suite12

Voilà comment Bonaparte, remporta l'unique victoire navale, de sa longue carrière.


- Bush : «  Merci général, sans vous, j'aurais passer un sale quart d'heure »
- Bonatarte: « Ne me remerciez pas, en échange; il faut que vous m'enseignez cette botte fulgurante, c'est remarquable, comment l'appelez-vous »
- Bush: éclata de rire « Je pourrais l'appeler la trébuchante, car en fait c'était complètement raté »
- Bonaparte: « A voir dans quel état, vous avez mis ce pauvre bougre, heureusement que vous l'avez raté! »
- Bush: « Je demanderai à Lea de vous enseigner sa botte, c'est une escrimeuse de tout premier ordre, je n'ai vu personne depuis dix ans qui soit capable de la battre.
- Bonaparte: « Et ou peut-on trouver Lea? »
- Bush: « Pas bien loin, voilà la Superbe, elle est à bord avec son mari »
Quand le soleil passa au dessus de l'horizon, la ville de Mocha, paru ne pas se réveiller. Les événements de la nuit n'auguraient rien de bon pour les habitants, ils préférèrent rester enfermés en attendant la suite. Comme souvent, les Anglais, ne cherchaient pas à s'installer durablement. Dans les entrepôts, il n'y avaient que du matériel militaire, des fusils des pistolets des obusiers; des canons de campagne,et des munitions, entre autre une quantité de poudre suffisante pour faire sauter la ville.
Bonaparte confia à Bush:  « je viens d'apprendre que Djezzar, le pacha de Syrie s’est emparé du fort d’El-Arich, situé dans le désert, à dix lieues de la frontière d’Égypte, qu’il est decidé à défendre. Je ne doute plus de l’imminence d’une guerre avec le Grand Turc. Une expédition en Syrie s'impose. » « Voulez vous être des notres? »
Bush « J'ai une bonne nouvelle, j 'apprend par leo qui vient d'arrivé avec le 'Takamaka III', qu'une délégation des princes Arabes, s'était présentée à Masqat, pour solliciter l’alliance des français. Leo les a embarqué avec leur suite et leurs chevaux à bord d'un Indiaman, qui devrait arriver demain ou après demain.
Bonaparte: « C'est toujours bon d'avoir des alliés, mais c'est mieux, d'avoir des amis !»
Bush: « Ali le capitaine de la 'Superbe' n'est pas que le mari de Lea Villaret de Joyeuse, c'est également le Sultan d'Oman et de Zanzibar. »
Bonaparte: « Villaret de Joyeuse? L'amiral ? »
Bush: « Exactement Leo et Lea sont les jumeaux de l'amiral, bon sang ne saurait mentir »
Bonaparte: « Savez vous bande de forbans, que si vous n'étiez pas aussi discrets, vos victoires pourraient me faire de l'ombre ?»
Bush: « Convenez, que dans ce pays, l'ombre est recherchée pour sa rareté »
Bonaparte: « Dans un autre ordre d'idée, quelle aide peut-on attendre de ces princes Arabes »
Bush: « En combattant 'La sublime porte', vous pouvez leurs demander de vous verser le tribut qu'ils payaient aux turcs, en échange de votre protection et vous vous en ferez des alliés » « Si en revanche, vous ne leur demander que leur amitié en échange, vous vous les attacherez pour la vie » « Vous pouvez même, leur suggérer de vous confier un fils ou un neveu, qui serait formé dans nos universités à Paris, ils doivent en avoir envoyé à Istamboul »
Bonaparte: « Savez vous amiral, que si vous n'étiez pas aussi occupé par vos fonctions, je vous aurai offert un poste à mes côtés, mais si j'en ai un jour les pouvoirs, je vous nommerai 'Prince Bush d'Arabie' » « j'ai fait porter des cartes dans le grand salon allons préparer la campagne contre 'La sublime porte' »

Bush donna des ordres, pour le diner, il invita, tout le monde sauf Dargenson qui était toujours à la recherche du canal des pharaons. Bush présenta Ali à Bonaparte, qui s'attendait sans doute à rencontré un émir arabe et non pas un pur produit de l'occident.

