suite13

La prise du Kent par Surcouf telle que la raconte Garneray:


« En ce jour du 7 Aoùt 1800, nous cinglons vers le Gange,
'Voile à tribord !…»
« Est-il gros ? quel pavillon bat-il ?»
« Très gros ! C’est un Anglais ! un vaisseau de la Compagnie des Indes ! il semble lourdement chargé!'
C'est ainsi que discutent la vigie juchée tout en haut du mat et le capitaine du navire la Confiance. Nous sommes au large de Calcutta dans l’Océan Indien à plus de 95 jours de mer de Saint Malo et de la France, en plein territoire anglais.
La Confiance bat pavillon français, elle compte 130 hommes d’équipage et 6 petits canons.
C'est alors que l'aventure de la prise du Kent commence...
Imaginant les cales du navire anglais remplies de riz, de bois précieux, de soie et d’épices, Surcouf a les yeux qui brillent de joie ; malgré la taille et la puissance du vaisseau, il ordonne :
 « Cap sur l’Anglais ! faites forcer la voile ! les hommes à leurs postes de combat ! »
Les hommes n'ont d'ailleurs pas le choix, le bateau Anglais a reconnu le bateau de Surcouf et fonce vers lui pour l'écraser.
Tirant sa longue vue de son épais ceinturon, Surcouf déchiffre le nom du bateau. C’est le Kent un énorme vaisseau de la Compagnie des Indes armé pour la guerre.
Les hommes de Surcouf courent s'armer pour l'abordage, chacun glisse dans sa ceinture une hache, un sabre et un poignard avant de saisir des lances, des pistolets ou des gourdins.
Certains tiennent même un couteau entre les dents. Ainsi fortement armés, ils sont terrifiants...Au même moment un coup de canon part de l'avant du Kent; c'est le coup de semonce.
L’énorme navire de commerce anglais n’intimide pas les hommes de Surcouf. Ceux-ci ont une confiance aveugle dans leur capitaine ; ils le connaissent et admirent son courage et son intelligence à toute épreuve. La petite Confiance s'élance alors vers l'énorme Kent, celui ci, sûr de sa puissance, fonce vers le petit navire dans l'espoir de le couler... mais la manoeuvre n'a pas fonctionné : au lieu d'entendre un craquement sinistre et de voir les débris du bateau joncher la mer, les Anglais ont la stupéfaction de voir les ennemis monter à bord en hurlant : 'à l'abordage !!'
Le premier à prendre pied sur le vaisseau est un Noir nommé Bambou. Armé simplement d'une hache et d'un pistolet il s'est jeté du haut du grand mat au beau milieu des Anglais qui saisis de frayeur le laissent se frayer un sanglant passage à travers les matelots.
Les Anglais sont affolés.
Robert Surcouf se jette à son tour dans la mêlée;
La bataille fait rage: on entend les détonations des canons, des pistolets, les cliquetis des sabres et des épées, le coup sourd des haches, et les cris des combattants .
C'est une pagaille indescriptible, mais notre héros continue à donner des ordres tout en bataillant 'tirez les grenades ! donnez du canon!'. Soudain, le capitaine anglais s'effondre touché par une grenade.
Il ne verra pas son pavillon tomber aux mains des Français...
 
Surcouf, lui, a tout vu 'le capitaine anglais est tué! le navire est à nous ! pas de quartier!'
Les Anglais fuient sous le pont poursuivis par les Français qui s'empressent de fermer les panneaux sur eux.
Mais le Second anglais, voyant la bataille perdue tente le tout pour le tout, il se précipite vers Surcouf dans l'espoir de le tuer; heureusement, Bambou est là et d'un coup de lance, il transperce l'Anglais.
'le Kent est à nous ! Vive la France ! Vive la Nation !'
Bambou est acclamé par les corsaires français, et sera plus tard porté en triomphe pour son courage.
Le lendemain, les deux bateaux mettent cap sur Ceylan, le débarquement des corsaires est un triomphe pour la population française surtout quand, en déchargeant le Kent, on y découvre un véritable trésor : de l'or et de l'argent en barre, des pierres précieuses magnifiques....

L’audace et la férocité de Surcouf n’hésitant pas à attaquer un tel bateau est connue de tous.
Sa renommée va s’étendre des mers aux océans jusqu'en Angleterre et fera trembler de peur les marins anglais.  Afin que tous se souviennent de cet exploit extraordinaire, les matelots composent une chanson.
Désormais, quand les Anglais verront apparaître les voiles du Corsaire Malouin, nombreux seront ceux qui se rendront sans même livrer bataille…La couronne d'Angleterre, furieuse et déconfite, met la tête de Surcouf à plus de 5 millions de francs...
'Ils me prisent bien haut mais ils ne m'ont pas encore...' dira Surcouf en apprenant la nouvelle.
La légende de Surcouf commence...


- Prise du Kent par la confiance

7- Les comptoirs de l'Inde.

Quod novo sub sole?.... Les Anglais s'en vont en guerre ! Ça, ce n'est pas nouveau:

Une fois les bâtiments passés au carénage, les réparations faites, les réarmements opérés; on songea à la prochaines campagne. Les Indes, Batavia, et la Chine.
Seraient de l'expédition : 6 vaisseaux, 16 frégates, 33 bricks jonques et autres baggalas.


- Des Seychelles à la Chine il y a plus qu'un pas.
Les Indes, La Malaisie, La Chine, les mystères de l'Orient; Jamshid et Dargenson ne tenaient plus en place. On leur attribua Le Sloughi avec Simbad comme capitaine, et un équipage de premier ordre. Ils retardèrent le départ de deux semaines, tant ils avaient de choses à emmener, entre autre Mahaleo. Enfin le jour du départ finit par arriver.
On mit le cap sur Goa, bien que la côte de Malabar, soit moins riche et plus chiche en abri, on visita cette implantation portugaise en déclin. On refit les réserves d'eau, et on mit le cap sur Trincomali. Cette endroit de la côte est réputé, c'est sans doute la plus grande baie de tout l'océan indien.
On envoya le sloop l'Albatros avec un équipage anglais faire une reconnaissance.
Lorsque le sloop revint, il nous fit une description enthousiaste de ce site. C'était le plus grand havre jamais vu. On avait l'impression que dix flotte pouvait y contenir.
Il avait dénombré pas moins de quatorze bâtiments un vaisseau de ligne, une goêlette une chaloupe canonnière et onze transports. Sans compter les bateaux de commerce de moyenne et petite taille. Le fort principal a l'entrée de la baie, semblait mal entretenu ou à l'abandon. Un seul était à redouter celui qui était sur une colline à trois quart de lieue de la ville et qui couvrait l'entrée de la baie intérieure.
Le plan de Bush était simple. On allait envoyer dans la baie,une petite flotte aux couleurs anglaises, poursuivie par de gros vaisseaux français qui tireraient bordée sur bordée.
Il suffisait de choisir des frégates de construction anglaises, avec des officiers en uniformes et des soldats anglais bien visibles dans leur tenue rouge. Les dernières bordées tireraient des boulets ramés en visant le vaisseau de ligne. Pour le reste le scénario était connu on faisait débarquer la troupe qui prenait position sur le littoral. La nuit suivante des équipes de matelots iraient s'emparer du fort.
Ce genre d'action en trompe l'oeil avait tout pour plaire à nos forbans.
Le groupe des chassés serait composé de: Bush sur la tamise, suivit du léopard Capitaine William Burgues et 4 frégates: Le 'Daedalus' Capitaine Henry Lidgbird Ball, le 'Fox' Henri Stuart, la 'Brighton' Barth, 'l'Undine'  François Fouché.
Les chasseurs tous les autres sauf les jonques et le baggalas qui faisaient trop exotique pour une flotte française.
Ce fut un sacré charivari. Le groupe des chassés se présentait en désordre apparent, en fait en éventail. Direction, le plus prés possible au fond de la baie, quitte à s'échouer. Ce que faillit bien faire Bush.

Le groupe des assaillants, passa à portée du premier fort, sans réaction de ses occupants, si jamais il y en avait.
Quand les frégates eurent pénétré dans l'arrière port, elles n'étaient plus sous le feu du fort d'Ostenburg. Les boulets ramés rasèrent les mâts du vaisseau de ligne, et de quelques autres gros tonnages, sans recevoir de réponse, c'était à croire que tous les équipages étaient à terre.
Le fort se réveilla enfin, les coups n'étaient pas ajustés, mais les calibres suffisamment gros pour faire des dégâts. Les chasseurs firent demi tour pour se mettre hors de portée. Ils n'eurent pas besoin d'aller en pleine mer tellement, cette baie était vaste. Ils restèrent en ligne, pour bloquer la sortie.
Pendant ce temps, nos amis se dépêchaient de débarquer les soldats anglais plus vrais que les vrais.
Les capitaines refirent au gouverneur de la place le coup de l'espion. Les livraisons de rhum arrangé et de vin du cap pas trafiqué du tout, aidèrent à endormir la confiance de pas mal de monde.
La prise du fort, fut une formalité dont se chargèrent Outa et Simbad. Le lendemain le gouverneur était dans sa résidence, surveillée par un section de matelots, on y parqua les notables et les officiers.
Dargenson et Jamshid, étaient aux anges. Il y avait de quoi satisfaire leur curiosité; tout respirait l'abondance.
La terre de Ceylan est très riche, la faune nombreuse. On y cultive le riz et toutes sortes d'épices.

