hisser le dorna sur les cailloux.
- Petit ruisseau qui descend sur la plage de l'anse couleuvre.
En remontant le petit ruisseau, ils sortirent sur une plage de sable volcanique. Venant de l'ombre, ils furent éblouis par la violence les couleurs.
Ils marchaient sur un sable tellement noir, qu'il avait des reflets bleus comme parfois les ailes des corbeaux. À droite la végétation dense était vert tendre et déboulait d'une ravine, jusqu'au bord du petit ruisseau. A gauche la mer bleu roi, poussait des vagues qu'un banc des récifs avait peine à ralentir.

Quand la beauté de la nature vous fait monter les larmes aux yeux :
- Lea ne put que constater: « Mais que c'est beau »
- Leo ne put que l'approuver: « C'est beau comme dans un rêve » « d'ailleurs nous sommes peut-être au paradis, regarde le serpent qui s'enfuit vers le cours d'eau » « il ne manque plus qu'un pommier pour jouer à Adam et Eve »
- Aimé dit que « les pêcheurs malgaches, avaient sans doute déjà baptiser cet endroit. Ce qu'on allait bientôt savoir car on entendait la voix de plusieurs personnes qui arrivaient. »
En fait ce fut une famille au complet, qui se préparait à partir à la pêche. Papa, maman et deux adolescents. Aimé les salua et après quelques minutes traduisit.
- L'endroit s'appelait « L'anse de la couleuvre » et le cap « La baleine » . Pour sa forme et pour la grande ouverture au bout qui ressemblait à la gueule d'une baleine. »
- Aimé leur avait demander, s'ils pouvaient venir pêcher avec eux, ils étaient d'accord. Ils demandaient si nous étions venus en bateau? (preuve que cet endroit était accessible par la terre).
Au paradis on ne peut faire que des pêches miraculeuses :
Seul le père et les garçons se dirigèrent vers la grotte. Aimé proposa à Leo de les suivre, il resterait avec les deux femmes. Mais Lea lui dit d'aller à la pêche, qu'elle se débrouillerait bien avec Mirana (souriante), puisque tel était son nom. Aimé dit: elle demande ce que veut dire Lea?
C'est Leo qui répondit (La Tigresse) et Lea demanda à Aimé de traduire que Leo voulait dire (Caresse) cela fit rougir et beaucoup rire Mirana.
Pour le père Zo (Droit), les garçons, Faly (content) et Mahaleo (Indépendant).
Ils s'intéressèrent beaucoup au dorna, et demandèrent si Leo pouvait le prendre pour pêcher? On décida qu'un des garçons irait dans le dorna à l'aller, l'autre au retour.
Les deux barques sortirent à la rame, on tira un bord au large. Les deux bateaux se rejoignirent chacun prit une extrémité du filet qui fut tendu parallèlement à la plage, ensuite les deux canots naviguèrent ensemble vers le bord, ils se rapprochèrent pour passer entre les récifs distants de cinquante mètres environs, puis ils piquèrent droit vers les femmes.
Le filets formait une poche à l'arrière, et ils se mirent tous à haler le filet sur le sable, c'était très lourd. Aimé leur demanda, comment ils faisaient à quatre pour le remonter. Le pêcheur lui dit qu'ils n'y serait pas parvenu facilement. Mais que c'était la saison de la bonite et qu'ils devait avoir pris un petit banc. Il fallu pas loin d'une demi heure pour ramener la poche sur le rivage. C'était un coup de filet chanceux, ll y aurait beaucoup de travail pour vider et mettre tout ce poisson et les faire sécher.
Aimé demanda au pêcheur, s'il serait d'accord pour lui vendre toute la pêche, sans vider les poissons, juste en l'aidant à remplir le dorna. Ils s'entendirent sur un prix et commencèrent à charger la barque.
C'est bien connu; c'est en pêchant la bonite qu'on devient?... charpentier de marine:
Mahaleo regardait le dorna en détail, caressant les membrures, souriant en voyant le safran démontable, la voile et le gréement, tout semblait le passionner.
Aimé s'en étonna auprès du père, qui lui apprit que depuis tout petit, Mahaleo construisait des bateaux. La première pirogue il l'avait trouvé éventrée par les récifs coulée prés de la plage. Mahaleo l'avait réparée. Puis en avait construit une autre sur le modèle de la première. Aimée demanda à Mahaleo, si il était capable de construire un dorna. Le garçon lui répondit que sans certains outils il n'y arriverait pas. Mais avec des outils il pourrait même en construire un plus grand.
Aimé consulta Lea et Leo:
- Ce coin vous plait et ses gens aussi, ils ont bien trouver un endroit pour construire une case ? Allons voir si nous ne pourrions pas y installer autre chose!
Les jumeaux aidèrent à remplir le dorna, Leo et Mahaleo sortirent faire un tour au large, et remisèrent le dorna dans la grotte.
La famille Riana en tête on grimpa dans la ravine, le long du torrent. A certains endroits des grosses pierres plates avaient été installées pour faire des escaliers. La végétation s'éclaircit et le terrain cessa de monter, on arrivait au sommet de la falaise.
Le point de vue sur la mer était magnifique, de l'autre côté on voyait des collines et de la végétation abondante. Quelques chèvres et deux zébus entravés, broutaient à l'ombre des fotatras.
Il y avait toute la place qu'on voulait pour construire un village.
Voir l'anse couleuvre et mourir :
Cet endroit avait du être habité autrefois, car dans une clairière, il restait des tombes, plus loin les soubassements en pierre d'une construction. Ils venaient de découvrir un verdoyant cimetière lieu de repos éternel d'aventuriers et de pirates.