Le repas fut de très bonne qualité, Les poissons venaient de la Mer Rouge, les côtes de boeufs des zébus de Madagascar. Les fruits et légumes avaient poussés au bord du Nil et le tout était arrosé de vin du Cap.
Mais Bonaparte, entouré de Serena et de Lea, aurait bien été incapable de dire ce qu'ils mangeait, tant il était sous le charme de nos deux sirènes.
Elles avaient une allure folle dans leur tenues style forban. Chemisier de soie blanche, col et poignets mousquetaires, pantalons collants, grandes bottes cuissardes, boleros de satin broché et large ceinture rouge. Aucun bijoux si ce n'est de grands anneaux aux oreilles. Pour ne pas provoquer de comparaison, elle portaient l'une et l'autre exactement la même tenue.
La conversation était animée, La soirée sur le pont du Sloughi promettait de se prolongée. Les filles racontèrent un tas d'anecdotes drôles, évitant d'évoquer les faits d'armes.
Serena raconta la soirée avec Nelson, et le jeu de la voyance de Leo et Lea. Bonaparte décréta que ce qui était bon pour Nelson l'était aussi pour lui. Il tenait absolument à voir ce numéro. Leo et Lea acceptèrent, mais à une seule condition, de ne pas révéler le truc.
Bonaparte, promit, que si personne ne découvrait le truc, il n'insisterait pas pour le connaître. Moyennant quoi le jeu put commencer.
Lea avait gagné de l'assurance avec l'âge. Elle jouait plus juste, et ménageait mieux ses effets.
- Leo prit la parole: « Mesdames et messieurs, vous allez assister à une démonstration des talents de voyance de Lea. Ce sera la deuxième fois depuis vingt ans que Lea accepte de nous faire la preuve de ce don unique au monde. »
« Ali tu n'étais pas présent à Gibraltar lors de la dernière démonstration? Peux tu donner ta parole de Sultan que tu n'es pas de connivence avec ta femme? »
Ali: «  Je reconnais beaucoup de talents à Lea, mais je l'ai épousé en ignorant qu'elle était médium; vous pouvez me croire! Cela aurait peut-être changer ma décision! »
Leo: « Je sens l'accent de la sincérité derrière cet hommage rendu à ma soeur préférée; mais iras tu jusqu'à être sa première victime » « Bravo pour ton courage, nous l'applaudissons bien fort » « Aurais tu, par hasard sur toi, un papier ou un document? »
Ali : « Oui je viens de recevoir cette note, il y a une heure, à l'exception de deux personnes dans cette assistance, personne n'a pu la lire »
Leo: « Vous êtes bien sur que vous êtes le seul, à savoir ce que contient cette lettre? » « Oui j'en suis persuadé » « très bien » « Lea est tu prête »
Lea: « Autant que l'on peut l'être, dans cette circonstance! »
Leo: « Très bien, alors peux tu me dire ce que tu vois »
Lea: « Je vois une note manuscrite, une écriture rapide, il est question d'une armée...Non d'une partie d'une armée , d'une légion. Et d'un homme à cheval, un chevalier! Qui va recevoir une décoration.... » « Mesdames et Messieurs j'ai l'honneur et l'avantage de vous faire savoir qu'a compter de demain, je serais la femme d'un chevalier de la légion d'honneur »
Bonaparte: « C'est tout à fait étonnant, j'ai moi même rédigée cette note, sans m'appliqué, j'ai une écriture illisible, la performance est d'autant plus surprenante » « Puis je être la prochaine victime? » 
Lea : « Mais bien volontiers général »
Bonaparte: « Doit-on forcément écrire quelque chose »
Lea: « Non vous pouvez dessiner, à condition de penser très fort au sujet! »
Bonaparte: «  Allez y je suis prêt »
Lea : fit mine de se concentrer « Je vois un jeune homme, qui regarde un tombeau, un très vieux tombeau » « Il pense que du haut de ce tombeau quarante siècles le contemple! » « Il pense que le grand pharaon qui y est enterré, a était comme lui d'abord un grand général. » « Le jeune homme pense que si Ramsés le grand, est devenu pharaon, c'est qu'il était prés à tout sacrifier dans ce but, et que comme lui il n'a qu'un objectif être le premier en toute chose » « Je vois un grand avenir, pour ce jeune homme qui sera un jour plus qu'un roi! »
Bonaparte : « Arrêtez, vous allez lire dans mes pensées des choses que je ne souhaite pas rendre publiques. C'est sidérant, je vous écoutais lire dans mes pensées, vous avez lu dans l'avenir, il ne me reste plus qu'a ne pas vous décevoir » « Lea comment voyez vous la prochaine campagne de Syrie? »
Lea ; « Voilà bien les hommes, promettez leur le soleil, ils vous demandent la lune » « Mais je ne suis pas plus voyante que vous, il y a un truc, c'est tout! »
Bonaparte: « Je ne vous crois pas, vous avez l'esprit très affuté » « Essayez de répondre à ma question, comment voyez vous cette campagne »
Lea : « très bien » « Je crois quelle sera une succession de victoires; à certaines conditions. » « Ne pas sous estimer l'adversaire, ne pas surestimer ses forces » « Ne pas utiliser que les tactiques traditionnelles occidentales dans un contexte oriental » « Il faut jouer sur le fait que les turcs sont tous très superstitieux, si au début d'un engagement, il se passe un phénomène incompréhensible, ils pense qu'il y a du surnaturel, des signes, des présages. Si les choses ne s'engagent pas bien tout de suite, ils perdent vite le moral. »
« Les corsaires savent bien, que la force pure ne fait pas la victoire, ils sont moins nombreux et souvent moins bien armés que leurs adversaires, mais ils font jouer l'effet de surprise, et leur imagination pour dérouter, pour leurrer, pour prendre à contre pied » « Si nous venons à vos côtés dans cette campagne, nous nous chargerons de faire prendre à vos ennemis des vessies pour des lanternes » « Nous avons tout un stock de farces et attrapes, comme les fusées qui enflamment les voiles qui vous ont été bien utiles pour prendre le sloop »
« Voilà en gros comment je vois les prochaines batailles » « Cela n'a rien à voir avec des visions, ce ne sont que des pré-visions. »
Bonaparte: « Lea êtes vous sur de ne pas être tenté par une place de général dans l 'armée d'Egypte? Aprés tout, c'est certainement ce langage que Jeanne d'Arc a du tenir au roi la première fois qu'elle l'a rencontré » « Mais je suppose que vous n'entendez pas de voix? »
Lea : « N'en soyez pas si sur que çà, Leo vous dirait que je suis bizarre pour deux » « Rassurez vous, je ne crois ni en Dieu, ni au diable, à peine en moi; et ça dépend des fois »
La nuit était douce, les groupes de discutions se formèrent mais il était partout question de la prochaine campagne.
Leo rejoignit Ali et Lea au moment ou Ali demandait: « Qu'est ce que tu entendais par le fait qu'il veuille devenir plus que Roi? » c'est Leo qui répondit «Il voudrait bien être Pharaon ou un truc comme ça, non?»
Lea: « Qui sait, ou le mènera son ambition dévorante,.... méfions nous de ne pas nous laisser dévorer par son destin suicidaire »
Ali : « Qu'est ce qui te fait dire qu'il est suicidaire? »
Lea: « Je le sens, c'est tout, comme les oiseaux sentent qu'un volcan va entrer en éruption.» « Gardons nous de ces hommes qui se prennent pour Alexandre de Macédoine, ils risquent de nous entrainer dans leur chute »
Ali : « Tu es contre le fait que nous nous engagions dans cette campagne? »
Lea : « Non, mais Dieu nous garde que tu ne veuilles devenir le Roi de l'Arabie, je ne te suivrai pas jusque là.» «Si c'est ton rêve, autant que tu saches qui tu es prêt à sacrifier, pour le réaliser. »
Sur ces belles paroles, tout le monde se retira pour la nuit.
Les bateaux de transports arrivèrent de Masqat, et avec eux, la délégation Arabe. Ali avait préciser qu'il avait embraqué sur la Superbe une partie de son trésor, le reste étant resté à Masqat, il pourrait faire face à toute sorte de négociations. Les marins n'étaient pas de bons marcheurs, il fallait acheter le plus de chevaux, ou de chameaux possibles, pour les transporter.
Il n'y avait aucun palais à Moka qui convenait pour une rencontre protocolaire. Une fois de plus le Sloughi fut choisit pour la réception.
Les pour-parler durèrent toute la journée. La matinée fut consacrée aux pour-parler pour ne rien dire. L'après midi fut consacrèe aux choses sérieuses. Les princes devaient croire que la protection de la France leur couterait une partie de leur trésors. Lorsqu'ils furent rassurés sur les bonnes intentions de Bonaparte, et qu'ils apprirent que la France allait conquérir l'empire Turc, se fut du délire.
Il n'était plus question de payer ni les chevaux, ni les chameaux. Il y aurait des charriots avec les selles et les harnais. Les princes fourniraient du personnel et de la nourriture pour 2.000 chameaux et 1.000 chevaux. Ils proposèrent des charriots vides pour ramener le butin, preuve s'il en est de leur confiance dans la réussite de l'aventure.
Bonaparte demanda à Ali ,si quelques armes Anglaises leur feraient plaisir? Visiblement, vu leur tête ils n'en demandaient pas tant. On décida de leur faire une démonstration dès le lendemain. Pour les fusils, on avait choisi de reconstituer un régiment d'épouvantail à moineaux. Les fusiliers étaient sur trois rang, Le premier à genoux, le second debout le troisième rechargeait.
Le chef de section donnait les ordres. Epaulez!.. Visez!....Tirez! .....Changez!... Rechargez!... etc. Le feu roulant mit les cibles en miette en un quart d'heure.
Puis ce fut le tour des canons de campagne, des caronades, des bombardes.