Ceylan une fois le calme revenu.
Les entrepôts débordaient de produits alimentaires et d'épices, riz, manioc, canelle, curcuma etc...etc.... Il y avait un stock de bois précieux, ébène, palissandre, bois de rose, et bien d'autres.
C'était le paradis des saphirs des rubis des topazes et d'une pierre appelée 'Oeil de chat'. Jamshid, dépensa une petite fortune dans l'achat de gemmes de toute sorte.
On répara les mâts qui avaient été abattus pendant l'échange, et on réquisitionna tout ce qui flottait pour faire un convoi vers la Réunion et L'Ile de France.
Ce coup de main audacieux avait été rendu possible, parce que l'Angleterre était occupée ailleurs. Une force d'intervention de 100.000 hommes étaient partie pour lutter contre l'armée de Bonaparte en Egypte. Une autre de 75.000 hommes; était en train de se constituer pour vaincre définitivement Tipo Saïb. Un troisième projet visait la conquête de Batavia, mais avorta sans doute faute de moyens.
Le mois de Mars 1799 venait de commencer on récoltait le thé de printemps. Les Anglais allaient être privés d'une partie de leur approvisionnement. Il y avait de quoi faire perdre au roi Georges sont flegme britannique.
L'arrivée des Français ne changea rien aux habitudes de la population de l'ile.
Quelques résidents français plus concernés que les autres étaient venus aux nouvelles. Et les nouvelles n'étaient pas bonnes.
Les armées britanniques commandées par Arthur Wellesley 'futur duc de Wellington' marchaient sur Seringapatam capitale du Mysore. Les appels au secours que Tipo Saïb avait envoyé à la France étaient restés lettre morte.
Quand les forbans volent au secours de la veuve et des orphelins.
Il y avait des mercenaires Français dans l'armée de Tipo Saïb; dont un certain 'Benoît Leborgne' (ou Général comte de Boigne). Lorsque de Boigne apprit le coup de main des Français sur Ceyland, il décida d'y envoyer un émissaire en la personne de Charles Dumas.
Dumas rencontra Bush et lui remit ses accréditations.
Bush: « Je lis dans cette lettre, que d'ici deux mois au plus tard la ville de Seringapatam sera assiégée par toutes les forces armées anglaises. Ce n'est pas moins de 75.000 hommes qui vont converger vers la capitale de Tipo Saïb. »
Dumas: « Avec les serviteurs et les chariots qui portent les bagages, sans compter les incontournables marchands. c'est une colonne de 750.000 hommes qui se déplace à la vitesse d'un buffle au pas, soit 5 km/Heure.
Bush:  « De tels rassemblements finissent toujours par être décimés par des épidémies, plus surement que par l'ennemi » « En fait la véritable demande de Tipo Saïb n'est pas de venir renforcer son armée; mais de sauver ses enfants » « Comment pourrions nous, y parvenir, nous ignorons ou ils sont? »
Dumas : « Si je vous disais dans quelle ville ils se trouvent, accepteriez vous de les prendre en charge et de leur donner une éducation Française? »
Bush: « Mes hommes sont des marins, ils font des miracles sur la mer. Mettez les sur la terre, ils ne sont pas de bons fantassins. Ils n'ont aucun entrainement à la marche. En un mot ils sont de piètres soldats. »
Dumas:  « Si je vous dit que l'emplacement du palais est dans un port proche de Madras? « Est-ce que cela influencera votre décision? »
Leo : « Combien d'hommes seraient nécessaires pour une telle mission? »
Dumas « Nous avons beaucoup d'alliés sur place, ils savent comment vous faire entrer dans le palais » « Six ou dix hommes déterminés suffiraient » « Et une bonne flotte au large pour éviter toute surprise, venant de la mer »
Bush : « Ils sont combien, ces enfants? »
Dumas : « Ils sont onze Sept filles et quatre garçons entre deux et dix huit ans »
Leo : « Onze marmots?....... cela va être discret !»
Dumas : « C'est à dire qu'avec les serviteurs cela fait trente trois »
Leo : « Vous plaisantez j'espère? …..»
Dumas : « Mais pas du tout, les enfants de Tipo Saïb, ne peuvent pas porter leurs bagages, il leur faut deux serviteurs chacun »
Leo : A qui la moutarde montait au nez « Eh bien ! Nous allons leur apprendre à marcher tout seuls ! À manger seuls, à pisser seuls ! Ce n'est pas pour rien qu'on à pris la Bastille !» « Nous irons les chercher mais à notre façon! » « Ce n'est pas négociable ! » « Peut-on savoir dans quelle ville se trouve ce palais? »
Dumas: «  A Pondichéry  »
Bush : « Pondichéry?.... Voilà qui va mettre Lea en joie. »« Qui veut faire partie de cette joyeuse escapade » « Leo, Lea, Otto et Simbad,  je suppose.» « Les autres viendront avec moi à Madras, quelque chose me dit qu'il y a plus de forces concentrées dans cette rade. »
Alors que l'on se préparait à prendre la mer, on vit des bâtiments sous pavillons français, entrer dans le port. Il s'agissait de quatre 74 .
Avec le « Theseus » le « Terrible » le « Sans Pareille » et « l'Indomptable » C'était devenu la plus puissante force navale de tous l'océan Indien.
- Le Theseus à Ceylan
Le capitaine Montaudevert félicita Bush pour ses succès. Il lui apprit que sa renommée avait atteint Paris et Londres. il l'informa que sa tête était mise à prix, pour une valeur supérieure à celle de Surcouf.
Montaudevert : «  J'aurai un service à vous demander. » « J'ai un équipage réduit. S'il faut que je laisse une équipe de prise, à bord de 'La Perle', je deviens trop vulnérable. » « Accepteriez vous de me convoyer ce bâtiment à Port Louis? »
Bush : « J'ai mieux à vous proposer » « Je vous l'achète, avec un billet à ordre que vous pourrez encaisser auprès de Monsieur Fu Ché à l'ile de la Réunion »
Montaudevert : « Topons là, je connais bien Fu Ché et son fils François, ils ont un correspondant à l'ile de France, qui pourra m'escompter ce billet. » « Vous allez vers quel coin? »
Bush : « Vers Pondichéry, cela vous tente? » « Nous pourrions pousser jusqu'à Madras, je vous accompagnerai avec quelques unités, un blocus sur ce port arrangerait mes plans »
Montaudevert : « C'est entendu, je pousserai ensuite jusque vers Batavia »
Bush : « C'est aussi dans nos intentions, nous n'en avons pas pour très longtemps à Pondy »
Ce ne fut pas une mince affaire de décider Dargenson et Jamshid à quitter leur paradis terrestre. D'autant que Dargenson, venait de commencer une collection de reptiles. Principalement des serpents de toutes tailles et de toutes formes, aussi mortels les uns que les autres. Le plus grand et le plus impressionnant de sa collection était une femelle de Cobra royal, que Dargenson avait décidé d'apprivoiser.
Que ces serpents qui sifflent sur nos têtes, ne nous fassent pas oublier notre mission:
On se servit des jonques dont le tirant d'eau n'étaient pas très important pour atterrir sur une plage d'un village de pêcheurs. Dumas semblait détendu; les contacts qu'il attendait étaient au rendez-vous. Un vieillard au cheveux blancs en queue de cheval, vint au devant d'eux et fit 'Namaste' (salutations deux mais jointes, avec inclinaison du buste).
Nos amis répondirent du mieux possible, par le même salut.
Il avait pour tout vêtement, un 'dhoti' ; grande piéce de coton, nouée à la taille et passée entre les jambes. A part cela il portait à travers la poitrine le cordon des brahames, et son front était décoré de trois bandes blanches horizontales.
Il émanait de toute sa personne une aura de paix et de sérénité.
On ne pouvait pas en dire autant des trois lascars qui le suivaient. Leo se fit la réflexion, qu'il avait déjà vu des têtes patibulaires, mais des comme celles là.....Et dire qu'ils avaient peut-être été d'adorables petits bébés...Leo leur fit un sourire de bienvenue.
Ils lui rendirent son sourire.
L'effet était surprenant; ils avaient les dents, de la même couleur que leurs vêtements, « Noir ». Le Brahame expliqua que dans cette caste, ils se laquaient les dents en noir, les femmes également. De plus ils mâchaient du bétel, ce qui teinte la salive et les gencives en rouge sang. Le spectacle ne s'arrêtait pas là, les feuilles de bétel avec la chaud et la noix d'arec, fait saliver. Ce trop plein de salive s' évacue par des crachats aussi colorés que bruyants.
Voyant la tête que faisaient nos amis, le brahame crut bon d'ajouter, que le lien de cuir qu'ils portaient autour du cou, étaient leur seul arme, un lacet étrangleur.
Lea pensa qu'on en n'était plus à une horreur prés.
Elle ne fut pas forcément rassuré, par le fait qu'ils étaient des enfants abandonnés; recueillis tous jeunes par le Brahame. Elle pensa que c'était assez logique que les parents n'en aient pas voulu. Mais de là à leur peindre les dents en noir.....Pourvu que les enfants de Tipo Saïb soient normaux !
On se mit en route vers Pondy, le long d'une côte, basse et rectiligne.
Le fort qui défendait la ville était construit sur une légère hauteur, et fut visible de loin. Pour le reste un rempart assez vétuste, ne semblait pas capable d'arrêter autre chose que les rayons du soleil. Entre les remparts et la plage, s'entassaient de pauvres masures, aux murs lépreux, aux ouvertures maigrichonnes. En fait 'maigre', semblait être le qualificatif le mieux adapté pour décrire cet endroit. Les gens étaient maigres et de petite taille, les ruelles étroites, même les vaches sacrées, n'avaient que la peau sur les os. Les charognards qui étaient sensés se nourrir des os, ne devaient plus se souvenir à quoi ressemblait un os.
Il semblait urgent de cacher nos amis à la vue des passants, leur allure était par trop voyante, même avec des vêtements locaux. Le seul qui pouvait faire illusion était Otto, il faut dire qu'il était du genre filiforme.
Deux par deux ils partirent en reconnaissance, vers le palais du gouverneur, ou du moins ce qu'il en restait. Les jardins avait un petit côté Le Nôtre, un Le Nôtre, qui aurait manqué d'eau pour finir son travail. La moisissure s'était glissée dans tous les recoins. Les fissures dans les murs faisaient le bonheur des oiseaux qui y nichaient. Il semblait que depuis le départ des Français, ce soit Madras qui ait pris le relais. Ici pas de baie, pas de port, une ville qui se meurt.
Si ce n'était la proximité de Madras et du fort Saint-Georges, un débarquement en force aurait été la solution. D'un autre côté, qui allait soupçonner un coup de main pour récupérer une bandes de gamins. Aussitôt la nuit tombée, et sous cette latitude elle tombe brutalement; on se réunit dans la cave d'un marchand de coton. On souleva une trappe qui révélait un escalier en pente raide. Otto et les trois affreux, partir en avant. Les autres suivraient avec quelques minutes de retard; le temps de leur permettre d'estourbir d'éventuelles sentinelles. Aprés avoir emprunté un tunnel de deux à trois cents mètres de long; un escalier les mena au fond d'une écurie. Les stalles devaient contenir pas loin de trente montures, pas des chevaux mais des éléphants. Les cornacs qui devaient être au courant, se chargeaient de rassurer les animaux pour qu'ils ne s'affolent pas. Nos amis arrivèrent ainsi dans une espèce de dortoir, ou les attendaient les onze enfants et les vingt deux serviteurs, sans compter quelques mètres cubes de bagages.
Leo s'adressant à Otto:  « Peux-tu te faire comprendre des enfants? » « Et leur expliquer qu'on se dépêche de repasser le sous terrain; mais sans les serviteurs, ni les bagages »
C'est alors qu'une jeune fille, qu'il n'avait pas remarqué, sous son déguisement, prit la parole : « Bonjour monsieur, je suis la princesse Kali-maya, l'ainée des enfants de Tipo-Saïb » « Je vous remercie au nom de toute ma famille d'avoir accepté de nous emmener en bateau en France » « Mais vous devez comprendre que pour un si long voyage, nous ne pouvons pas partir sans bagages ! »
Leo qui trouvait la jeune fille fort jolie, mais ses exigences inacceptables, lui répondit : « Nous sortons par le tunnel avec les onze personnes prévues. Vous n'aurez qu'à faire suivre les serviteurs avec les bagages plus tard ! »
Kali-maya lui fit un sourire à faire fondre la résistance d'un général en retraite. « Mais c'est une excellente idée ! » « Elle se tourna vers les autres et leur gazouilla avec force gestes, un certain nombre de recommandations.»
Revenant à Leo « Ils vous prie de les excuser, mais vous parlez le français trop vite, pour qu'ils comprennent. Ils vous remercient de votre grande générosité, et sont prêts à vous suivre »
Elle se dirigea vers un coffre et sortit de jolis petits pistolets, qui ressemblaient plus à des bijoux qu'à des armes. Elle en distribua à tous les enfants, sauf au plus petit, qui avait les bras déjà encombrés par une maquette de vaisseau de ligne.
Leo: « Très bien, allons y! nous avons assez perdu de temps comme cela!» « Mais qu'est ce qu'il fait celui là avec sa maquette de bateau sous le bras? » « Allez bonhomme pose ton jouet, je t'en donnerai un autre plus tard. »
Kali-maya : « Ce bonhomme là s'appelle 'Raja IV'. Il ne se sépare jamais de son bateau, il veut-être capitaine quand il sera grand. Il est petit; il ne parle pas encore; mais il est capable de crier très,... très.... fort! » « A votre place je n'essayerai pas de lui prendre son bateau, il couche avec. 
Leo: «Evidemment s'il couche avec....» «Et les armes est-ce vraiment nécessaire»
Kali-maya : « Ce sont des cadeaux de notre père, de toute façon elles ne sont pas chargées. »
Sur ce tout le monde, fit demi tour et emprunta le tunnel jusque chez le marchand de coton. On cacha les enfants dans des chariots entre les balles de coton, et sous la garde d'Otto et des affreux, ils entamèrent le trajet qui allait les amener aux jonques.
À l'allure nonchalantes des buffles, ils en avaient pour la nuit, et comme ils n'avaient rien d'urgent à faire, ils s'endormirent.
Kali-maya n'osant plus trop contredire Leo, s'adressa à Lea : «Avez-vous l'intention de rejoindre les bâteaux à pied? »
Lea: « Comment faire autrement? »
Kali-maya ; « Dans les écuries du palais il y a assez d'éléphants pour tout le monde, pourquoi ne pas les utiliser? Il est possible de sortir de la ville sans passer par les portes, je peux vous guider, si vous voulez »
Les quelques sentinelles qui étaient sensées garder le palais, ayant été neutralisées, rien n'interdisait de se servir dans les écuries.
- Lea quant à elle préférait le cheval. L'éléphant ça fait plus couleur locale, mais ça donne le mal de mer.
Le voyage de retour se passa sans encombre. On envoya les éléphants récupérer les enfants pour partir avant le lever du soleil. Les bagages et les serviteurs arrivèrent juste à temps pour embarquer également. Les enfants avaient fait preuve de beaucoup de patience et de discipline. Mais ils furent plus rassurés, quand les nounous les prirent en charge.
Le plus jeune, celui qui se nommait 'Raja IV' était le plus déluré de la bande. Il avait pris d'autorité la main de Leo, qui ne pu pas faire autrement que de garder le gamin avec lui. Contrairement à ses fréres et soeurs, il ne ferma pas l'oeil de la nuit. Pensez donc, qu'elle aventure, une fuite en pleine nuit, sur le dos des éléphants, ce n'était pas le moment de dormir. Il n'avait d'yeux que pour Leo. Pour Raja, Leo devait symboliser le capitaine de pirate, dans toute sa splendeur. Or comme l'avait expliqué, sa grande soeur, Raja voulait être capitaine, quand il serait grand, et pour ça le mieux c'était de commencer petit.