- Lea: « Vous voyez, c'est ici que vous finirez, vous avez voulu vivres comme eux! Vous mourrez comme eux » « est ce qu'on gravera sur votre tombe une épitaphe comme celle ci »
- « Il est enterré comme il à vécu debout. » ou encore « Ce que la mer n'a pas pu faire le rhum s'en est chargé » ou préférez-vous « Au moins là ou je suis, je n'ai plus mal aux dents »
- Aimé demanda; « Alors qu'en dites vous? » « Peux tu demander, combien de temps on met pour aller à pied à Ambodifotatra » «une demi heure en marchant vite » « Une heure avec un char à zébu »
Leo dit qu'il était d'accord, Lea aussi et Aimé dit qu'il allait étudier la possibilité d'installer un chantier de fabrication de dorna.
- Il reçu un veto catégorique des jumeaux, on allait pas défigurer le site ou la plage avec des ateliers! Il n'avait qu'à construire ses bateaux au port d'Ambodifotatra.
- Lea: « Mahaleo tu serais ravi de faire une heure de marche pour aller aux chantiers navals tous les matins et autant pour revenir le soir, n'est ce pas.» « Aimé ce n 'est pas la peine de traduire. Trouvez plutôt une solution, ou un cheval, c'est ça offrez lui de ma part un cheval »
- Aimé: « Avec tout le respect que je vous dois, ou voulez vous que je trouve un cheval? Il n'y a pas de chevaux à Madagascar. »
- Lea: « Mais avec quoi ils circulent, quand ils ne vont pas a pied, qu'ils ont une lourde charge à porter, ou qu'ils sont pressés? »
- Aimé: « Pour les charges, ou pour ne pas aller à pied ils utilisent un char à zébu.»  « Sauf s'ils sont pressés, car le zébu marche trois fois moins vite qu'un homme » « De toute façon ils ne sont jamais pressés, » « Comme dit le proverbe : Tu prendra bien le temps de mourir, prend donc le temps de vivre »

Sur ce on dit au revoir à la famille Riana, Aimé demanda à Mahaleo s'il voulait venir avec eux, il était d'accord.
Parti à trois faire une promenade, ils revenaient à quatre, avec un bateau rempli à ras bord de bonites. Inutile de dire qu'ils furent accueillis les bras ouverts et revendirent les poissons trois fois ce qu'ils les avaient payés. Aimé dit à Mahaleo, qu'il lui gardait 1/3 de la somme pour lui acheter des outils.
C'était trop beau pour être vrai :
Un autre nouvelle venait d'arrivée par des pirogues rentrant de la pêche, une flotte de grands bateaux arrivait par le nord. Bush venait d'envoyer des canonniers pour servir les pièces qu'il avait fait débarquer sur la petite ile dans la passe. Il y envoya dans l'urgence un détachement d'une cinquantaine de matelots armés de mousquets, pour parer tout débarquement. On fit manoeuvrer les bâtiments dans la baie, grâce à deux ancres, pour qu'ils présente leur bordée vers le large.
On fit distribuer des armes blanches à qui voulait en avoir. Réservant les armes à feu aux marins expérimentées.
Et l'attente commença. Elle fut de courte durée car les vigies envoyées en haut de la falaise, identifièrent rapidement l'escadre; comme étant la celle d'Hodoul.
En tête venait « l'Olivette »,suivi de « la Justice » et deux grosses unités noires à bandes jaunes (Les couleurs de la compagnie anglaise des indes orientales) et trois côtres à huniers, jouaient les chiens de garde.
La rade retentit des coups de canons et de mousquets, d'autant plus nombreux que la joie de retrouver de vieux amis était réelle . Hodoule avait fait décorer ses haubans d'une multitude de drapeaux, comme c'était la mode dans la marine française. L'Olivette portait sa marque comme le guidon d'un amiral.
Avec tous ces bateaux, le plan d'eau avait un air de fête. On fêtait des retrouvailles. on se saluait d'un bord à l'autre dans toutes les langues. Et Dieu sait que dans ces cas la barrière de la langue n'existe pas.