Mais le clou de la fête, ce fut une sorte de bouquet final dans la rade. Les bordées des frégates que bush avait fait charger avec de la poudre pour feu d'artifice. On eut droit au bruit et à de grandes flammes de toutes les couleurs, Vert, bleu, blanc, et rouge.
Il fallut calmer leur enthousiasme, car ils auraient bien tout emmener. Ils partirent dans le sloop, avec cinq cents fusils, dix canons de campagne, une vingtaine d'uniformes de la garde, avec tout l'attirail, y comprit les bonnets. Sous ces latitudes les bonnets de fourrures n'étaient pas nécessaires, mais c'était du jamais vu.
Ils laissèrent en souvenir , leurs chevaux, leurs sabres et leurs poignards d'apparats. Des promesses furent faites d'envoyer des jeunes gens, pour une formation en France. La livraison des animaux aurait lieu dans les meilleurs délais, dans la presqu'ile du Sinaï.
Bonaparte avait sacrifié quelques armes Anglaises et gagné l'amitié de quelques rois Arabes.
Si vis pecem para bellum: (Si tu veux la paix prépare la guerre)
Rappel de quelques précisions historiques:
La campagne contre les mamelouks de Mourad-Bey, visait à pacifier la Haute Egypte. Pour cette campagne, les aides de camp du général Desaix étaient: Savary, Rapp,et Clément. Les généraux : Friant, Belliard, Davout, Duplessis, Lasalle. Le chef d'état-major; Donzelot.
Cet état major dirigeait une armée de 4.000 hommes qui manquait cruellement de chaussures, sans parler de la nourriture et des montures. Le port d'approvisionnement sur la mer rouge se situait à Kosseir. Si les Anglais venaient soutenir les forces de Mourad-Bey retranchées à cet endroit, l'armée de Desaix serait asphyxiée.
Bush envoya Leo et Otto faire une reconnaissance de Kosseir avec le 'Takamaka III'.
La première impression de Leo, fut la transparence. Celle du ciel, de l'eau, de la teinte uniformément ocre du rivage. Le regard portait au loin, avec une netteté irréelle. Tout était calme dans ce début de matinée. Le vent n'était pas encore établi, le catamaran glissait sans bruit sur une mer immobile. Leo se surprit à parler avec Otto à voix basse, non pas qu'ils craignaient d'être entendu, mais pour être en communion avec la nature.
- Leo: « On devrait baptiser cet endroit 'Les lagunes » « Tiens regarde, on est dans un cul de sac » « Je vais devoir me mettre à l'eau pour faire demi tour, avec ce peu de vent ce sera plus rapide. »
Partout une côte assez plate, avec des ilots de calcaires reliés entre eux par des langues de sables. Grâce au faible tirant d'eau du trimaran, ils pouvaient se glisser dans n'importe quelle passe. Mais le danger venait, du vent qui soufflait , par rafales et tournait sans avertir. La navigation avec de grosses unités, serait très périlleuse.
Il n'y avait rien à voir, sauf le désert, complétement désert. Néanmoins, sur une légère hauteur, ils remarquèrent une grosse construction, qui n'était pas un fortin, mais une espèce de château.
Ils s'approchèrent et découvrirent la ville. Enfin une grosse bourgade.
Onze bâtiments étaient alignés le long du rivage. Entre les bateaux et la plage une noria de barques, faisait traverser des soldats. Plus à gauche il y avait, un groupe de cavaliers, que Leo évalua à deux escadrons. Huit des onze bâtiments semblaient de la même taille environ 12 canons. Ils en savaient assez, pour comprendre qu'une action rapide s'imposait et firent demi tour.
Dés leur arrivée à Moka, Hodoul prit la tête des opérations, Il fit équiper six boutres de transport avec chacun deux bombardes et un obusier. Il mit sa marque sur le centurion Leo et Simbad prirent le commandement des jonques. Otto et un malais pilotèrent le Takamaka III. Cette équipe prit la direction de Kosseir, alors que Bush ramenait Bonaparte à Suez avec le Sloughi. Les Indiamen venus de Masqat, se chargeraient du transfert des armes et de l'artillerie.
Les jonques, arrivèrent en face de Kosseir alors que les premiers baggalas mettaient à la voile. Quelques volées de fusées, les dissuadèrent de forcer ce barrage, ils firent demi tour. Mais les conditions de navigation été tellement délicates, que deux bâtiments, s'échouèrent sur des bancs de sables. Lorsque le Centurion précédé de la Superbe et suivi des galiotes à bombes furent en vue de la côte, Hodoul jugea, que le centurion ne pourrait pas se faufiler dans ce dédale de bancs de sables, avec un vent aussi traitre, ni même la Superbe. C'est deux unités feraient le blocus au large.
Tout le monde fut réuni sur le Centurion, et Hodoul leur expliqua son plan:
«Puisque seuls les faibles tirant d'eau sont à l'aise dans ces eaux, nous allons échouer les galiotes derrière les iles à portée de tir avec deux ancres une à l'avant, l'autre à l'arrière pour permettre de les aligner sur la cible. Le Takamaka fera office d'observateur pour régler les tirs. Chaque galiote portera une couleur différente. Chacune tirera à son tour et attendra que le trimaran lui réponde avec sa couleur. Sur les galiotes, Je prendrait la bleu-1, Ali la blanche-2, Leo la rouge-3, Lea la verte-4, Serena la jaune-5, Simbad la noire-6. Pour faciliter le travail d'Otto, vous planterez un drapeau de votre couleur avec votre chiffre sur le sommet de l'ile qui vous masque le port.»
« Les deux jonques vont recevoir des équipes d'abordage. Mais il faut obtenir si possible la reddition des bâtiments. Car ils sont bourrés de soldats, les abordages seraient problématiques. »
Les galiotes, trouvèrent facilement des emplacements favorables. Les canons des neufs bâtiments au port, s'en donnaient à coeur joie, mais les boulets, soit percutaient les ilots, soit allaient se perdre en mer.
Chaque foi qu'une galiote était ancrée, son drapeau, flottait peu après sur son ilot.
Enfin La Bleu-1 tira avec son obusier, un coup trop long qui explosa sur la plage, semant la panique dans les barques qui s'y trouvaient. Otto signala trop à droite,et trop long. Au tour d'Ali qui avec sa chance légendaire fit mouche, mais sur le bateau qui était à droite de sa cible. Otto signala coup au but. Lea avait prit pour cible le château, avec un coup trop court de cinquante mètres mais bien dans l'axe. Et ainsi de suite jusqu'à revenir au tour de Hodoul. Dans l'ensemble le vent devait faire dévier les tirs vers la droite. Une fois les correction faites, trois des bâtiments prirent feu, et les hommes préférèrent sauter par dessus bord, avant que la sainte barbe ne saute. Le château n'avait pas de canons, les défenseurs amenèrent les couleurs et s'enfuirent.