On a souvent besoin d'un plus petit que soit:
Raja ne parlait pas, mais arrivait très bien à se faire comprendre. Avisant un biscuit que grignotait Leo, il lui fit signe; qu'il lui prêterait son bateau contre le gâteau. Leo qui trouvait le gamin un peu collant, mais adorable, accepta l'échange. La maquette était très jolie, tous les détails avaient minutieusement été respectés. Le nom du vaisseau n'était pas banal 'Le Pigeon I'; Beaucoup de bateaux portaient des noms d'oiseaux de mer, rarement des nom d'oiseaux de basse-cour. Le constructeur avait signé son oeuvre 'La Buse'. Décidément il aimait les noms d'oiseau.
- Leo montra les inscriptions à Lea, qui lui rit au nez.  «Il ne manquait pas d'humour ton marin, La Buse = Levasseur et le coeur de pigeon cela ne te rappelle rien?»
- Leo: « Si bien sur, le début du message crypté de Levasseur » « Prenez une paire de pijon, virez les 2 coeurs...tête de cheval..etc....
- Lea « Si tu as trouvé 'Le Pigeon I' il te suffit de trouver 'Le Pigeon II' et de virez les deux coeurs. »
- Leo « Virer en terme de marine veut dire tirer, au fait as-tu vu la figure de proue? C'est une tête de cheval, pour être précis, une tête de licorne, dont le le mât de beaupré représente la corne »
- Lea « Tire un peu dessus pour voir »
- Leo « Tu sais que tu es un petit génie quand tu t'y mets. » « Ca coulisse et que contient le coeur du pigeon? » « Un message »
- Leo lut à haute voix: « Sa conserve conservé amour enfant a l'est. Si Dragon si têtes trouvé, pa réveillé, cé gardé entré Empire milieu. Si Canton cherché, Hong- kong trouvé»
- Lea : « L'empire du milieu, c'est comme cela que les chinois nomment leur pays » « Je n'ai aucune idée de ce que peut être un dragon à six têtes »
- Leo: « Moi non plus » « Nous allons soumettre l'énigme à Dargenson »
C'est alors qu'intervint Kali-maya : « Le dragon à six têtes est le nom de la flotte d'un grand pirate chinois, Ching Yih » « Sa flotte est supérieure à celle de la chine, elle se compose de six escadres, ayant chacune une couleur » « Rouge, Noire, Jaune, Bleue, Violet, Vert. »
Cupidon montait la garde et Leo baissait la sienne:
La succession des événements avait été trop rapide pour que Leo ait le temps de fixer son attention sur Kali-maya. Malgré ses dix huit ans passés, bientôt dix neuf, Leo n'avait voulu voir en elle qu'une enfant. « Pourtant elle avait fait preuve de sang froid et d'initiative, pour ne pas dire de courage et de responsabilité. » C'était ce que Leo pensait avec le recul.
Ce qu'il pensait d'autre, c'est qu'elle était jolie....Même plus que çà.
Il se surprit à détailler la finesse de ses traits, la couleur incomparable de sa peau ambrée. Il trouvait charmante cette longue natte qu'elle ramenait par dessus son épaule et qui soulignait joliment un corsage gonflé juste comme il faut.
Les yeux en amandes soulignés au Khôl de Kali, quittèrent la maquette de Raja pour les yeux de Leo.