Hodoul arriva à terre ou l'attendaient tous ses amis. Plus les Tsiranana qu'il ne connaissait pas et Mahaleo qui s'était intégré sans difficulté.
Bush emmena tout le monde vers la place du village, qui était abritée du soleil par les grands fotatras.
De longues tables équipées de bancs avaient été fixées au sol. Chacune équipée d'un auvent en feuilles de « Ravenala ». Les discussions allaient bon train, ils avaient tant de choses à se raconter.
(Chére lectrice, « c'est peut-être la première fois que vous entendez parler du 'Ravenala' que le forbans appelaient, soit Ravenal, soit arbre du voyageur. Cet espèce de palmier, est très reconnaissable, au fait qu'il ressemble à un bananier qui aurait des feuilles en éventail. Il tire son nom d'arbre du voyageur, car il garde dans son coeur une réserve d'eau, fraiche et buvable. J'ignore si cet arbre à sauver beaucoup de déshydratés, mais les Malgaches l'ont dessiné sur leur drapeau.)

Quand un forban rencontre un autre forban, qu'est ce qu'ils se racontent ?:
Hodoul prit Bush à part : « Tu me connais, je ne sais pas dire ces choses là, mais je suis content de vous retrouver tous en vie, dans cet endroit merveilleux »
Bush lui renvoya le compliment, d'autant qu'il était sincère  « Tu m'as l'air en bonne santé et à voir les deux jolis « Indiamen » que tu as capturé..... »
Hodoul: « Tu sais que nous sommes en comptes, et je dirais que ta fortune est faite (Autant que la mienne d'ailleurs). Je suis officiellement corsaire français, lettre de marque de Malartic, tout est en ordre. Sauf que ce rat fait main basse sur 50% de tout ce qu'il rachète, prise et cargaison. Ce sont les conditions qui ont été appliquées pour la vente du Zenith et l'Audacious. Je suis désolé, mais je n'ai pas pu faire autrement.
Bush le rassura: «  Ne t'en fais pas, je n'aurai pas su quoi en faire! »
Hodoul enchaina: « Soit! ...Je te devais la moitié de la moitié soit un quart de vaisseau de ligne plus la moitié de La Justice. J'ai donc considérais que nous étions associés, et que te revenait un des deux indamen. »
« Et comme tu m'as fait crédit pour un bateau trois quart, je t'offre les deux indamen! Avec leurs cargaisons et leurs équipages. Le Dutton et e Earl of Abergavenny …...........Qu'en penses-tu? »
« Je penses, » dit Bush: « Qu'un bon accord, est celui qui satisfait les deux parties, si tu es content, moi je suis ravi, topons là et portons un toast à notre indéfectible amitié. »
« Et tu ne sais pas tout! » dit Hodoul, « Je ne suis pas naïf, je connaissait la réputation de Malartic. Donc avant d'aller à Port Louis, j'ai fais escale dans une crique de l'ile de la Réunion. J'ai fais démonter toutes les caronades et autres fauconneaux des deux prises, et je m'en suis servi de leste sur les autres bateaux, plus une pièce de chasse ou deux, disons quatre. Le Malartic n'y a vu que du feux, pas vu, pas pris et passez muscade. » « Pour les deux indamen, il y en à donc un, celui qui est très enfoncé qui est bourré de caronades , de poudre, de voiles de rechanges et d'espars. »
Bush: « Ah! Bon ! Parce que tu t'es aussi endormi sur le petit matériel? »
Hodoul  « Qu'est ce que tu crois, j'ai fait tout passer à bord de La Justice, les outils, les instruments de navigation, les instruments chirurgicaux, la moitié des armes à feux et de armes blanches » « Tu en à ta part dans le deuxième indiaman. » « Et la cerise sur le

Yole de Bantry