En voyant la débandade se généraliser, Hodoul fit cesser le feu. On envoya le Takamaka donner l'ordre aux jonques d'aller s'échouer sur la plage, sans s'occuper des navires à l'ancre. La superbe, guider par Otto s'avança à portée de canons. Les malais et les zoulous majoritaires dans les jonques, étaient ravis, la part du diable, n'avait jamais été aussi importante. Pour courir plus vite les mamelouks, avaient jeter leurs armes, et leurs objets de valeur, dans l'espoir que leur vainqueur, s'attarderait à ce pillage et les laisseraient prendre de l'avance.
- Voilà a quoi ressemble un forban déguisé en mamelouk (Celui de gauche pas l'autre)
En réalité Hodoul n'avait nullement l'intention de leur donner la chasse. Il aurait été bien embarrassé par des prisonniers. Les équipages des neufs bâtiments récupérables, étaient des mercenaires, qui ne firent aucune difficulté pour changer de maitre, surtout lorsqu'Ali leur remit à chacun une somme équivalant à une petite barque de pêche.
On s'occupa de faire de Kosseir une place fortifiée. En disposant des canons et de dépôts de munitions enterrés sur les ilots. Quiconque s'aventurerait dans ce labyrinthe, serait prit au piège de tirs croisés et irrémédiablement détruit. On renvoya le Centurion et la perle à Suez, les jonques récupèreraient le butin et suivraient. Otto ferait la navette entre Moka, Kosseir et Suez.
Une lettre arriva dans laquelle Bonaparte donnait à sa façon une foultitude de conseils qui valaient comme autant d'ordres. Il fallait faire la paix avec Mourad-Bey, s'en faire un allié. Car il fallait un chef en haute Egypte, et l'armée Française serait plus utile en basse Egypte. Il a donner l'information à Desaix d'aller se ravitailler à Kosseir, et de libérer la flotte pour la campagne de Syrie qui commençait.
Rappel historique.
Le 2 avril 1799, Desaix, arrêtait les Mamelouks dans le défilé de Byr el Bar.
Ce fut au général Belliard qu'il confia le soin de rallier Koseir. Un périple de 150 kms de désert, avec cinq cents cavaliers sur dromadaires . Ils avaient un besoin urgent du matériel, des munitions,et des vivres qui s'y trouvait.
Hodoul pour se concilier la bonne volonté des habitants, acheta à prix d'or des charrois et des bêtes de trait pour transporter tout ce barda.
Donzelot y fut laissé avec deux compagnies de la 21e légère pour fermer aux Mamelouks l'accès à la mer Rouge.
Hodoul lui laissa les galiotes à bombes, après une rapide démonstration.
Donzelot, craignait plus un attaque depuis la terre par les Mamelouks, que depuis la mer, par les Anglais.
(Chére lectrice, vous avez peut-être fait du grec dans votre jeune temps, bien que cela ne soit plus trop à la mode. Mais je ne résiste pas à la tentation de vous transmettre cette galéjade digne de Dargenson: « Ouk elabon polin , alla gar elpis ephe kaka » « Ils ne prirent pas la ville car ils n'avaient pas l'espoir de la prendre» « Ceci pour expliquer l'échec des Anglais devant Kosseir. »)
Contrairement à ce que craignait Donzelot: c'est de la mer que vint le danger. L'amiral anglais ayant renoncer à reprendre Moka, décida de faire effectuer un raid sur Kosseir. Il avait à sa disposition 'Le Leopard' Un 50 canons, trois frégates la 'Daedalus', le 'Fox', le 'Brighton' et plusieurs sloop.
Le 1er août, les frégates Daedalus et Fox entrèrent dans la baie de Kosseir . Elles ne purent empêcher le 'Takamaka' de se faufiler par les chenaux pour aller chercher du secours à Suez. L'arrivée des Anglais avait pris Donzelot de vitesse, et personne ne pouvait plus aller sur les ilots où Hodoul avait positionné des canons de marine. A terre on ne disposait que de canons de campagne, incapables d'atteindre les frégates. De leur côté les deux frégates, ne pouvaient sans danger de s'échouer, avancer vers la ville.
Pendant deux semaines les Anglais envoyèrent des boulets de temps en temps, sans aucune conviction.
Pendant ce temps là Leo avait rejoint Suez. Il n'y trouva que Dargenson sur le Sloughi, Aimé commandait la jonque mère-enfant et la jonque 'Le Barzoî' et Outa l'autre jonque 'La Galgo'. C'était une faible force même en y ajoutant le trimaran d'Otto. Il fit rapidement armer la jonque Mère enfant avec des obusiers, des caronades de gros calibres et des plus petites. Il embarqua un contingent de 500 zoulous qui n'avaient pas encore rejoint la campagne de Syrie.
La veille de leur arrivée en vue de Kosseir. Vers 4 heures de l'après midi du 15 août, le Capitaine Henry Lidgbird Ball qui commandait la frégate Daedalus résolut de donner l'assaut au fort. Le Captain Henry Stuart, commandant la frégate 'Fox' tenta une attaque sur le château. Un grande barque débarqua une centaine de soldats au sud-ouest de la ville. Ils furent accueillis par un feu violent, et un barrage d'artillerie de campagne. Ils se préparaient à retourner à bord, quand Leo arriva avec sa petite flotte. Ils avaient naviguer au plus prêt de la côte et restèrent invisibles pour le 'Léopard' et la 'Brighton'.
La 'Daedalus' et la 'Fox', ne les aperçurent que brièvement entre les ilots, ils tirèrent des bordées sans faire mouche, mais en faisant beaucoup de bruit. Leo avait fait armer deux rampes de fusées par bateaux, avec des fusées feu de Bengale. La Jonque Mère, se mit à l'ancre au vue des deux frégates et fit embarquer les zoulous dans la partie enfant. De sa position elle envoya des fumigènes sur les ilots avoisinants, le vent se chargeait de diriger la fumée vers la frégate. L'équipage de cette unité ne voyait plus rien.
L'enfant n'aurait pas pu naviguer facilement à la voile, mais elle avait douze paires de rames et fit des détours pour prendre la 'Fox à revers'.
Les jonques 'Barzoï' et 'Galco' filèrent vers la Daedalus, qui manoeuvrait, pour prendre le large. Elles s'accrochèrent chacune sur une anche de la frégate, tout en mouillant des ancres flottantes et en mettant le feu aux voiles. L'abordage fut d'une rare violence. Les soldats à bord de la 'Daedalus', étaient nombreux et l'équipage déterminé. Outa n'eut pas besoin d'encourager ses troupes.
Les Malais se chargèrent d'aller déloger les fusiliers dans les huniers; pendant que les Zoulous lutaient sagaies contre baïonnettes. Leurs boucliers furent d'un grand secours, soit pour dévier les piques, soit pour immobiliser la lame, qui après avoir percé le cuir très dur se trouvait coincée.