Elle sentit une onde de chaleur monter jusqu'à son front, comme la première fois qu'elle avait rencontré son regard. Mais la première fois, il ne l'avait même pas remarqué. Cette fois ci, il semblait au contraire ne voir qu'elle. Kali en était toute émue, le message qui passait entre eux était clair, ils étaient en train de tomber amoureux.
Lea qui connaissait bien son frère, eut du mal à garder son sérieux. Pour ne pas offenser Kali, elle garda pour elle les réflexions ironiques qui la faisait sourire. Ils ne se rendirent pas compte qu'elle prenait Raja par la main, pour l'emmener chercher un autre gâteau.
Ils restèrent un long moment, le regard perdu dans le regard de l'autre, avec des sourires qui en disaient plus long, que de longs discours. Kali connaissait le pouvoir de sa voix et depuis toute petite, elle s'en était servi pour charmer les adultes. Il n'y avait aucune raison pour que cela ne marche pas avec Leo. C'est pourquoi elle lui demanda: « Leo , maintenant que vous savez ce qu'est un dragon à six têtes, pouvez vous m'expliquer ce que sont ces pigeons, et à quoi rime ce billet »
Leo était trop content d'avoir trouver un prétexte pour garder Kali auprès de lui; il lui raconta l'histoire de Le Vasseur.
Quand il eut fini, elle lui demanda: « Que comptez-vous faire maintenant »
Leo: « La seule chose que j'ai toujours fais; courir après un rêve, avec ou sans trésor. »
Kali: « Voulez-vous bien m'emmener avec vous? J'aime tellement les contes de fées, et celui ci commence si bien.... »
Leo: n'avait pas pensé une seconde quitter Kali des yeux, il répondit donc « Certainement pas, il est hors de question que je mette votre vie en danger, je vais vous faire accompagner à Praslin, par le docteur Dargenson. »
Kali avait un autre atout dans sa manche, elle arrivait à pleurer les yeux grands ouverts, sans aucune expression sur le visage. Autre particularité ses larmes ne coulaient pas; elles giclaient sous forme d'une goutte loin devant elle.
Leo n'aurait jamais cru que sa plaisanterie puisse provoquer une telle réaction il s'empressa d'ajouter: « Mais ne pleurez pas comme ça, ce n'était qu'une boutade » « Bien sur que je vous emmène, …..plutôt deux fois qu'une!»
Ils ne surent pas comment, ni à quel moment ils se retrouvèrent dans les bras l'un de l'autre; mais le fait est que c'est ainsi que Lea et Raja les retrouvèrent.
Raja qui avait un tempérament naturellement gai, trouva sans doute la scène comique, car il se mit à rire aux éclats. Tout en applaudissant à tout rompre. Ce qui réduisit son gâteau en miette.
Lea applaudit plus discrètement à la performance de Kali, comme une comédienne peut applaudir une autre comédienne.
Les corsaires ne vivent pas que d'amour et d'eau, pas toujours très fraiche:
Bush et son escadre avait croisé au large de madras, hors de portées canons du fort Saint George. Ils envoyèrent des petites équipes déguisés en bateaux de pêches, pour ramener des informations. La garnison anglaise était bien commandée et le fort était bien construit. Attaquer, signifier beaucoup de risque pour un bénéfice somme toute assez maigre. Il n'y avait aucune unité importante dans le port. Dés que les jonques furent en vue on décida de remonter vers Calcutta, avant de prendre la direction de Batavia.

La vigie annonça trois voiles droit devant. Un gros et deux plus petits. L'un pouvait être 'L'Uni' de Hodoul, l'autre une frégate 40 canons, le troisième un brick goélette de 20 canons.
Bush fit hisser les pavillons anglais, et on déguisa les équipages, pour qu'ils aient l'air le plus british possible. Sous ces latitudes, une pareille flotte ne pouvait être qu'anglaise.
La frégate était le 'HMS Arrogant', le brick le 'Friendship' et le troisième 'l'Uni'. L'Arrogant et le Friendship avaient capturé l'Uni qu'il trainait en remorque.
- Le dessinateur était soit de la même nationalité que le vainqueur, soit n'avait aucune notion des proportions.
Mais face à 5 vaisseaux, 17 frégates, 23 bricks, jonques et autres transports, ils ne faisaient pas le poids. Bush, Leo et Montaudevert montèrent à bord de l'Arrogant, pour recevoir la reddition de Williams Young. Malheureusement, hodoul et le frère de surcouf avaient été débarqués à Calcutta. Ils étaient emprisonnés à fort William. Bush, decida de renvoyer les officiers anglais sur le Friendship en échange de la libération d'Hodoul et de Nicolas Surcouf. Il se permit de préciser, qu'il avait les moyens d'aller les chercher, mais en mettant Calcutta à feu et à sang.
Il était temps d'aller voir à Batavia les changements qui s'étaient opérés suite à la faillite de la VOC. Leo et Kali prirent le commandement de la frégate l'Arrogant. Ils avaient comme escorte: Ali et Lea sur 'La Superbe' et Montaudevert sur 'Le volcan de camarin'. Avec les deux jonques comme éclaireurs, ils mirent le cap plus au nord que le reste de la flotte. Vers le détroit de Malacca.
Bush et le gros des force se dirigea vers Batavia.
Quand un pirate malais rencontre un pirate chinois, qu'est ce qu'ils se racontent?
Les trois bâtiments avaient besoin de faire aigade, et s'ancrèrent en face d'un village de pêcheurs;
Les jonques avaient pris de l'avance, et se trouvaient dans les parages de l'ile de Penang quand deux boutres malais leur barrèrent la route. On aurait dit des sacolèves, (on appelle ainsi un bâtiment levantin de médiocre tonnage, dont la tonture, c’est-à-dire la courbe du pont, s’accentue légèrement en se relevant vers l’arrière.)