Outa resté à bord de sa jonque, tirait à mitraille dans l'enfilade du pont, c'était 100 balles de fusil qui partaient en même temps. L'effet destructeur des caronades à faible distance, sur une aussi grande masse d'hommes, joua sur les corps et sur le moral des Anglais. Les Zoulous, combattaient au rythmes d'un chant de guerre, qui accompagnait leur coups. Ce n'était pas des hommes, mais des machines à faucher, qui avançait de la poupe vers la proue. Bientôt les Anglais ne furent qu'un centaine, debout et blessés pour la plupart, ils jetèrent les armes. Les Zoulous entonnèrent un chant de victoire, les Malais dépouillèrent les morts et les jetèrent par dessus bord.
Le chant de victoire, atteignit la jonque 'Enfant' au moment ou elle s'accrochait à la 'Fox'.
Les zoulous reprirent le même chant, et ne rencontrèrent qu'une résistance de principe. Leur capitaine menant l'attaque à terre, ils n'avaient pas de chef pour les mener. On ne dénombra que peu de blessés et pas de tués. Mais les zoulous n'ayant pas de chefs non plus, on assista à une situation cocasse. Incapables de se comprendre, les uns se regroupèrent à l'avant, pendant que les autres s'installaient à l'arrière, avec entre les deux un énorme tas d'armes. C'est ainsi que les trouva Dargenson en passant du Sloughi à bord de la 'Fox'.
Les deux compagnies de Donzelot, n'avaient peut être pas assez de poudre à bruler mais ils avaient assez de voix pour saluer la victoire. La barque du Capitaine Henry Stuart préféra aller se rendre à Donzelot, qu'aux Zoulous, on peut le comprendre.
Leo envoya des canots avec de bons pointeurs, sur les ilots équipés de canons. En plus des munitions, il trouvèrent un stock de bois enterré et un four pour faire chauffer les boulets.
On n'eut pas le temps d 'évacuer les équipages Anglais, on les fit descendre dans l'entrepont. Il était assez improbable que l'amiral donna l'ordre de couler ses propres navires. Le Léopard, précédé par le Brighton, s'approchèrent, jusqu'à être à portée de canons des frégates, et s'ancrèrent par l'avant et l'arrière, car ils avaient le vent de face. Des qu'ils se mirent à tirer sur la ville, les ilots les prirent sous un tir croisé. Après quelques coups de réglage, arrivèrent les boulets rouges. Soit que le 'Léopard' fut une cible plus grosse et donc plus facile à atteindre. Soit que les canonniers aient considéré que celui qui portait le plus de canons, était par définition le plus dangereux; toujours est-il qu'ils s'acharnèrent sur le 50 canons. Qui hissa les voiles et prit le large.