- Sacolève ou boutre malais
Grés en deux mâts à voiles latées. Leur grand mât, très sur l’avant de même hauteur que l'artimon, placé lui très en arrière. Un foc sur le beaupré, complète la voilure. La coque très cintrée et basse sur l'eau donne au sacoléve un singulier aspect. Les peintures vives des coques, leur étrave élancée, la variété des voiles, en font de gracieux navires qui louvoient par centaines dans les étroits parages de l’archipel Malais. Rien de plus élégant que ces légers bâtiments, se couchant et se redressant à la lame, bondissant sans effort.
Ils étaient élégants.... Et armés jusqu'aux dents.
Les jonques d'Otto, décidèrent de se replier vers l'endroit ou ils avaient laisser les autres.
Commença alors une poursuite endiablée.
Les jonques étaient aussi rapides que les boutres, et à ces allures portantes, elles pouvaient sauf incidents rester hors de portée des canons de chasse de l'adversaire. Ce qui se confirma, lorsqu'un petit panache de fumée blanche, s'échappa du poursuivant le moins éloigné. Un boulet de petit calibre, ricocha loin sur l'arrière de la jonque d'Otto mais bien dans l'axe, ce qui indiquait qu'ils savaient viser. Otto leur répondit par un tir identique qui eut le même résultat. Sauf qu'Otto espérait ainsi alerter Leo, le son du canon portait loin, dans le bon sens du vent.
Effectivement, quand la canonnade fut perceptible par les bâtiments à la côte, Montaudevert qui avait terminé son plein, mit rapidement à la voile. La superbe laissa ses chaloupes à l'eau et le suivit. l'Arrogant se chargerait de récupérer les allèges. En remontant le vent , les deux frégates rencontrèrent des ilots qui leur permit de se cacher. Pas si bien caché, qu'Otto ne vit le sommet des mâts, mais les poursuivants n'avaient d'yeux que pour les jonques. Dés que les ilots furent dépassés, Otto se rapprocha de la côte. La Superbe et Le Volcan, sortirent derrière les deux boutres, Les jonques firent demi tour, les boutres étaient pris dans le piège.
Les sacolèves n'étaient pas commandées par des pleutres, même si le rapport de force n'était pas en leur faveur, ils attaquèrent les jonques. Otto mit ses fusées en batteries, et fit tirer ses canons avec des boulets ramés, il immobilisa rapidement les deux boutres. Les deux frégates vinrent à l'abordage, mais les équipages avaient déposé les armes.
Les capitaines malais étaient des Bugis d'excellents marins, pêcheurs et pirates. Ils se faisaient appeler Abbas Tuanduk et Ajurna par référence à deux guerriers malais célèbres. Quand au costume qu’ils portaient, ce n’était ni la veste, ni le gilet, ni le sarouel des barbaresques. Mais un cafetan, à capuchon de couleur brune, brodé de soutaches peu voyantes, un pantalon verdâtre, à larges plis, perdu dans des bottes montantes, rappelaient plutôt l’habillement du marin des côtes des Indes.
Otto: «  Pourquoi avez vous attaquer les jonques? »
Abbas: « Nous vous avons pris pour des pirates chinois ! »
Otto: « Comme Ching Yih »
Abbas: « Non Ching Yih a passé un accord avec le sultan de l'état malais de Kedah. L'Angleterre a loué l'ile de Penang, en retour elle promettait de protéger le sultan des visées du Siam. » « En réalité, suite à des désaccords avec le Sultan, les Anglais se sont appropriès l'île tout comme, en 1800, ils ont acquit la province Wellesley. Ils ont baptisé du nom de leur général, cette portion de la terre ferme située en face de Penang. » « En fait les Anglais comptent sur nous pour lutter contre les pirates. Ils sont si nombreux, que les anglais ne viennent plus qu'à Mallaca. »
Otto:« Mallaca est une ville bien défendue? »
Abbas: « Non , il y a des remparts et des fortins mais les troupes anglaises sont peu nombreuses. Les installations sont mal entretenues, même si le commerce est très important »
Otto: « Nous vous donnons le choix, de retourner à Penang sur un canot, ou de rester au commandement de vos bateaux et devenir des corsaires Français »
Abbas: « Nous sommes des mercenaires, notre famille c'est notre bateau, nous préférons rester avec vous »
Otto: « Vous faites partie d'une ethnie ou d'une caste de marins? »
Abbas: « Nous recrutons chez les Hakka qui pratiquent le 'Pencak Silat' un art martial à main nue, de La fameuse Ecole du Wing Chun » « Voulez vous voir une démonstration? »
Otto: « Bien volontiers, nous allons faire cela à bord de L'Arrogant »
(Chère lectrice, si vous êtes arrivez jusque là dans votre lecture, c'est que votre insatiable curiosité vous y a obligé. Je gage que le commentaire suivant va vous amuser. L'information est tirée d'une chronique de l'époque, je ne peux pas vous en garantir la véracité.
« La fameuse Ecole du Wing Chun, provient en partie d'une transmission effectuée au sein de l'ethnie Hakka.
Les Hakka vivaient au bord des lacs et des mers au sud de la Chine et étaient réputés pour leurs fameuses jonques fluviales et maritimes qui servaient d'une part pour le commerce et d'autre part pour la restauration et des plaisirs plus charnels encore.
Ces 'Bateaux Fleuris' ou 'Bateaux à lanternes rouges' permettaient aux clients de satisfaire leurs envies tout en ne risquant pas d'être surpris, puisque la jonque s'éloignait du rivage.
On y faisait donc la fête, on y mangeait et on courtisait également des jeunes gens et jeunes filles dont c'était généralement le métier et la fonction.
Ces jonques appartenant aux familles (Clans, Jia ou Gar) Hakka, les jeunes filles du Clan officiaient souvent comme serveuses et hôtesses. Mais se méfiaient des entreprises de certains clients.
Ce qui les incitaient à pratiquer cette forme de boxe très particulière dont on dit qu'elle fut créée par une nonne bouddhiste. 
Les postures particulières du 'sablier' permettaient de conserver l'équilibre et les principales techniques permettaient de protéger les seins, le bas ventre et les fesses tout en ripostant d'une manière graduée.
Le client trop entreprenant pouvait donc être repoussé, immobilisé, frappé ou projeté par dessus bord sans autre forme de procès?
Mais nos amis Chinois et, plus encore, les pratiquants occidentaux de ce style, généralement des gros barbus, n'aiment pas trop qu'on leur explique ce fait ou qu'on leur rappelle la fonction pratique du style !
Pendant que nous y sommes, nos amis Chinois prétendent que la Boxe Française (la savate ou le chausson marseillais) serait issue des formes de combat chinoises pratiquées sur les bateaux.
Ce qui explique les positions des bras dans les gardes classiques : le boxeur s'accroche à un bout ou se soutient au bastingage afin de ne pas tomber en effectuant ses coups de pied hauts.
Les marins français auraient donc rapporté cette manière très particulière de combattre sur le pont d'un navire chinois.
Mais ne le répétez pas, vous allez encore vous faire des amis !)
Proverbe chinois: « Si tu es une jeune fille jolie et que tu désires te marier, ne pratique pas le 'Pencak Silat', avant ton mariage »
Les jumeaux et Ali assistèrent à un spectacle peu commun. Même les équipages des jonques qui avaient cultivé des pratiques acrobatiques, étaient sidérés.
Nous passerons sur les exercices de souplesse, qui leur permettaient de courir aussi vite sur les pieds que sur les mains. De sauter quatre fois leur taille, avec l'aide de comparses qui les propulsaient comme des projectiles de catapultes. Ils pouvaient faire des échelles humaines qui atteignaient les vergues sans passer par les haubans, et de redescendre en se suspendant les uns aux autres, comme de l'eau qui coule, jusque sur le pont. Ils pouvaient frapper avec leur pieds ou leur tête, une rame et la casser en son milieu. Ces hommes de petites taille pouvait tuer un boeuf d'un coup de poing sur le front.
Lea accepta de tirer au fleuret contre le maitre du 'Pencak Silat' 'Shoto'. Il se mit sur ses jambes légèrement en appui et esquiva toutes les attaques avec une facilité ahurissante.
Il lança un avertissement à Lea, et quelques secondes après, le fleuret avait changé de mains, et c'est lui qui en menaçait Lea. Celle-ci fit traduire ses compliments par Otto, et demanda si le maitre pensait qu'elle pourrait devenir son élève. Otto traduisit 'Que se serait un honneur pour lui d'avoir une aussi jolie femme comme élève, qu'ils pouvaient commencer le lendemain au lever du soleil'
Lea: « Otto peux tu remercier maitre 'Shoto', et lui dire que je souhaiterais apprendre également sa langue! »
Otto; « Il a dit que c'était prévu, ainsi que des notions de yoga avant de parler des exercices! Et des différentes techniques »
Leo demanda: « Est-ce que ces cours sont réservés au femmes, ou puis-je aussi y participer? »
Shoto expliqua : « Qu'il souhaitait que le nombre de participants ne dépasse pas 8 qui est un chiffre magique, mais maximum » « On nomme cet art le karaté-do : «la voie de la main vide».
Ce qui explique qu'au soleil levant, se présentèrent sur le pont: Lea, Ali, Leo, Kali, Otto, Montaudevert son second Leroi et …....Raja.