- Le Léopard avant son échouage sur un banc de sable devant Kosseir.

- Le Brighton tentant de fuir devant les jonques
Entre temps Les deux jonques et le Sloughi s'étaient glissés derrière les ilots, et coupaient toute retraite vers le large.
La Brighton décida de tenter sa chance, et par ce qu'elle avait l'avantage du vent, fonça droit devant. C'était sans compter avec la dextérité des jonques. Selon une monoeuvre, bien rodée, elles attendirent le dernier moment pour lancer les grappins, ce qui freina brusquement la frégate. Le Sloughi qui était dans son sillage, ne put éviter de l'éperonner avec son mât de beaupré. L'espar rentra dans la cabine du capitaine jusqu'à ce que l'étrave du Sloughi s'encastre dans le gouvernail.
Le Brighton fut prit par trois cotés à la fois , les plus étonnés furent les matelots, qui virent sortir de la cabine du capitaine une horde hurlante et ferraillante. Les Anglais firent preuve de vaillance, et les français de générosité. Ils distribuèrent équitablement les coups et les horions tant et si bien, que certains dont c'était le deuxième abordage, avaient du mal à soulever leur arme. Les français étaient les plus nombreux, l'issue était prévisible.


Lorsque Leo cria en Anglais « Rendez-vous vous aurez la vie sauve » les armes tombèrent sur le pont. Et un français ajouta « Tu pouvais pas le leur demander plus tôt, j'en peux plus » Sur ce, il se servit de son sabre comme d'une canne, pour aller s'asseoir sur un tas de cordages. Leo reçu la reddition du capitaine, qui avait un superbe sabre, dont la poignée sortait visiblement de chez un grand bijoutier de Londres.
Il salua en se présentant « William Burgues capitaine de la 'Brighton' ». Ce à quoi Leo répondit par « Leo Villaret de Joyeuse capitaine du 'Sloughi' » « Enchanté de faire votre connaissance. » « Désolé d'avoir mis autant de désordre dans votre cabine, ce n'était pas intentionnel » « Si vous voulez bien me suivre à bord du Sloughi, je vous propose de passer par votre cabine prendre quelques affaires.
William n'était guère plus vieux que Leo, ils avaient un peu la même allure, avec le même sens de l'humour.
- Burgues : « Je vois que vous avez un peu modifier l'architecture de mon bureau! C'est différent, sans doute; cela laisse rentrer la lumière, (Avisant les matelots sur le pont du sloughi) Mais cela manque un peu d'intimité.
- Leo:  « Si cette orientation n'est pas à votre goût, passons par le beaupré, je peux vous proposer une cabine proche de la mienne. »
William, admira en connaisseur, les meubles aux incrustations de nacre, Il s'arrêta longuement sur la cuirasse de chevalier chinois. A la vue d'une éraflure toute fraiche il s'étonna: «Vous la portez régulièrement?»
- Leo: «Pas souvent, je l'ai prêtée à un ami qui avait un abordage délicat à exécuter; Bonaparte; vous connaissez ?»
- William : «Vous plaisantez, je suppose? Je voudrais bien voir le général Bonaparte porter une cuirasse pour passer à l'abordage! »
- Leo: « Voir le général Bonaparte, c'est dans mes moyens, mais lui faire endossé cette cuirasse pour que vous puissiez vous moquer de lui, cela dépasse mes compétences. Si vous trouvez la cuirasse que je lui ai offerte dans son salon, vous pourrez toujours lui demander comment elle est arrivée là. » « J'ai vu que le vaisseau amiral avait cesser de fumer, ils ont du maîtriser l'incendie »  « L'Amiral John Blankett a tristement compromis sa carrière.» « Mais si nous parlions un peu de la votre? »
- William: « Que voulez-vous savoir sur ma carrière? » «Dernier d'une famille de six enfants, je n'ai pas brillé à l'école, préférant trainer sur les quais de Port Louis. Et oui, mon cher, je suis à bord d'un corsaire depuis l'âge de 12 ans, j'ai été formé par Levasseur (dit La Buse). Les Anglais m'ont fait prisonnier l'an dernier au large de Madras.» Mais le capitaine de la Brighton avait été tué dans l'engagement. On me donna le choix entre le ponton ou servir comme second dans la marine de sa gracieuse majesté.» «Le fait que je parle couramment l'Indi a beaucoup jouer en ma faveur.» «Voilà comment j'ai échapper aux geoles Anglaises pour tomber dans les geoles Françaises!»
- Leo: « Je crois que nous avons tous une destiné. Si je vous offre un commandement, me donnerez vous votre parole d'officier de servir loyalement le drapeau Français. Et ce, avec autant de zèle que vous défendiez hier, le drapeau britannique? »
- William: «Vous avez ma parole!»
- Leo: « Parmi vos équipages, quel pourcentage, préférera servir le drapeau français pour éviter d'aller creuser un canal à travers l'isthme de Suez? »
- William: « A mon avis tous, la vie des matelots à bord des corsaires et plus douce qu'a bord des navires de la marine de guerre. »
- Leo « Top là mon cher William, remettons le 'Léopard' en état, et vous ferez de lui un corsaire redoutable! » «Il faut cependant ne pas tarder à rejoindre Suez, une campagne contre le 'Turc' nous attend.» «Vous vouliez rencontrer le général Bonaparte, je vais exhausser vos voeux.»
- William: « On peut dire que cette journée a été pleine de rebondissements.» « J'aurais bien une faveur de plus à vous demander. Mais je comprendrais que vous refusiez.» «J'attache une valeur sentimentale à mon sabre, accepteriez-vous de me le rendre?»
- Leo : « Mais bien volontiers » « Blonde ou brune, la valeur sentimentale? »
- William: « Rousse, ou plus précisément 'Auburn', d'origine Irlandaise, avec des yeux à faire pâlir une émeraude. J'attendais avec impatience que l'Angleterre se décide à envahir l'ile de France. Je ne me doutais pas que le destin en avait décidé autrement!»
- Leo : « Je vais vous montrer votre cabine et donner des ordres pour que l'amiral soit conduit à Suez.» « Et pour que toute la flotte nous rejoigne à Mocha »
Une fois les troupes et le matériel, transporté dans la presqu'ile du Sinaî, la présence d'une flotte aussi importante, ne se justifiait plus.
Bush proposa à William Burges de rejoindre l'ile de France au plus vite pour retrouver sa bien aimée. Ensuite d'aller à la Réunion, chercher des liquidités auprès de monsieur Fu Ché et de rejoindre le gros de l'escadre à Praslin. Comme William avait l'intention de ramener sa future avec lui, Bush lui remit une cassette en avance sur ses parts de prises. On ne pouvait décemment pas laisser un capitaine sans le sou, avec tout l'or qui dormait dans des caves.

Le 11 février 1799, Bonaparte quitte Le Caire avec une armée de treize mille hommes.


Mieux vaut un grand chez soi, qu'un petit chez les autres:
Au grand soulagement de Lea; Bonaparte ne fit rien pour les retenir.
On était convenu de fermer l'entrée de la Mer Rouge aux Anglais depuis Mocha . Ce qui fut fait. La preuve en est qu'un indiaman; 'l'Hiphigénie' (Capitaine Mabroux) essaya de forcer le passage. Les boutres armés sortirent de Mocha pour lui donner la chasse. l'Hiphigénie' s'échoua dans le détroit de Bab el-Mandeb près de Zeila et ne fut jamais renflouée. Mais les boutres enlevèrent tout ce qui pouvait s'emmener.
La campagne d'Egypte avait été profitable en ce qui concerne les prises, elle se soldait par : Deux 50 canons, trois frégates de 40 canons, onze bagallas de 12 canons et quatre galiotes à bombes.
Tu verras encore longtemps les vaisseaux du désert passer sur les dunes de Suez, avant de voir un vaisseau passer sur le canal (Proverbe arabe)
Après avoir regrouper à Masqat tous les acteurs de la campagne d'Egypte, on dénombrait au total: 6 vaisseaux, 16 frégates, 33 bricks jonques et autres baggalas. Sans compter les 4 Indiamen qui faisaient les liaisons entre les comptoirs.
A Masqat un grand chantier maritime était en pleine activité. Trois grands bassins et deux plus petits, permettaient de réparer les coques. La spécialité de la région était de fabriquer une copie conforme d'un bateau existant. La Chine était le plus gros client. Trois bassins ne construisaient que des jonques, les bois étaient apportaient de Chine et de Thaîland. Un des clients les plus importants était Ching Yih; un pirate qui commandait six escadres  «Le dragon à six têtes.»
Les raisons d'aller vers l'est ne manquaient pas, surtout avec la Chine au bout.
Mais avant d'aller faire ses courses dans les comptoirs Anglais des Indes, un passage par les Seychelles s'imposait. On décida d'aller en Chine, via les Seychelles, L'ile de la Réunion et l'ile de France. Pour une bonne raison, on manquait de capitaines pour toutes ces prises, on savait que beaucoup d'amis de Surcouf cherchaient de bon bâtiments.
Dargenson se faisait une joie de revoir Jamshid, et Ali d'embrasser son père. Hodoul traça sa route sur Mahé; alors que le reste de la flotte se dirigeait vers Pralin. Sauf Otto qui voulait aller faire un tour dans l'atoll d'Ampanihy pour voir comment évoluait sa ferme perlière.
Hodoul alla présenter ses salutations à Jean-Baptiste Queau de Quincy.
Il apprit que le 20 Septembre 1799, une frégate Anglaise 'HMS Brave' capitaine Alexander avait capturé 'La Surprise' . Cette dernière avait appareillé de L'ile de France avec les émissaires de 'Tipoo Saïb' direction les Indes. Elle dut s'arrêter aux Seychelles, pour effectuer des réparations. Les Anglais emmenèrent 'la Surprise' mais Queau de Quincy, négocia de garder les officiers et les parlementaires de 'Tipoo Saïb'.
Les Anglais n'avaient pas sitôt tourner le dos à Mahé, que Queau de Quincy, faisait hisser à nouveau le drapeau français. Il proposa à Hodoul de ramener les officiers à l'Ile de France avec son brick 'Le Succés'.
Lemême était venu vendre à Mahé une de ses prise l'Uni'. Il plut tout de suite à Hodoul qui le racheta pour son compte. Une superbe allure, très racé, il promettait d'être rapide et manoeuvrant. Armé de 32 canons 18 obusiers de 9 , de 4 caronades et d'un équipage de 220 matelot, il ne lui manquait que quelques petites modifications et un bon capitaine, pour devenir un vrai corsaire.

Avant de partir pour l'ile de France Hodoul mis en chantier sur l'ile de 'Silhouette' la construction d'une demeure qu'il baptisa « Les Mamelles » ('Il n'a jamais voulu dire pourquoi, même pas à Bush).
En réalité l'épisode de la campagne d'Egypte, avait laissé à Hodoul une impression de trop peu. Comme Dutertre, comme Malroux et Surcouf, il préférait la course en solitaire.
Il compléta son équipage à 250 hommes, rajouta deux pièces de chasse et quelques rampes de fusées et convoya l'Uni' vers Port Louis.