Si tu veux l'arc-en-ciel il faut supporter la pluie:
On est en septembre, il y a des baies sur les marchés, et des pirates dans toutes les baies.
Rendez-vous avait été donné à l'Arrogant et à la Superbe à Singapura; 'La ville du lion'. Dans 'le pays où les vents se rencontrent'; où il n'y a jamais eut que des tigres et aucun lion.
Les deux jonques escortées des boutres de Abbas et Ajurna, sont allées à Malacca, pour faire des achats. Elles reviennent avec quatre 'Bedor' (Jonques de malaisie), chargées de lingots d'étain. Abbas à également une information selon laquelle une flotte de pirates fait régner la terreur sur la côte est de la malaisie. Le capitaine de ces pirates se nomme Zhengqi un chinois qui s'est allié avec un vietnamien; Nguyën Thinh Sen.
- Il paraît que quand on parle du loup on en voit la queue.
Deux grandes jonques à trois mâts, débouchent de derrière des iles d'où elles devaient guetter leur proie. Les quatre Bedor mettent en panne, les jonques hissent le drapeau français. Les forces sont équilibrées, mais à l'abordage, les pertes risqueraient d'être nombreuses. Mieux valait négocier.
Otto fut volontaire pour aller parlementer, il se rendit en canot à bord de la jonque de Zhengqi avec six marins. Mais il n'était pas sitôt à bord, qu'il est fait prisonnier et que les deux jonques, foncent vers les bedor. Les boutres virent de bord pour venir sur l'arrière des pirates. Les jumeaux entament la chasse. Les pirates tirent sur les bedor désarmés.
Il n'était pas question d'abandonner Otto. La jonque de Lea arriva sur l'arrière de Zhengqi et tira des salves de fusées dans les voiles, en même temps que deux grappins qui crochèrent dans la poupe de l'ennemi. La position n'était pas très confortable, car Zhengqi avait amener des pierriers sur le château arrière. Les boutres remontaient vers la jonque de Nguën et commençaient à tirer sur son gouvernail espérant le désemparer. Tout à coup Lea vit une fumée s'élever de la jonque du pirate, et peu de temps après une forme non identifiable plongea depuis l'entrepont dans la mer. Pour Lea cela ne faisait aucun doute c'était Otto. Elle fit couper les cordes des grappins, et vira lof pour lof.
On retrouva facilement Otto, hilare du bon tour qu'il venait de jouer à Zhengqi. Les autres voyant Lea faire demi tour, interrompirent la poursuite pour aller porter secours aux bedors. Les quatre bateaux furent pris en remorque, l'un d'eux menaçait de couler bas. Heureusement qu'une plage à proximité permit d'échouer les bedors pour les réparer. Avec tout autre transporteur, les bateaux auraient coulé, mais ces constructions avaient des compartiments étanches et une partie du pontage était en bambous. En fait ils étaient insubmersibles. De plus les réparations étaient faciles et rapides. On en profita pour les équiper de rampes lance fusées.
Plus on descendait vers le sud, plus on rencontrait d'iles, pas toujours habitables. Certaines servaient de refuge aux « Duano » nomades des mers. Comme ceux des îles du Sud de Singapour Muntang et Lingga .
Les « nomades des mers » « Orang Laut » vivaient à bord de leurs bateaux essentiellement de pêche et d'échanges. Ils fournirent les cambuses en poissons et en perles, contre des outils et des armes, car ils étaient aussi la proie des pirates.
Les pirates, il n'y avait que çà, nos amis allaient vite s'en rendre compte.



8- La chine et ses trésors.

L'expérience, est une lanterne que l'on porte dans le dos, elle n'éclaire que le chemin déjà parcouru.
C'est l'idée qui s'imposa à Lea, lorsqu'elle entendit la cloche du bord, sonner l'alarme.
« Branle-bas de combat! Tout le monde à son poste! »
Et ce fut la galopade sur le pont,... on se demandait comment ces hommes qui courraient dans tous les sens, ne se heurtaient pas, et comment dans ce désordre apparent, chacun retrouvait son emploi et son emplacement. Le fait est que lorsque Lea et Otto débouchèrent ensemble sur le pont, tout le monde était à son poste. Droit sur l'avant, une menaçante flotte de jonques de guerre était déployée comme à la parade.
En face d'une telle armada, seule la négociation s'imposait. D'un autre côté, Otto n'était plus très chaud depuis son ambassade auprès de Zhengqi, pour jouer sa vie à pile ou face. Il rugit:
- « Par les fesses vérolées de Boudha, j'en ai compté plus de cent « On fait demi tour, on leur abandonne les bedors et on prie pour que le vent ne mollisse pas »
Ce à quoi Lea répondit:
-« Pas question, on garde le cap, on a l'avantage du vent, on largue toute la toile, et on traverse en les arrosant copieusement au passage. »
Les ordres furent immédiatement transmis aux autres bateaux, qui déployèrent vaillamment toutes les voiles et se rangèrent en une ligne de bataille aussi hardie que dérisoire. Lea examinait à la lunette une lourde jonque de guerre, la plus grosse qu'elle avait jamais vu. Longue de plus de cent mètres, douze mats, mille cinq cent tonneaux au bas mot, deux ponts ce qui augurait plus de cent canons.
Lea: Ils sont trop nombreux pour des pirates, on dirait une flotte chinoise
Otto se retourna pour constater qu'une autre flotte surgissait de derrière une ile et leur coupait la retraite.
Il demanda à Lea: « Vous savez nager je suppose,.... c'est toujours un avantage quand on fait naufrage, et aujourd'hui, on va essayer d'en couler le plus possible, avant de boire la tasse. »
Lea répondit: « Faites charger les canons à mitraille, et à boulets ramés, ramenez vers la proue le plus de lance-fusées possible, on va attaquer la jonque de commandement »
Ils frôlait l'enfilade d'écueils par tribord, pour garder la meilleur allure au vent. Dans quelques minutes, il faudrait virer de bord pour s'aligner sur la grosse jonque .
Par la barbe galeuse du prophète, c'est la flotte rouge, la jonque amirale c'est le 'Dragon rouge' de Cheng Yih chef de la confédération des pirates de Guandong.
Tout à coup, un canon du Dragon rouge tonna.