Praslin évoque le sable fin et les cocotiers, mais pas que....
A Praslin, les choses avaient bien changées.
Pas dans la baie de Sainte Anne ou l'anse Madge abritait les ateliers de recherche de Mahaleo et l'antre de Jamshid. Mais à l'endroit ou il y avait le plus de fond. On voyait sur plusieurs hectares des entrepôts et des hangards 'Fouché Forbans et Cie'.
François expliqua qu'il avait rapatrié presque tout ses stocks de Mahé depuis la visite des Anglais.
A Baie Sainte Anne il avait renforcé les défenses en mettant de gros canons sur 'round Island' et au sommet des deux caps qui fermaient l'entrée.
Pour rendre la baie de Takamaka imprenable il avait parsemé des canons tour autour. Sur curieuse Island, mais aussi sur Saint Pierre Ilet et Chauve souris Island.
Comme il avait un grand nombre de canons inutilisés, il en avait disposé tous les kilomètres le long du littoral. En un mot il avait transformé Praslin en un gigantesque fortin.
Leo: « Mais tu n'as pas mis des gardes en permanence au pied de chaque canon, tout de même? »
François: « Ne te moques pas ! Évidemment non ! » « Mais j'ai copié Bush, et grâce à quelques mâts astucieusement installés, j'ai un système de sémaphores qui surveille toute la mer aux alentours » « Un service de cavaliers et des chevaux répartis intelligemment, permet d'amener des canonniers aux point désiré en une heure au plus » « Ce qui est dommage, c'est qu'on n'ait pas eu à s'en servir »
François: « Dés qu'un malfaisant arrive dans le coin il fonce sur Mahé, sans se douter que le trésor est en face » « Ce que tu ne sait pas, c'est que j'ai également fait construire une salle aux trésors sur le modèle de celle de mon père à Mafatte » «  Et tout ce que Mahé possède de richesses et sous ma garde »
Leo: « Quelle salle au trésor à Mafatte, mais je ne suis pas au courant! »
François: « Demande à Bush il t'expliquera »
Leo: « Je vais plutôt faire un tour du côté de chez Mahaleo, pour voir ce qu'il nous mijote »
Leo trouva Mahaleo en train de coudre des tissus de soie, étalés sur un grande table, il y avait six ou sept jeunes femmes qui l'aidaient.
Leo: « Tu t'es reconverti dans la haute couture? »
Mahaleo: « Tu m'excusera de ne pas m'être précipité pour vous accueillir, mais je voulais finir cette voile pour faire une présentation demain. » « Ne viens pas distraire mes geishas, depuis que tu es là elle ne travaillent plus, va donc voir les oeuvres de Jamshid, cela vaut le déplacement »
Leo: « très bien, je ne m' éternise pas, si je gêne, je m'en vais! »
Il retrouva Dargenson, Ali et Lea, Bush et d'autres encore, dans une vaste salle à côté de l'atelier de Jamshid. C'était un véritable musé dont les cloisons en moucharabiés coulissants permettaient, soit une cloison hermétique, soit des claustras, laissant passer l'air, soit des lattes réglables pour doser la lumière. Les jeux de lumière dans les dentelles d'ivoire ou à travers les cristaux, renvoyaient des rayons de divers couleur qui semblaient s'animer quand on faisait varié l'incidence de l'éclairage. Pour ajouter à l'ambiance et à la transparence, des surfaces en miroir s'orientaient à volonté. Au centre on avait ménager un puits qui permettait, de voir tout à la fois le ciel et la mer dessous, on traversait par un petit pont en dos d'âne.
Ceux qui y entraient, devenaient muet, tant ce lieu poussait à la méditation, des coussins et des balancelles invitaient les visiteurs à s'arrêter un moment.
Bush se dit qu'il faudrait faire visiter à Jamshid le jardin de Fu Ché et vise versa.
Le lendemain le nouveau Takamaka quatrième du nom était prêt.
Leo « Nous avons oublier de te remercier pour les grands services que nous ont rendu tes inventions, on a même réussi à se servir de la jonque 'Mère-Enfant', mais sans la détruire, La mère jouait les galiotes à bombes, alors que l'enfant envoyé l'équipage à l'abordage. » « Mais voyons ce que tu nous a fabriqué »
Mahaleo : « Selon le principe du trimaran, tu retrouves les trois flotteurs. Un mât central à deux voiles carré, en réalité à quatre voiles, étarquées sur le mât et qui coulisse sur des espars. Tu fait tes changements de bord en ouvrant les voiles d'un côté ou de l'autre. » « En vent arrière tu peux ouvrir les deux côtés » « Mais la véritable nouveauté, c'est la voile de soie » « Car un fois le trimaran positionné vent arrière, tu peux laisser gonfler cet espèce de cerf volant, qui nécessite d'être manoeuvré par un coéquipier, puisqu'il y a des poignées pour tirer sur les suspentes » « J'ai eu beaucoup de mal pour les tests, car même une petite voile m'a soulevé de la plage, et je suis monter à 10 mètres de haut avant d'aller m'écraser dans les cocotiers » « Je suis rester une semaine au lit sans pouvoir me lever, mais maintenant je crois que je le maitrise bien »
- Leo: « Si j'ai bien compris le cerf volant est accroché au bateau et tu le dirige pour qu'il tire dans la bonne direction? C'est ça ! » « Si tu t 'es trompé dans tes calculs, le pire qui puisse nous arriver, c'est que le bateau décolle au dessus des cocotiers,...... mais ça tu l'as déjà fais et tu sais comment redescendre. » « Bon, On y va quand tu veux! »
Il mirent le trimaran à l'eau, rien qu'avec le vent dans le mât et les vergues, il avançait déjà. Mahaleo, lui montra comment sortir les voiles pour prendre un bord grand largue. La vitesse était impressionnante le vent faisait ronfler les voiles et siffler les haubans. Le virement de bord, fut un peu hésitant, par manque de coordination des deux équipiers. Dés que le trimaran fut à nouveau au largue, la vitesse reprit de plus belle.
Mahaleo demanda à Leo d'abattre pour se positionner vent arrière et d'ouvrir les voiles des deux côtés. La coque centrale décolla de l'avant comme pour tenter de s'envoler.
C'est à ce moment que Mahaleo, pris les poignées des suspentes, et que Leo tira le petit sac qui en se remplissant d'air fit sortir le cerf volant de son enveloppe.
Leo ne s'attendait pas à cette forme, ce n'était pas une flèche, mais plutôt comme une aile d'oiseau, que mahaleo dirigeait, grâce aux suspentes fixées à leur bout.
Dans un premier temps le cerf volant monta à la vertical, ce qui eut pour effet de soulever l'avant de la coque centrale, rendant le pilotage aléatoire. Mais Mahaleo fit redescendre l'aile pour le mettre en avant et légèrement sur le côté. On senti que l'aile ajoutait sa traction à la poussée dans les voiles. La coque centrale ne touchait l'eau que par l'arrière, les deux flotteurs par les dérives. Le trimaran volait à plus de 25 noeuds, on ne sentait même pas la crête des vagues.
Ils n'avait jamais pensé qu'un jour ils voleraient aussi vite qu'un aigle et pourtant.....
La récupération du cerf-volant n'avait pas été prévue. On affala toutes les voiles et Mahaleo fit plonger l'aile dans l'eau. Ils eurent du mal à ramener toute la soie à bord et déchirèrent passablement la toile. L'essai était concluant quelques réglages s'imposaient, mais ils furent chaleureusement accueilli à la plage.
(Chére lectrice, vous vous souvenez sans doute, que Surcouf préféra aller taquiner les anglais vers Batavia, plutôt que de se couvrir de gloire dans la campagne d'Egypte. Outre qu'il fit un grand nombre de prises au cours de cette croisière; il entra définitivement dans la légende avec la prise du Kent. Dont vous trouverez ici, le compte rendu de Garneray, peintre et historiographe à bord de la 'Confiance')
La prise du Kent par Surcouf telle que la raconte Garneray:


- Pavillon de Surcouf

A 26 ans, Robert Surcouf entre dans la Légende...  

Bonaparte pendant la campagne de syrie