Toutes les jonques se mirent à la cape et affalèrent leurs voiles.
Une seule de petite taille; portant une grande flamme rouge en tête de mât et un pavillon blanc de trêve à l'artimon, se dirigeait vers eux. Lea fit mettre en panne. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises. Dans sa lunette, elle pouvait voir qu'un grand gaillard à barbe rousse tenait la barre de la jonque; à ses côtés, était campée un petit bout de femme, qui même en se tenant très droite, ne lui arrivait pas à l'épaule. La jonque abattit ses voiles à trente mètres de la coupée, le barreur prit un porte voix et s'exprima en anglais:
Glaspool: « Permission de monter à bord capitaine? »
Lea répondit de la même manière :  « Présentez-vous et donnez l'objet de votre ambassade »
« Capitaine Glaspool et Ching Yih-saou, au nom de l'amiral Ching Yih, pour un entretien avec le capitaine »
« Permission accordée, pour deux personnes et sans armes »
Glaspool semblait à peine plus âgé que Lea, il avait les yeux, bleu pâle, et les cheveux roux foncé. Une cicatrice lui barrait la joue gauche sans arriver à l'enlaidir.
Il s'avança vers Lea, et s'inclinant légèrement:
« Permettez moi de vous présenter la femme de l'amiral, Madame Ching Yih; elle ne parle pas votre langue. je servirai d'interprète. »
Lea salua madame Ching et lui souhaita la bien venue en cantonnais; ce qui avec quelque insultes, représentait tout son savoir dans cette langue.
Madame Ching ne voulant pas être en reste lui répondit en pidgin: « Cette Cow chillo, tlé honolé rencontlé Cow chillo Taî-Pan de jonque »
Glaspool expliqua « Que le pidgin anglais parlé à bord des jonques cantonnaises, permettait aux chinois de se comprendre entre eux. »
«  Dans cet sorte d'esperanto,'Cow' signifiait 'Femme', 'Chillo' était une déformation de 'Child' 'Enfant', donc Cow-Chillo voulait dire 'Jeune Femme' Taî-Pan était une déformation de 'Captain' signifiant 'Amiral' ou 'Général' ou 'Chef Suprême' selon les circonstances »
Lea les invita à la suivre dans sa cabine. Elle leur expliqua les raisons de leur venue en asie. « Prendre des contacts avec l'empire du milieu et celui du soleil levant. » « la flotte était composée au départ de 5 vaisseaux, 17 frégates, 23 bricks jonques et autres transports.» «Une partie était allée à Batavia, une autre à Singapura et Mallaca.» «  Le prochain ralliement était prévu à Canton. »
Glaspool reprit la parole:
« Si je comprends bien, vous connaissait le sultan de Masquat ? »
Lea répondit: « Je le connait bibliquement parlant, car c'est mon mari » « Cheng Yih est un client des chantiers navals de mon mari. Nous souhaitons lui proposer d'autre échanges commerciaux »
Ching Yih-saou: « Cette Cow-Chillo tlé heuleuse si Cow-TaïPan-Masquat venir Dragon rouge voyage Canton possible»
Lea s'essaya au pidgin « Cette Cow-Chilo tlé honoré amitié Cow-TaïPan dragon six têtes »
Glaspool « Eh bien, vous n'aurez pas mis longtemps, pour vous mettre au pidgin, c'est très impressionnant »
Lea « C'est comme un jeu, plus on parle de langues différentes, plus c'est facile d'en apprendre une de plus, et celle là n'est en fait qu'une variante du créole, que nous parlait notre Doudou antillaise » « Je prend quelques affaires et je vous rejoints sur le pont »
Si le dragon rouge, semblait lourd et somme toute pas très élégant, ce qu'il perdait en esthétique, il le gagnait en confort . Quand Lea pénétra dans les appartements de Ching Yih-saou, elle fut éblouie par le décor. Le plus confortable de tous les appartements que Lea avait connu, était celui du Sloughi. Mais ce qu'elle voyait, était dix fois plus vaste. Le plafond était deux fois plus haut que d'habitude à bord des navires européens.
Le raffinement et le bon goût, étaient poussés jusque dans les détails de l'assortiment des couleurs. Les bois précieux, donnaient les tons de base, allant des bruns foncés, aux plus clairs, presque jaunes. Les tons de verts, variaient d'une statuette de jade à une autre. L'utilisation de l'ivoire, soit dans les incrustations, soit dans les sculptures, mettait en valeur les couleurs sombres. Une table basse avait été dressée comme le veut la coutume. Une multitude de petits plats étaient disposés dans une vaisselle en céladon. Pour accompagner les aliments, les convives avaient le choix entre le thé, et l'alcool de riz servi tiède, presque chaud.
Pendant que Lea, buvait sa deuxième tasse de thé; madame Ching, en était à sa sixième bolée de Neigong jiu . Un serviteur oeuvrait en silence au service, il avait pour nom Fong. Aussi discret qu'une ombre, aussi silencieux qu'un chat, il semblait deviner à l'avance les moindres désirs de madame Ching. Ce personnage bon, dévoué, aimant, ne vivait que pour sa jeune maîtresse. Il s’attristait de ses tristesses, il souriait s’il la voyait sourire. Toute sa vie tenait dans celle de madame Ching. Il avait la tendresse et la fidélité d'un chien, mais ce n’était qu’un homme, qui eût mérité d’être un chien. Il avait vu naître madame Chinq, il ne l’avait jamais quittée. Il l’avait bercée enfant. il la servait jeune fille. C'était ça aussi la Chine de cette époque là.
Ching: « Cette Cow-chillo demander si pays Lea, France ou Angleterre »
Lea: « France, mais maman Lea Angleterre »
Ching: « Hommes France très forts; Tac..Tac..number one....moi connaitre »
Lea: « Quoi dire Tac....Tac ? »
Ching: « Tac..Tac...pareil , Jig...Jig » Le geste accompagnant le commentaire, ne laissait plus de doute à Lea.
Ching: « Cette Cow-chillo rencontrer François Levasseur quand très chillo ça fait rien, tac...tac quand même...un peu pleurer...après aimer encore...encore...encore...pas possible dormir... »
Lea: « Si Tac...Tac....souvent;... danger gros ventre,.... mauvais souvenir »
Ching: « Pas gros ventre souvenir...souvenir petit bateau » et Ching alla chercher une maquette de vaisseau de ligne, que Lea n'avait pas remarquée et qui portait le nom de 'Pigeon II'.
Ching: « Levasseur cadeau...lui dire moi riche si moi deviner...moi riche...mais pas deviner »
Lea: « Toi trouver écriture dans bateau? »
Ching: « Moi pas chercher écriture... »
Lea n'eut aucun mal à retirer le message contenu dans la maquette. Il suffisait comme pour la maquette du 'pigeon I' de faire coulisser la figure de proue, en virant la tête de licorne. Maintenant elle comprenait la signification du message « Sa conserve est gardée par une femme enfant plus à l'Est. Si tu trouves le dragon à six têtes, ne le réveille pas, il garde l'entrée de l'empire du milieu. Pour atteindre Canton il faut prendre Hong-kong »
Sa conserve, voulait dire que les deux bateaux se ressemblaient, Lea ne voyait pas vraiment la mise en garde, et en quoi Ching Hyi ne devait pas être mis au courant de cette information. A moins que....
Lea: « Toi marier Ching Hyi, quand toi connaître Levasseur »
Ching: « Moi toujours Ching Hyi connaître, lui acheter moi bébé »
Lea: « Lui pas savoir toi et Levasseur Jig...Jig ? »
Ching: « Non..Non..si lui savoir, lui chasser moi » « Quoi c'est dire histoire Levasseur »
Lea expliqua à Ching que juste avant son exécution, quand il monta sur l'échafaud; Olivier Levasseur, lança dans la foule un cryptogramme et s'écria :
- 'Mes trésors à qui saura comprendre !'
Le premier texte était très hermétique:
-'Prenez une paire de pijon, virez les 2 coeurs...tête de cheval... une kort
fil winshient écu prenez une cuillière de mielle... outre vous en faites une ongat
mettez sur le passage de la.....Prenez 2 liv cassé sur le chemin Il faut... toit à moitié couvé
pour empêcher une femme... vous n'avez qu'à vous serrer la... pour veni
.. épingle ...juillet.... faire piter un chien turc un.. de la mer... bien sécher et sur.. qu'une femme qui veut se faire d'un...dans... dormir un homme.. faut en r endre...qu'un diffur...'
Le deuxiéme était plus clair:
- « Sa conserve conservé amour enfant a l'est. Si Dragon si tête trouvé, pa réveillé , cé gardé entré Empire milieu. Si Canton cherché, Hong-kong trouvé»
Le troisième Lea venait de le lire:
- « Heureux cé comme Ulysse ka fé bô voyage...comme cestuy-là qua conqui la toison...... Plus me plé séjour a couleuvre ..et plus qu'air marin..petit Liret plé moin. Balaine Jonas avale, la buse balaine crache, trésor balaine gardé. »
Ching: « Cette Cow-Chillo jamais comprendre Levasseur pidgin » « seulement trésor et baleine »
Lea: « Moi c'est le rapport entre Canton et Hong-Kong que je ne saisis pas » « Peu importe le trésor est certainement caché à la baie des forbans »« Je t'invite à revenir avec nous, car si nous trouvons le trésor ce sera grâce a ce message, il indique que Levasseur souhaitait que tu aies ta part. » « Qu'en penses-tu? »
Ching: « Je très honorée, venir chercher trésor dans toi maison»
Lea: « Mais tu fais des progrès, je sens qu'on va bien s'entendre toutes les deux » « Tu vas me parler un peu de ton mari, je te parlerai du mien si cela t'intéresse »
Hong-Kong l'antre du dragon à six têtes.
L'arrivée à Hong-Kong par la mer était surprenante, pour n'importe quel 'Barbare', comme les chinois appelaient tous les non-chinois. En fait il s'agit d'un archipel de prés de deux cents cinquante iles, toutes montagneuses. Il y a très peu de terres cultivables, et beaucoup d'abris naturels pour les bateaux. Ce qui explique que traditionnellement, il y a toujours eu énormément d'embarcations et très peu de constructions sur terre. Depuis Hong-kong, on voit la presqu'ile de 'Kau-Lung' (Prononcer kow-loon') avancer dans la rade. Kau-Lung signifie « les Neuf Dragon ». Située à l'ouest de l'île de Hong Kong, l'île de Lantau est la plus vaste de la région, mais c'était la baie de Hong-Kong qui semblait attirer à elle tout ce qui flottait.
L'emplacement était stratégique il représentait le bouchon de l'estuaire de la rivière des perles. La ville de Canton est installée au fond de l'estuaire. Canton était la seule ville ouverte aux barbares sur le continent depuis toujours. Mais qui tenait Hong-Kong, tenait les clés du commerce avec la Chine continentale, celle que seul Marco Polo avait visitée, à ce jour interdite aux barbares.

Toutes ces informations et bien d'autres, Lea les tenait de Ching.
Il existait en Europe des règles, des codes, des étiquettes, qui étaient propre à une confrérie, ou à une classe sociale. En Chine le mode de pensée, les coutumes, voir l'expression des sentiments, obéissent à des rites, qui s'imposent à tous, et que l'on qualifie de civilisation. Lea vivait le choque de deux civilisations, et malgré toute sa bonne volonté, elle resterait une 'barbare'. Une barbare pouvait apprendre toutes les règles de vie des chinois, son cerveau ne pourrait jamais fonctionner comme celui d'une chinoise.Ching avait les mêmes difficultés avec les raisonnements de Lea; à la différence près qu'elle considérait la culture Chinoise comme supérieure, à celle de l'europe.
En fait Lea redoutait la rencontre avec l'amiral Ching Hyih. N'était -il pas prudent d'attendre que le reste de la flotte ramène Ali, Bush et Leo? Elle se confia à Ching qui lui répondit:
«Ne cours pas après le monde, laisse le monde te suivre.»(Proverbe chinois)
L'amiral Ching n'était pas dans la baie, Lea envoya les deux jonques et les deux boutres malais, au devant des deux flottes, pour qu'elles rejoignent Hong-Kong.
L'amiral Ching Hyih n'était toujours pas revenu; lorsque la flotte apparue à l'ouest, rutilante sous les rayons dorés du soleil couchant. Le salut aux canons, n'en finissait pas de faire des échos à travers toute la rade. Lea et Ching étaient excitées comme deux puces à qui on a promis un chien.
Pour Lea; cela se comprenait, elle n'avait pas vu Ali depuis des mois. Pour Ching elle se contentait de calquer son attitude sur celle de Lea. Ou tout simplement, la joie des retrouvailles était elle communicative.
L'escadre se composait de 5 vaisseaux, 18 frégates, 25 bricks, jonques et autres boutres.
On vit un nombre équivalent de canots faire le vas et vient entre les navires à l'ancre, quelques uns convergèrent vers le Dragon rouge.
Hodoul était dans celui de Bush avec Montaudevert, Serena et Mahaleo. Un autre contenait Ali, son pére et le bon docteur Dargenson. Dans celui de Leo et Kali il y avait également Raja et Simbad. Otto avait amené avec lui Abbas et Ajurna. Hélas le frére de Surcouf n'avait pas eut autant de chance qu'Hodoul, les Anglais le retenaient prisonnier sur un ponton à Porthmouth.
Tout ce beau monde était prêt à faire la fête. Sauf peut être Mahaleo, qui depuis son arrivée sur le Dragon rouge, roulait des yeux émerveillés, comme un gosse devant un cadeau de noël. Lea fit les présentations, et quelle ne fut pas sa surprise d'entendre Ching s'adresser à Ali dans un arabe littéraire, et fluide, qui était visiblement le fruit d'une longue pratique. C'est ainsi qu'on apprit que Ching avait été élevé

Sous-Titre

Même si le Taï-Pan était ce que l'on appelle un bel homme. Grand, un véritable géant pour un chinois, il était de la même taille que bush. Avec un visage buriné et un regard de rapace; accentué par le fait qu'il n'avait pas les yeux noirs, mais ambrés.
Il était vêtu très simplement, sans bijoux, et sans armes apparentes, il avait adopté aux marins barbares, les bottes souples sans talons et les cheveux en queue de cheval et non le chignon des mandarins.
Il salua la compagnie en anglais, langue qu'il semblait maitriser parfaitement. Il était accompagné par un prêtre anglican qu'il présenta comme son confesseur. Ce qui laissait supposer qu'il n'était pas boudiste.
- Lea venu à son tour saluer le Taï-Pan, lui raconta ses démêlés avec Zhengqi.
- Le Taï-Pan lui expliqua: « Aux dernières nouvelles Zhengqi aurait fait alliance avec un pirate vietnamien Nguyën Thinh Sen, à eux deux ils peuvent faire la loi en mer de chine. Mais un terrible cyclone, aurait mit à mal le gros de leur flotte, ils sont donc quelque part en train de réparer, il faudrait en profiter pour intervenir. »
- Leo flairait l'odeur de la poudre: « Avec tous les petits bateaux de pêches qui sont dans les environs et un bon paquet d'argent, on ne devrait pas avoir trop de mal à les localiser. 'La compagnie des forbans' propose au 'Dragon à six têtes' une association à part égale, dépenses et bénéfices pour cette campagne.
- Le Taî-Pan, donna immédiatement son accord sur ce point: « Il y a un autre projet auquel je souhaiterais vous associer; la création à Hong-Kong d'un chantier naval »
Au mot de chantier naval Mahaleo sembla s'animer, ne sachant si son avis était requis, il se pencha vers Dargenson pour lui glisser à l'oreille « Vous croyez que je pourrais donner un coup de main, j'aimerais tant apprendre des nouveautés, à qui dois-je en parler? »
- Dargenson: « Taï-Pan, j'ai une suggestion à faire, pas en temps que médecin, mais en temps qu'observateur. »
- Le Taï-Pan « Mais je vous en prie, de quoi s'agit-il? »
- Dargenson: « Nous avons dans nos relations, un jeune homme, très doué en construction navale. Il a déjà construit des choses intéressantes, comme: Une jonque 'zi mu chuan', à savoir jonque mère-enfant. Une jonque 'yuan yang jiang chuan', ou 'jonque canard mandarin à deux coques et qui file 20 noeuds. Et un Catamaran à trois coques mu par un cerf volant qui dépasse les 25 noeuds, »
- Le Taï-Pan: « Mais il ne s'agit là que d'essais, vous ne vous en êtes jamais servi au combat.? »
- Bush prit le relai: « Au contraire nous les avons adaptés » « Sur la jonque mère- enfant, nous avons équiper la mère de deux gros obusiers, et nous l'avons amenée à portée de tir cachée derrière un ilot, la jonque enfant, servait au réglage du tir.
Le Catamaran s'est avéré très utile comme estafette, pour faire rapidement la liaison entre deux flottes.
- Le Taï-Pan était très impressionné « Et ou se trouve le petit génie qui a inventé tout cela...? »
- Mahaleo, rouge comme une pivoine au pays de la pivoine. Se leva pour saluer et ajouta:  « En fait je n'ai rien inventé. Je me suis inspiré d'anciennes gravures chinoises en y ajoutant des idées nouvelles. »
- Le Taï-Pan «Comme tous les vrai génies, vous êtes modeste.» «J'ai depuis longtemps envie d'un bateau amiral qui sorte de l'ordinaire.» « Fong, va chercher dans ma cabine les plans rangés à droite de la table à cartes, dans des étuis de cuir rouge et or »
- Le Taï-Pan « Jeune homme je vais vous montrer les plans du plus formidable bateau amiral jamais construit par la Chine. Il à été détruit par un empereur qui ne voulait pas de flotte, afin de protéger son pays des influences extérieures. Il a même fait construire un mur de fortifications tout le long de ses frontières terrestres. » « Il a peut-être empêché ainsi, toutes formes d'ingérence étrangères, mais il a arrêté en même temps le progrès » « Voilà, ce que j'ai trouvé un jour dans la bibliothèque de mon père, qui fut peintre à la cour du père de l'actuel empereur »
-« Le vaisseau amiral, le plus grand de tous: 140 mètres de long et 58 de large, avec 12 mâts, 4 ponts et une jauge de 2500 tonneaux.. » « Pouvez vous en piloter la construction? »

Mahaleo, avait les larmes aux yeux, et une boule dans la gorge qui l'empêchait de répondre. Mais à la façon qu'il avait de caresser le papier, de suivre du doigt les courbures de la coque, et les points de fixation des écoutes; il n'avait pas besoin de faire autre chose que de hocher la tête.
- Le Taï-Pan ajouta: «Je prends cela pour une affirmation.» «Je mettrai à votre disposition, autant d'hommes et de bois que vous demanderez, votre budget est illimité. Si vous menez cette opération au bout et que le vaisseau flotte, je vous donnerai votre poids en or, essayez de ne pas vous épuiser à la tâche, si vous maigrissez, vous perdrez de l'argent »
- Mahaleo : « Il flottera, oh! Oui, pour ça ne vous en faites pas, mais malgré son gigantisme, il volera sur l'eau. Je vais faire pousser la septième tête du dragon. Bien que la nature ne soit pas boisée, c'est ici que je souhaiterais installer le chantier. »
Le Taï-Pan l'assura que tous ses besoins seraient immédiatement traduit par Fong, qui dorénavant le suivrait comme son ombre et l'aiderait investi des pleins pouvoirs.
Ce soir là en se couchant dans son hamac, Mahaleo eut une pensée reconnaissante pour ses parents. Il s'endormit en rêvant à l'anse couleuvre et refit le chemin qui l'avait conduit de Madagascar à l'ile de France et des Seychelles à Hong-Kong.
Cette nuit là tout le monde fit de beaux rêves, pour divers raisons, que la décence nous interdit de préciser plus avant.
(Chére lectrice, les trouvez vous assez 'Calines', ces nuits de chine? Peut-être que dans l'intimité les Ching se prodiguaient plus de marques de tendresse qu'en publique? On ne peut que le souhaiter, car il n'y avait pas de témoin pour nous l'assurer.)